Fire drill
Pdv omniscient
À l'étage le plus haut, Illumi se relaxait dans son bureau. La musique qu'il avait mise devrait calmer les élèves pendant un moment. C'était si facile de prendre le contrôle de n'importe qui. Soudain, il entendit du mouvement vers sa porte d'entrée. Une jeune femme blonde, plus éblouissante que jamais, venait d'entrer sans frapper. Elle se dirigea vers le bureau sous l'œil curieux du Principal.
–– Bonsoir, mademoiselle. Je peux vous aider ?
–– Bonsoir monsieur Zoldyck. Je m'appelle Irina. Je viens postuler pour le poste de Principal adjoint.
Sans gêne et avec beaucoup d'assurance, elle s'asseya sur le bureau, laissant balader ses jambes nues sur le rebord. Elle souriait en regardant le brun dans les yeux. Il déglutit un instant avant de reprendre consistance et prendre la parole.
–– Hum, oui, bien sûr. Le poste de Principal adjoint.
~~
Dans la salle de bal, la danse continuait. Alluka et Biscky s'était retrouvées en cercle, aux côtés de Pitou et Ponzu. Les quatre filles avaient beau ne jamais se regarder dans les yeux, à cet instant elles se lançaient des regards, inquiètes. Elles se prirent la main, signe de soutien. Avant de se retourner sur elle-même pour faire face à leurs cavaliers autour d'elles. Le garçon solitaire s'était retrouvé dans les bras de la fille la plus populaire de K12. Bizarrement, elle ne se comportait pas offensamment avec lui. Pitou le regardait simplement avec curiosité, comme si c'était la première fois qu'elle le voyait - ce qui était sûrement le cas. Elle se surpris même à lui trouver du charme. Mais lui n'en avait que faire d'elle. Il ne pensait qu'à Gon, qui avait disparu de la fête. Il avait peur pour lui. Il se demandait où il était, et s'il était en bonne posture.
~~
Assis sur le canapé, Illumi portait la jeune femme sur ses genoux, ses mains posées sur les courbes généreuses de celle-ci. Les deux jeunes adultes s'embrassaient sans retenue. La main d'Irina détacha les premiers boutons de chemise du Principal, tandis qu'il retirait le haut de son "assistante". Celle-ci stoppa le baiser un instant pour chuchoter :
–– J'ai toujours eu le fantasme de le faire dans... un endroit fermé.
Elle carressa la joue d'Illumi pour accompagner ses paroles. Euphorique d'envie, le jeune principal la porta dans ses bras en se levant, puis il la déposa devant un placard à grande porte. Il dévérouilla la serrure, et y pénétra en se retournant vers Irina. Il passa sa main sur son col.
–– J'ai toujours rêvé de faire ça...
La jeune femme blonde s'avança dans sa direction. Elle s'arrêta cependant à la porte. Elle posa la main sur la poignée, et Illumi vit avec horreur le corps de cette étrangère se rapetisser, et perdre ses formes.
–– Moi aussi, répondit Gon en claquant la porte et la verrouillant sous les coups de poing du Principal contre la cloison intérieure.
~~
Épuisée, Alluka reposait sa tête contre le torse de Kurapika. Il l'a soutenait comme il pouvait, lui aussi fatigué de tous ses membres qui bougeaient encore. La torture était sans fin, beaucoup d'élèves étaient dans le même état que la petite brune. Leolio avait carrément fermé les yeux et semblait dormir debout. Biscky était plus petite que lui en taille, ce qui rendit les choses compliquées. Elle avait de la chance d'avoir une masse musculaire bien supérieure à lui. En le voyant endormi, elle ne put s'empêcher de le trouver... mignon.
Soudain, la musique se stoppa net et tous les élèves se détachèrent les uns des autres. Beaucoup tombèrent au sol, comme Leolio qui écrasa littéralement sa partenaire. Tous les élèves poussèrent des cris de joie en remarquant qu'ils pouvaient bouger comme ils le voulaient à nouveau. Les hauts-parleurs grésillèrent une seconde fois ce soir.
–– Tout le monde, évacuez l'école immédiatement. Sauvez-vous, vite !
Alluka et Kurapika se regardèrent en souriant en reconnaissant Gon. Il s'était finalement racheté de la meilleure des façons. La foule d'élèves se rua sur la porte, magicalement ouverte, et tous s'enfuirent en une seconde de temps de la salle de bal. Tous sauf une personne. Biscky s'arrêta en voyant Pitou, qui restait figée au milieu de la piste.
–– Allez viens, qu'est-ce que tu attends ?
Mais la jeune fille ne bougea pas. Elle regarda la salle, si belle et bien décorée. C'était pour ça qu'elle s'était préparée toute sa vie. Elle se rendit compte à cet instant à quel point sa vie était misérable.
Biscky soupira, et tourna les talons pour marcher dans sa direction. Elle lui prit la main d'une poigne ferme, mais amicale. Pitou en fut très touchée. Elle suiva alors sa camarade au pas de course dans les escaliers. Pour la première fois de l'année, elle souria sincèrement.
Les élèves de K-12 descendirent les dernières marches qui menaient au rez-de-chaussée à toute vitesse. Dans la foule, un autre élève s'arrêta pour s'appuyer contre la rambarde, et parcourir la foule des yeux. Il ne le voyait pas lui. Le destinataire de son poème. Peut-être avait-il des ennuis ? Il prit la décision de faire demi-tour, remontant les escaliers vers le bureau du Principal.
À cet étage, justement, Illumi hurlait toujours dans son placard verrouillé. Il lançait des injures à Gon, tout en se lamentant de s'être fait avoir. Le vert en question était monté au balcon qui surplombait les jardins de la propriété. Il jettait des regards dans tous les coins, cherchant un moyen de détruire cet endroit.
–– Qu'est-ce que je fais ? Réfléchis, Gon, réfléchis, réfléchis.
Il s'appuya sur la rambarde, faisant tellement retourner son cerveau qu'il en avait de la fumée qui sortait des oreilles. Soudain, il entendit une voix derrière lui.
–– Hey !
Gon fit volte-face vers lui. C'était un élève.
–– Tu dois rejoindre les escaliers, vite !
L'intrus se plaça face à lui en remontant ses mains devant lui, comme pour calmer Gon qui était essoufflé.
–– Non, tout va bien, je suis venu t'aider.
–– Écoute, j'apprécie ton geste mais je dois vraiment-
Le jeune garçon se rapprocha du vert pour lui prendre délicatement le côté des épaules.
–– Je m'appelle Killua. C'est moi qui t'ai écrit le poème d'amour dans ton casier, l'autre jour.
Gon se figea de stupeur. Il le regarda, les yeux grands ouverts.
–– H-hein ?
~~
Les portes d'entrées s'ouvrèrent enfin. La foule d'adolescents sortit en trombe dans les jardins, dans le but de rejoindre le portail de fer, le seul obstacle manquant à leur liberté. Parmi l'agitation, Alluka, Kurapika, Leolio et Biscky accompagnaient le mouvement. Leolio sautait partout, et poussait littéralement des cris de joie. Biscky était montée sur son dos, s'accrochant comme elle le pouvait pour ne pas tomber. Kurapika souriait sincèrement.
Alluka, elle, s'arrêta en pleine course, remarquant l'absence de son meilleur ami. Elle jeta un œil inquiet sur les jardins, mais aucun signe de lui. Paniquée, elle porta ses mains en hauts parleurs pour l'appeler plusieurs fois. Après de vaines tentatives, Kurapika revint la chercher pour la porter dans ses bras et l'emmener au loin sous ses pleurs. Elle espérait du plus profond de son être qu'il allait s'en sortir aussi.
~~
Je ne suis jamais rentrée dans aucune catégorie, toujours considérée comme un paria
Lorsque j'étais à l'école du dimanche, tous les élèves populaires trouvaient que j'étais bizarre
C'était toujours la même chose, ils disaient:
"Pourquoi tu t'habilles comme ça? Pourquoi tu te comportes comme ça?
Pourquoi t'es pas comme moi?"
Alors c'est ça que vous voulez vraiment me dire?
Vous êtes en train de jouer avec moi
À me dire que vous êtes des miens, pourtant vous m'abandonnez
À me traiter de noms que je ne suis pas, à brosser un tableau qui est mensonger
Vous ne devez pas connaître mon cœur, mais je sais que ce n'est pas votre faute
Vous vivez dans un monde à portée de main, vous n'en sortez pas beaucoup
Vous vivez dans un monde faux, pleins de façades et de comportements chaotiques
Vous actionnez le levier pour vous amuser, vous criez "au feu" puis partez en courant
Exercice incendie, qu'est-ce qui se passerait si une bombe venait de tomber
Diriez-vous adieu à vos familles? Le posteriez-vous sur les réseaux sociaux ?
Exercice incendie, si tout partait en fumée un jour
Donneriez-vous un câlin à vos mères avant que vos maisons ne brûlent ?
Ça me tue, je vous souhaite le meilleur
Et vous pensez que je vous ignore aussi, mais
En vérité, j'essaye de vivre ma propre vie
Et d'être plus présente, et vous devriez aussi, ce n'est pas une mauvaise chose
Je pleure à l'intérieur
Parce qu'aucune parole ne sort de ma bouche comme il faut
On est du même côté
Pour être honnête avec vous, vous ne faites que vous enfuir et vous cacher
Je suis nulle pour parler en public
Mais là je suis en train de parler alors écoutez bien (tais-toi !)
Je crois personnellement que tout le monde est parfaitement capable
De faire plus que ça, que le harcèlement
Que de coucher avec des gens qu'ils ne connaissent même pas vraiment (bla-bla-bla)
Dégustant un soufflé à la haine, et un sorbet amer à la colère
Tout ça parce que vous vous ennuyiez un jour
Vous avez perdu la raison et votre grâce
Je ne suis pas le gouvernement
Je ne suis pas les hommes tordus
Je ne fais pas partie de quoi que ce soit de haineux
L'amour émane de mes pores, je ne contiens plus aucune colère
Ni même pour les gens qui me font mal et me trahissent
~~
–– Un incendie ?! Mais vous êtes malades !
–– Je te dis que ce n'est pas mon idée, mais c'était la seule solution qu'il nous restait en liste d'attente !
Killua soupira en posant ses doigts sur ses tempes. Lui et Gon cherchaient un moyen de détruire cette école, puis s'enfuir sains et saufs. Le brun avait fait part au solitaire de son plan prévu avec ses amis. Il souffla d'exaspération.
–– Ce plan ne peut pas fonctionner, il y a un hic. Ma famille a immunisé le bâtiment contre les feux ardents, au cas où un accident arriverait. Tu auras beau jeter autant de feu que tu veux, les murs ne prendront pas.
Gon fit des aller-retour en marchant à toute vitesse sur le balcon. Il se torturait l'esprit à trouver une idée, mais c'était la gamme de Leolio de faire des plans. Lui n'en avait aucun. Seulement, il était seul avec l'écrivain du poème mystérieux qui se trouvait être aussi le frère de sa meilleure amie. Il se retourna vers lui.
–– Mais alors, comment ? Comment peut-on détruire K-12? Tu as une idée, même minuscule ?
Soudain, ils entendirent du bruit de l'intérieur. Illumi avait réussi à sortir de sa prison en utilisant une clé de secours caché dans les étagères du placard. Gon, paniqué, se précipita à la porte du balcon pour la refermer rapidement. Illumi, debout derrière, s'acharna de coups violents contre la vitre.
Killua eut un frisson de terreur. Lorsque son frère passait en mode meurtrier, il pouvait être très dangereux et les tuer en deux secondes seulement. De son côté, Gon retenait la cloison de toutes ses forces. Il hurla à Killua de faire quelque chose, ce qu'il voulait. Le blandin commençait à suer du front, il n'avait jamais été dans une situation aussi stressante. Derrière la vitre, il entendait Illumi lui parler :
–– Killua, laissez moi rentrer, je veux simplement discuter. Je ne vous veux aucun mal.
Et effectivement, il avait ralenti ses coups pour pouvoir forcer plus pacifiquement le passage. Mais Gon campait sur ses positions, il ne voulait en aucun cas discuter avec ce fils de Satan. Killua hésitait.
D'un côté, il connaissait son grand frère, il avait parfois été attentionné avec lui, et même très protecteur. Il avait l'impression d'être un enfant privilégié à ses côtés. Mais il ne voulait pas de sa protection. Il pouvait prendre des décisions de lui-même, et ça depuis toujours. Parce qu'il est ce qu'il est. Et il n'allait plus enfiler cet uniforme bleu.
Gon vit l'expression du petit Zoldyck changer, son regard ne se fit plus qu'inquiet et hésitant. Killua était déterminé, entouré d'une aura imposante. Son regard se faisait plus sombre aussi. Gon en eut presque peur. Mais lorsqu'il perçut un sourire de sa part, il se rassura. Alors le vert retenait toujours la porte, vibrante sous les coups incessants du Principal.
Killua se retourna face au bord du balcon. Il grimpa sur la barrière. Le vert hocha un sourcil, ayant peur soudain qu'il fasse une énorme bêtise. Mais trop tard. L'argenté sauta. Gon se rua contre la barrière pour se pencher en tendant le bras. Mais c'était trop tard.
–– KILLUA !
Et il se mit à pleurer.
Dans son dos, Illumi avait réussi à enclencher la poignée de la porte, démunie d'obstacle. Il se précipita sur Gon pour lui enserrer la gorge de ses mains puissantes. Gon suffoqua. Alors, c'était cela, la fin de sa vie ? Une tentative d'évasion où il ne survivrait pas ? Au moins, ses amis étaient sains et sauf. Il était heureux pour eux. Parce qu'il ne serait rien sans la spontanéité de Leolio, la sagesse de Kurapika, la douceur de Biscky et la loyauté d'Alluka. Mais Killua...
Cet être innocent, doté d'une grande intelligence réfléchie, d'un cœur plus gros que le corps et d'une beauté sans pareille venait de quitter la Terre. Alors même qu'il ne le connaissait même pas avant, Gon pleurait en se remémorant les lignes du poème.
"J'ai aperçu un éclat de lumière dans tes iris ambrés aujourd'hui.
Je m'y suis noyé, et j'ai été transporté aux portes du Paradis.
Mais ensuite, je suis tombé à mes pieds,
Mes paroles ne se font que composées,
Je ne peux pas parler.
Ma voix intérieure me traite de faible,
T'admirant de loin en secret, je bégaie.
Tu es la seule personne qui me fait ressentir cette sensation,
Cette sensation de couler dans l'océan tout en me sentant léger.
Je veux apprendre à te connaître.
Après ça, peut-être que tu m'inviteras à danser ?
-Anonyme. "
Jamais ses larmes n'avaient coulé ainsi. Elles s'écrasaient, comme des cascades sur le sol du balcon et ses vêtements. Illumi ne souriait pas. Il se devait d'éliminer les opposants à son régime. De toute façon, le monde n'a pas besoin d'un Pleurnichard rebel. Il resserra sa prise, décidé à être le dernier humain que le jeune garçon voyait de ses yeux.
Soudain, un courant électrique le parcoura.
Illumi tomba au sol, grillé à plusieurs volts.
Gon tomba lui aussi à terre, toussant encore de l'étranglement. Pourquoi n'avait-il pas ressenti lui aussi la décharge électrique ? Il sentit alors des bras autour de sa taille. Gon releva la tête. Sa bouche et ses yeux s'écarquillèrent.
Un être magique et argenté brillait de milles feux. Il finissa son affaire sur le Principal, l'éléctrocutant jusqu'à ce qu'il ne réagissent plus. Au bout de quelques instants, l'aîné Zoldyck ne fit plus feu. Mort, il laissa tomber son crâne chevelu au sol. Gon se précipita au cou de son sauveur.
–– Killua ! Tu es vivant !
Le dénommé lui sourit en tirant la langue.
–– Bien sûr que oui, idiot. Attends, tu pensais que je mettais fin à mes jours ?
Gon bafouilla, assez gêné, même si ce que le blandin avait fait ressemblait énormément à une tentative de suicide. Killua s'approcha de la rambarde, pointant le rez-de-chaussée.
–– J'avais besoin d'une prise de courant pour utiliser mon abilité. Désolé de ne pas avoir eu le temps de te prévenir.
–– Ne t'en fais pas, tant que tu es là, c'est le principal, s'exclama Gon, rassuré. D'ailleurs, en parlant de ça... Tu as trouvé une idée ?
–– Oui, affirma Killua. Mais j'aurais besoin de ton aide. Tu veux bien ?
–– Évidemment, c'est mon but figure toi, m' échapper d'ici, ria l'autre.
–– Okay, alors prépare toi à ouvrir grand la bouche.
–– Q-quoi ?
~~
Dans les jardins vides, tous les élèves s'étaient enfuis. À l'exception d'un petit groupe. Alluka, Biscky, Kurapika et Leolio attendaient leur ami de pied ferme. Il mettait du temps à arriver, et Alluka commençait à s'inquièter.
–– On devrait peut-être aller le chercher, il pourrait avoir besoin de notre aide, disait-elle en se rongeant les ongles de stress.
–– Et risquer d'autres vies en plus d'une seule ? Non, appuya Kurapika, on doit rester en sécurité.
–– Alors on attend que Gon meurt peut-être d'un accident ou de la main du Principal ? s'indigna Leolio. Où est passé ton sang froid, Kurapika ? C'est toi qui nous parle de révolution depuis des mois, et maintenant, tu baisse les bras pour protéger ta petite personne ?!
Kurapika vit rouge.
–– C'est une probabilité à prendre en compte. Et non, je ne pense pas qu'à ma petite personne, Leolio. Si je dis ça, c'est pour nous protéger, tous. Je ne veux pas risquer de vous perdre, vous aussi.
Il détourna les yeux vers le sol. Biscky remarqua qu'il ne disait pas ses propos à la légère. Elle s'approcha lentement de lui.
–– Kurapika, si c'est à ta famille que tu fais référence... Alors on ne bouge pas. On va rester ici, en sécurité. Nous te faisons confiance, pas vrai ?
La blonde tourna les yeux vers ses deux amis. Alluka hocha la tête vigoureusement. Leolio soupira.
–– Bon, d'accord, on reste ici. Mais tu devrais arrêter de faire référence à ta famille décédée, Kurapika. Ça devient répétitif.
–– Leolio ! s'énerva Biscky en avançant vers lui. Mais Kurapika la retint par le bras.
–– Laisse... Ce n'est pas grave.
Le dernier du clan Kuruta observait toujours le sol. Biscky se figea, et lança tout de même un regard noir à Leolio. Alluka regardait Kurapika, d'un air coupable. Elle savait ce qu'il s'était réellement passé. Mais ce n'était pas le moment d'en parler.
Après quelques instants de silence pesant, Kurapika sentit des bras sur ses épaules.
–– Désolé... Tu le dis si bien, je n'ai qu'une cervelle de moineau, souria Leolio d'un air sincère avant de joindre ses lèvres aux siennes.
~~
–– Tu es prêt ?
Gon hocha la tête, déterminé.
–– À 100%.
–– Fait attention à toi, ça peut faire mal.
Gon le regarda avec un air de défi avant de tendre ses bras devant lui. Killua avait commencé à créer une gigantesque bulle d'électricité, mais il avait besoin de la puissance d'une autre personne pour englober l'école entière. Il avait pensé à la balle de tennis recouverte d'une bulle par Gon, et une idée était apparue dans son esprit. Ils allaient faire éclater l'école dans une bulle.
–– Prépare toi... Maintenant !
Et le Zoldyck écarta ses bras pour étendre un courant électrique bleu. Gon, lui, s'occupait de le faire grandir. La bulle enveloppa le balcon, puis la façade avant, et enfin le bâtiment entier. Les deux garçons criaient pour se donner plus de puissance. Lentement, le bâtiment se souleva du sol. Il ne tarda pas à s'élever dans les airs. Gon souria. Il coupa ses mouvements, tout comme Killua à ses côtés. Maintenant, il allaient devoir sauter pour descendre. Gon hésitait.
–– Tu es sûr qu'on ne pourrait tout simplement pas descendre par la sortie principale ?
–– Ça nous prendrait trop de temps ! Il faut sauter maintenant, ou on risque de s'écraser au sol si on attend encore.
–– J'ai peur...
Killua fixa ses yeux bleus dans les siens. Il attrapa sa main.
–– Tu me fais confiance ?
Gon le fixa aussi, et fronça les sourcils.
–– Est-ce que toi, tu me fais confiance ?
–– B-bien sûr, balbutia-t-il face à ses pupilles d'ambre.
–– Alors, on y va ! Trois, deux...
Et à ces mots, il sauta du balcon, tenant toujours la main de Killua dans la sienne. Celui-ci était assez chamboulé du caractère du brun. Il était bizarre. C'était sûrement pour ça qu'il l'avait choisi. Les deux élèves atterirent sans réception quelques mètres plus bas. Le souffle saccadé, Killua se releva sur ses avants bras.
–– Q-qu'est-ce qu'il vient de se passer, bordel ?
Gon se retourna pour s'asseoir et observer la bulle bleue qui s'envolait maintenant au loin. C'était un rêve devenu réalité. Il n'en croyait pas ses yeux. L'argenté regardait aussi ce qu'ils avaient réussi à accomplir. Même s'il savait déjà créer des bulles de la sorte avant, jamais il n'aurait penser réussir à en faire d'aussi grandes. Avec Gon. Grâce à lui, il avait su dépasser ses limites. Il se tourna vers lui pour admirer son visage sous les éclairages de la sphère bleue, brillant de mille feux. Il rougissa en détournant les yeux.
Gon se retourna dans sa direction. Il sourit, puis vient s'approcher de l'argenté pour lui déposer un baiser... sur la joue. Gon se recula ensuite en riant alors que le cœur de Killua tambourinait dans sa poitrine.
Non loin de là, les amis de Gon observaient le spectacle magnifique s'envoler dans le ciel. Après un moment, loin dans le ciel, la bulle éclata, faisant naître quelques éclairs dans les nuages. Ils sautèrent tous de joie. Finalement, Gon avait réussi. Ils avaient réussi. Cette fois-ci, ce fut Kurapika qui vint embrasser Leolio d'un échange passionné. Les filles crièrent de victoire. Alluka se retourna ensuite pour chercher son meilleur ami. Elle pensait à Killua, aussi. Elle espérait qu'il s'était enfui à temps, et qu'ils allaient se retrouver.
–– Hé, Alluka, où tu vas ?
Ne répondant pas à son amie blonde, elle coura à en perdre haleine vers l'ancien emplacement de l'école. Elle souria en apercevant son meilleur ami, assis à terre mais sain et sauf. Elle se figea en voyant une chevelure blanche à ses côtés qui rougissait. Elle n'en croyait pas ses yeux.
–– G-grand frère ?
Killua se retourna simultanément avec Gon. L'argenté se releva sur pieds, plus rapide qu'une fusée.
–– Alluka ?
–– Grand frère !
Et la petite brune couru dans sa direction pour l'étreindre comme elle n'avait jamais étreint personne. Gon souriait, attendri et heureux de voir sa meilleure amie et Killua réunis. Alluka pleurait à chaudes larmes contre l'épaule de son frère, Killua aussi. Tout était terminé. Ils allaient enfin pouvoir vivre comme bon leur semblait.
Gon vit ses trois amis manquant accourir dans leurs directions. Biscky étreigna son ami de toutes ses forces, l'etouffant presque comme une maman et son bébé. Leolio vint lui frapper l'épaule. "Tu nous a fait peur, crétin." Kurapika s'avança vers lui. Pour la première fois, Gon le voyait sourire comme jamais.
–– Et bien ? Moi non plus je n'ai pas le droit à un câlin ?
Gon souria de toutes ses dents en sautant à son cou avec ses jambes dans son dos. Kurapika riait. C'était bien la première fois que Gon voyait son ami si enthousiaste. Il était heureux de le voir bien plus épanoui.
Il prit l'initiative d'introduire ses amis à Killua. Celui qui lui avait écrit un poème, celui qui croyait en l'humanité d'Alluka, celui qui lui avait sauvé la vie, et enfin, celui qui les avait tous sauvé. Grâce à sa sphère, l'école n'était plus ce qu'elle était. Un simple mauvais souvenir à oublier.
–– C'était vraiment incroyable ! Si vous aviez vu comment il a créé cette bulle, on aurait dit un dieu !
–– Gon, arrête, tu es en train de le gêner, rit Kurapika.
En effet, le Zoldyck se grattait l'arrière du crâne en rougissant. Après ça, tout le monde l'accueilli à bras ouverts en se présentant. Killua leur souriait. Il reconnaît que c'étaient bien les amis de Gon. Un lien particulier les liait tous.
Soudain, une porte sortit du sol. Une très grande porte. Elle avait un double battant doré. Elle s'ouvrit, laissant place à un ange roux. Elle les regardait, souriant de bonté. Elle fit ensuite demi-tour. Mais cette fois, les portes ne se refermèrent pas.
–– Oh mon dieu, c'est Mito !
Leolio courait à l'avant, voulant être le premier arrivé. Sur ses talons, Kurapika, Biscky, Killua, Alluka et Gon le suivait. Leolio fut le premier à pénétrer dans le vide blanc qui se présentait face à eux. Biscky le suiva, se sentant enfin en paix avec elle-même. Kurapika y entra également, plus heureux et épanoui que jamais. Il rejoignit rapidement Leolio qui lui prit la main avec amour. Celui-ci était déterminé à vivre l'éternité avec le blond. Biscky s'installa sur leurs épaules, voulant se faire porter comme une reine dans son royaume. Ils riaient de bon cœur.
Killua prit la main de sa petite sœur, s'avançant lui aussi dans le vide blanc. Il s'était découvert une nouvelle façade, et il était impatient de découvrir tout ce dont il était encore capable. Surtout si c'est aux côté d'Alluka et Gon.
La petite brune suivait les pas de son frère, avant de s'arrêter en voyant que Gon s'était figé à l'entrée. Elle se retourna vers lui.
–– Alors, tu viens ?
L'hérisson avait le regard perdu dans son dos, vers la Terre. Il se retourna vers ses deux amis. Et referma les portes devant lui.
Personne ne nous voit.
Vise la gorge.
Vous tuez les enfants jours et nuit.
Pourquoi est-ce si dur à voir ?
Laissez-moi juste partir.
Je n'ai jamais signé pour ce club de théâtre.
C'est ma faute, c'est ma faute.
Ce n'est pas mon style de vie.
J'aimerais tant qu'on puisse échanger de point de vue.
Je ne suis pas quelqu'un de mauvais.
J'aurais aimé que tu me comprennes.
Ne gâche pas ma liberté.
Ne les laisse pas te foutre en l'air chérie.
Je ne contiens plus aucune colère.
~~
Fin.
~Yaya, 26 août 2020. merci ♡︎
À l'étage le plus haut, Illumi se relaxait dans son bureau. La musique qu'il avait mise devrait calmer les élèves pendant un moment. C'était si facile de prendre le contrôle de n'importe qui. Soudain, il entendit du mouvement vers sa porte d'entrée. Une jeune femme blonde, plus éblouissante que jamais, venait d'entrer sans frapper. Elle se dirigea vers le bureau sous l'œil curieux du Principal.
–– Bonsoir, mademoiselle. Je peux vous aider ?
–– Bonsoir monsieur Zoldyck. Je m'appelle Irina. Je viens postuler pour le poste de Principal adjoint.
Sans gêne et avec beaucoup d'assurance, elle s'asseya sur le bureau, laissant balader ses jambes nues sur le rebord. Elle souriait en regardant le brun dans les yeux. Il déglutit un instant avant de reprendre consistance et prendre la parole.
–– Hum, oui, bien sûr. Le poste de Principal adjoint.
~~
Dans la salle de bal, la danse continuait. Alluka et Biscky s'était retrouvées en cercle, aux côtés de Pitou et Ponzu. Les quatre filles avaient beau ne jamais se regarder dans les yeux, à cet instant elles se lançaient des regards, inquiètes. Elles se prirent la main, signe de soutien. Avant de se retourner sur elle-même pour faire face à leurs cavaliers autour d'elles. Le garçon solitaire s'était retrouvé dans les bras de la fille la plus populaire de K12. Bizarrement, elle ne se comportait pas offensamment avec lui. Pitou le regardait simplement avec curiosité, comme si c'était la première fois qu'elle le voyait - ce qui était sûrement le cas. Elle se surpris même à lui trouver du charme. Mais lui n'en avait que faire d'elle. Il ne pensait qu'à Gon, qui avait disparu de la fête. Il avait peur pour lui. Il se demandait où il était, et s'il était en bonne posture.
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Assis sur le canapé, Illumi portait la jeune femme sur ses genoux, ses mains posées sur les courbes généreuses de celle-ci. Les deux jeunes adultes s'embrassaient sans retenue. La main d'Irina détacha les premiers boutons de chemise du Principal, tandis qu'il retirait le haut de son "assistante". Celle-ci stoppa le baiser un instant pour chuchoter :
–– J'ai toujours eu le fantasme de le faire dans... un endroit fermé.
Elle carressa la joue d'Illumi pour accompagner ses paroles. Euphorique d'envie, le jeune principal la porta dans ses bras en se levant, puis il la déposa devant un placard à grande porte. Il dévérouilla la serrure, et y pénétra en se retournant vers Irina. Il passa sa main sur son col.
–– J'ai toujours rêvé de faire ça...
La jeune femme blonde s'avança dans sa direction. Elle s'arrêta cependant à la porte. Elle posa la main sur la poignée, et Illumi vit avec horreur le corps de cette étrangère se rapetisser, et perdre ses formes.
–– Moi aussi, répondit Gon en claquant la porte et la verrouillant sous les coups de poing du Principal contre la cloison intérieure.
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Épuisée, Alluka reposait sa tête contre le torse de Kurapika. Il l'a soutenait comme il pouvait, lui aussi fatigué de tous ses membres qui bougeaient encore. La torture était sans fin, beaucoup d'élèves étaient dans le même état que la petite brune. Leolio avait carrément fermé les yeux et semblait dormir debout. Biscky était plus petite que lui en taille, ce qui rendit les choses compliquées. Elle avait de la chance d'avoir une masse musculaire bien supérieure à lui. En le voyant endormi, elle ne put s'empêcher de le trouver... mignon.
Soudain, la musique se stoppa net et tous les élèves se détachèrent les uns des autres. Beaucoup tombèrent au sol, comme Leolio qui écrasa littéralement sa partenaire. Tous les élèves poussèrent des cris de joie en remarquant qu'ils pouvaient bouger comme ils le voulaient à nouveau. Les hauts-parleurs grésillèrent une seconde fois ce soir.
–– Tout le monde, évacuez l'école immédiatement. Sauvez-vous, vite !
Alluka et Kurapika se regardèrent en souriant en reconnaissant Gon. Il s'était finalement racheté de la meilleure des façons. La foule d'élèves se rua sur la porte, magicalement ouverte, et tous s'enfuirent en une seconde de temps de la salle de bal. Tous sauf une personne. Biscky s'arrêta en voyant Pitou, qui restait figée au milieu de la piste.
–– Allez viens, qu'est-ce que tu attends ?
Mais la jeune fille ne bougea pas. Elle regarda la salle, si belle et bien décorée. C'était pour ça qu'elle s'était préparée toute sa vie. Elle se rendit compte à cet instant à quel point sa vie était misérable.
Biscky soupira, et tourna les talons pour marcher dans sa direction. Elle lui prit la main d'une poigne ferme, mais amicale. Pitou en fut très touchée. Elle suiva alors sa camarade au pas de course dans les escaliers. Pour la première fois de l'année, elle souria sincèrement.
Les élèves de K-12 descendirent les dernières marches qui menaient au rez-de-chaussée à toute vitesse. Dans la foule, un autre élève s'arrêta pour s'appuyer contre la rambarde, et parcourir la foule des yeux. Il ne le voyait pas lui. Le destinataire de son poème. Peut-être avait-il des ennuis ? Il prit la décision de faire demi-tour, remontant les escaliers vers le bureau du Principal.
À cet étage, justement, Illumi hurlait toujours dans son placard verrouillé. Il lançait des injures à Gon, tout en se lamentant de s'être fait avoir. Le vert en question était monté au balcon qui surplombait les jardins de la propriété. Il jettait des regards dans tous les coins, cherchant un moyen de détruire cet endroit.
–– Qu'est-ce que je fais ? Réfléchis, Gon, réfléchis, réfléchis.
Il s'appuya sur la rambarde, faisant tellement retourner son cerveau qu'il en avait de la fumée qui sortait des oreilles. Soudain, il entendit une voix derrière lui.
–– Hey !
Gon fit volte-face vers lui. C'était un élève.
–– Tu dois rejoindre les escaliers, vite !
L'intrus se plaça face à lui en remontant ses mains devant lui, comme pour calmer Gon qui était essoufflé.
–– Non, tout va bien, je suis venu t'aider.
–– Écoute, j'apprécie ton geste mais je dois vraiment-
Le jeune garçon se rapprocha du vert pour lui prendre délicatement le côté des épaules.
–– Je m'appelle Killua. C'est moi qui t'ai écrit le poème d'amour dans ton casier, l'autre jour.
Gon se figea de stupeur. Il le regarda, les yeux grands ouverts.
–– H-hein ?
~~
Les portes d'entrées s'ouvrèrent enfin. La foule d'adolescents sortit en trombe dans les jardins, dans le but de rejoindre le portail de fer, le seul obstacle manquant à leur liberté. Parmi l'agitation, Alluka, Kurapika, Leolio et Biscky accompagnaient le mouvement. Leolio sautait partout, et poussait littéralement des cris de joie. Biscky était montée sur son dos, s'accrochant comme elle le pouvait pour ne pas tomber. Kurapika souriait sincèrement.
Alluka, elle, s'arrêta en pleine course, remarquant l'absence de son meilleur ami. Elle jeta un œil inquiet sur les jardins, mais aucun signe de lui. Paniquée, elle porta ses mains en hauts parleurs pour l'appeler plusieurs fois. Après de vaines tentatives, Kurapika revint la chercher pour la porter dans ses bras et l'emmener au loin sous ses pleurs. Elle espérait du plus profond de son être qu'il allait s'en sortir aussi.
~~
Je ne suis jamais rentrée dans aucune catégorie, toujours considérée comme un paria
Lorsque j'étais à l'école du dimanche, tous les élèves populaires trouvaient que j'étais bizarre
C'était toujours la même chose, ils disaient:
"Pourquoi tu t'habilles comme ça? Pourquoi tu te comportes comme ça?
Pourquoi t'es pas comme moi?"
Alors c'est ça que vous voulez vraiment me dire?
Vous êtes en train de jouer avec moi
À me dire que vous êtes des miens, pourtant vous m'abandonnez
À me traiter de noms que je ne suis pas, à brosser un tableau qui est mensonger
Vous ne devez pas connaître mon cœur, mais je sais que ce n'est pas votre faute
Vous vivez dans un monde à portée de main, vous n'en sortez pas beaucoup
Vous vivez dans un monde faux, pleins de façades et de comportements chaotiques
Vous actionnez le levier pour vous amuser, vous criez "au feu" puis partez en courant
Exercice incendie, qu'est-ce qui se passerait si une bombe venait de tomber
Diriez-vous adieu à vos familles? Le posteriez-vous sur les réseaux sociaux ?
Exercice incendie, si tout partait en fumée un jour
Donneriez-vous un câlin à vos mères avant que vos maisons ne brûlent ?
Ça me tue, je vous souhaite le meilleur
Et vous pensez que je vous ignore aussi, mais
En vérité, j'essaye de vivre ma propre vie
Et d'être plus présente, et vous devriez aussi, ce n'est pas une mauvaise chose
Je pleure à l'intérieur
Parce qu'aucune parole ne sort de ma bouche comme il faut
On est du même côté
Pour être honnête avec vous, vous ne faites que vous enfuir et vous cacher
Je suis nulle pour parler en public
Mais là je suis en train de parler alors écoutez bien (tais-toi !)
Je crois personnellement que tout le monde est parfaitement capable
De faire plus que ça, que le harcèlement
Que de coucher avec des gens qu'ils ne connaissent même pas vraiment (bla-bla-bla)
Dégustant un soufflé à la haine, et un sorbet amer à la colère
Tout ça parce que vous vous ennuyiez un jour
Vous avez perdu la raison et votre grâce
Je ne suis pas le gouvernement
Je ne suis pas les hommes tordus
Je ne fais pas partie de quoi que ce soit de haineux
L'amour émane de mes pores, je ne contiens plus aucune colère
Ni même pour les gens qui me font mal et me trahissent
~~
–– Un incendie ?! Mais vous êtes malades !
–– Je te dis que ce n'est pas mon idée, mais c'était la seule solution qu'il nous restait en liste d'attente !
Killua soupira en posant ses doigts sur ses tempes. Lui et Gon cherchaient un moyen de détruire cette école, puis s'enfuir sains et saufs. Le brun avait fait part au solitaire de son plan prévu avec ses amis. Il souffla d'exaspération.
–– Ce plan ne peut pas fonctionner, il y a un hic. Ma famille a immunisé le bâtiment contre les feux ardents, au cas où un accident arriverait. Tu auras beau jeter autant de feu que tu veux, les murs ne prendront pas.
Gon fit des aller-retour en marchant à toute vitesse sur le balcon. Il se torturait l'esprit à trouver une idée, mais c'était la gamme de Leolio de faire des plans. Lui n'en avait aucun. Seulement, il était seul avec l'écrivain du poème mystérieux qui se trouvait être aussi le frère de sa meilleure amie. Il se retourna vers lui.
–– Mais alors, comment ? Comment peut-on détruire K-12? Tu as une idée, même minuscule ?
Soudain, ils entendirent du bruit de l'intérieur. Illumi avait réussi à sortir de sa prison en utilisant une clé de secours caché dans les étagères du placard. Gon, paniqué, se précipita à la porte du balcon pour la refermer rapidement. Illumi, debout derrière, s'acharna de coups violents contre la vitre.
Killua eut un frisson de terreur. Lorsque son frère passait en mode meurtrier, il pouvait être très dangereux et les tuer en deux secondes seulement. De son côté, Gon retenait la cloison de toutes ses forces. Il hurla à Killua de faire quelque chose, ce qu'il voulait. Le blandin commençait à suer du front, il n'avait jamais été dans une situation aussi stressante. Derrière la vitre, il entendait Illumi lui parler :
–– Killua, laissez moi rentrer, je veux simplement discuter. Je ne vous veux aucun mal.
Et effectivement, il avait ralenti ses coups pour pouvoir forcer plus pacifiquement le passage. Mais Gon campait sur ses positions, il ne voulait en aucun cas discuter avec ce fils de Satan. Killua hésitait.
D'un côté, il connaissait son grand frère, il avait parfois été attentionné avec lui, et même très protecteur. Il avait l'impression d'être un enfant privilégié à ses côtés. Mais il ne voulait pas de sa protection. Il pouvait prendre des décisions de lui-même, et ça depuis toujours. Parce qu'il est ce qu'il est. Et il n'allait plus enfiler cet uniforme bleu.
Gon vit l'expression du petit Zoldyck changer, son regard ne se fit plus qu'inquiet et hésitant. Killua était déterminé, entouré d'une aura imposante. Son regard se faisait plus sombre aussi. Gon en eut presque peur. Mais lorsqu'il perçut un sourire de sa part, il se rassura. Alors le vert retenait toujours la porte, vibrante sous les coups incessants du Principal.
Killua se retourna face au bord du balcon. Il grimpa sur la barrière. Le vert hocha un sourcil, ayant peur soudain qu'il fasse une énorme bêtise. Mais trop tard. L'argenté sauta. Gon se rua contre la barrière pour se pencher en tendant le bras. Mais c'était trop tard.
–– KILLUA !
Et il se mit à pleurer.
Dans son dos, Illumi avait réussi à enclencher la poignée de la porte, démunie d'obstacle. Il se précipita sur Gon pour lui enserrer la gorge de ses mains puissantes. Gon suffoqua. Alors, c'était cela, la fin de sa vie ? Une tentative d'évasion où il ne survivrait pas ? Au moins, ses amis étaient sains et sauf. Il était heureux pour eux. Parce qu'il ne serait rien sans la spontanéité de Leolio, la sagesse de Kurapika, la douceur de Biscky et la loyauté d'Alluka. Mais Killua...
Cet être innocent, doté d'une grande intelligence réfléchie, d'un cœur plus gros que le corps et d'une beauté sans pareille venait de quitter la Terre. Alors même qu'il ne le connaissait même pas avant, Gon pleurait en se remémorant les lignes du poème.
"J'ai aperçu un éclat de lumière dans tes iris ambrés aujourd'hui.
Je m'y suis noyé, et j'ai été transporté aux portes du Paradis.
Mais ensuite, je suis tombé à mes pieds,
Mes paroles ne se font que composées,
Je ne peux pas parler.
Ma voix intérieure me traite de faible,
T'admirant de loin en secret, je bégaie.
Tu es la seule personne qui me fait ressentir cette sensation,
Cette sensation de couler dans l'océan tout en me sentant léger.
Je veux apprendre à te connaître.
Après ça, peut-être que tu m'inviteras à danser ?
-Anonyme. "
Jamais ses larmes n'avaient coulé ainsi. Elles s'écrasaient, comme des cascades sur le sol du balcon et ses vêtements. Illumi ne souriait pas. Il se devait d'éliminer les opposants à son régime. De toute façon, le monde n'a pas besoin d'un Pleurnichard rebel. Il resserra sa prise, décidé à être le dernier humain que le jeune garçon voyait de ses yeux.
Soudain, un courant électrique le parcoura.
Illumi tomba au sol, grillé à plusieurs volts.
Gon tomba lui aussi à terre, toussant encore de l'étranglement. Pourquoi n'avait-il pas ressenti lui aussi la décharge électrique ? Il sentit alors des bras autour de sa taille. Gon releva la tête. Sa bouche et ses yeux s'écarquillèrent.
Un être magique et argenté brillait de milles feux. Il finissa son affaire sur le Principal, l'éléctrocutant jusqu'à ce qu'il ne réagissent plus. Au bout de quelques instants, l'aîné Zoldyck ne fit plus feu. Mort, il laissa tomber son crâne chevelu au sol. Gon se précipita au cou de son sauveur.
–– Killua ! Tu es vivant !
Le dénommé lui sourit en tirant la langue.
–– Bien sûr que oui, idiot. Attends, tu pensais que je mettais fin à mes jours ?
Gon bafouilla, assez gêné, même si ce que le blandin avait fait ressemblait énormément à une tentative de suicide. Killua s'approcha de la rambarde, pointant le rez-de-chaussée.
–– J'avais besoin d'une prise de courant pour utiliser mon abilité. Désolé de ne pas avoir eu le temps de te prévenir.
–– Ne t'en fais pas, tant que tu es là, c'est le principal, s'exclama Gon, rassuré. D'ailleurs, en parlant de ça... Tu as trouvé une idée ?
–– Oui, affirma Killua. Mais j'aurais besoin de ton aide. Tu veux bien ?
–– Évidemment, c'est mon but figure toi, m' échapper d'ici, ria l'autre.
–– Okay, alors prépare toi à ouvrir grand la bouche.
–– Q-quoi ?
~~
Dans les jardins vides, tous les élèves s'étaient enfuis. À l'exception d'un petit groupe. Alluka, Biscky, Kurapika et Leolio attendaient leur ami de pied ferme. Il mettait du temps à arriver, et Alluka commençait à s'inquièter.
–– On devrait peut-être aller le chercher, il pourrait avoir besoin de notre aide, disait-elle en se rongeant les ongles de stress.
–– Et risquer d'autres vies en plus d'une seule ? Non, appuya Kurapika, on doit rester en sécurité.
–– Alors on attend que Gon meurt peut-être d'un accident ou de la main du Principal ? s'indigna Leolio. Où est passé ton sang froid, Kurapika ? C'est toi qui nous parle de révolution depuis des mois, et maintenant, tu baisse les bras pour protéger ta petite personne ?!
Kurapika vit rouge.
–– C'est une probabilité à prendre en compte. Et non, je ne pense pas qu'à ma petite personne, Leolio. Si je dis ça, c'est pour nous protéger, tous. Je ne veux pas risquer de vous perdre, vous aussi.
Il détourna les yeux vers le sol. Biscky remarqua qu'il ne disait pas ses propos à la légère. Elle s'approcha lentement de lui.
–– Kurapika, si c'est à ta famille que tu fais référence... Alors on ne bouge pas. On va rester ici, en sécurité. Nous te faisons confiance, pas vrai ?
La blonde tourna les yeux vers ses deux amis. Alluka hocha la tête vigoureusement. Leolio soupira.
–– Bon, d'accord, on reste ici. Mais tu devrais arrêter de faire référence à ta famille décédée, Kurapika. Ça devient répétitif.
–– Leolio ! s'énerva Biscky en avançant vers lui. Mais Kurapika la retint par le bras.
–– Laisse... Ce n'est pas grave.
Le dernier du clan Kuruta observait toujours le sol. Biscky se figea, et lança tout de même un regard noir à Leolio. Alluka regardait Kurapika, d'un air coupable. Elle savait ce qu'il s'était réellement passé. Mais ce n'était pas le moment d'en parler.
Après quelques instants de silence pesant, Kurapika sentit des bras sur ses épaules.
–– Désolé... Tu le dis si bien, je n'ai qu'une cervelle de moineau, souria Leolio d'un air sincère avant de joindre ses lèvres aux siennes.
~~
–– Tu es prêt ?
Gon hocha la tête, déterminé.
–– À 100%.
–– Fait attention à toi, ça peut faire mal.
Gon le regarda avec un air de défi avant de tendre ses bras devant lui. Killua avait commencé à créer une gigantesque bulle d'électricité, mais il avait besoin de la puissance d'une autre personne pour englober l'école entière. Il avait pensé à la balle de tennis recouverte d'une bulle par Gon, et une idée était apparue dans son esprit. Ils allaient faire éclater l'école dans une bulle.
–– Prépare toi... Maintenant !
Et le Zoldyck écarta ses bras pour étendre un courant électrique bleu. Gon, lui, s'occupait de le faire grandir. La bulle enveloppa le balcon, puis la façade avant, et enfin le bâtiment entier. Les deux garçons criaient pour se donner plus de puissance. Lentement, le bâtiment se souleva du sol. Il ne tarda pas à s'élever dans les airs. Gon souria. Il coupa ses mouvements, tout comme Killua à ses côtés. Maintenant, il allaient devoir sauter pour descendre. Gon hésitait.
–– Tu es sûr qu'on ne pourrait tout simplement pas descendre par la sortie principale ?
–– Ça nous prendrait trop de temps ! Il faut sauter maintenant, ou on risque de s'écraser au sol si on attend encore.
–– J'ai peur...
Killua fixa ses yeux bleus dans les siens. Il attrapa sa main.
–– Tu me fais confiance ?
Gon le fixa aussi, et fronça les sourcils.
–– Est-ce que toi, tu me fais confiance ?
–– B-bien sûr, balbutia-t-il face à ses pupilles d'ambre.
–– Alors, on y va ! Trois, deux...
Et à ces mots, il sauta du balcon, tenant toujours la main de Killua dans la sienne. Celui-ci était assez chamboulé du caractère du brun. Il était bizarre. C'était sûrement pour ça qu'il l'avait choisi. Les deux élèves atterirent sans réception quelques mètres plus bas. Le souffle saccadé, Killua se releva sur ses avants bras.
–– Q-qu'est-ce qu'il vient de se passer, bordel ?
Gon se retourna pour s'asseoir et observer la bulle bleue qui s'envolait maintenant au loin. C'était un rêve devenu réalité. Il n'en croyait pas ses yeux. L'argenté regardait aussi ce qu'ils avaient réussi à accomplir. Même s'il savait déjà créer des bulles de la sorte avant, jamais il n'aurait penser réussir à en faire d'aussi grandes. Avec Gon. Grâce à lui, il avait su dépasser ses limites. Il se tourna vers lui pour admirer son visage sous les éclairages de la sphère bleue, brillant de mille feux. Il rougissa en détournant les yeux.
Gon se retourna dans sa direction. Il sourit, puis vient s'approcher de l'argenté pour lui déposer un baiser... sur la joue. Gon se recula ensuite en riant alors que le cœur de Killua tambourinait dans sa poitrine.
Non loin de là, les amis de Gon observaient le spectacle magnifique s'envoler dans le ciel. Après un moment, loin dans le ciel, la bulle éclata, faisant naître quelques éclairs dans les nuages. Ils sautèrent tous de joie. Finalement, Gon avait réussi. Ils avaient réussi. Cette fois-ci, ce fut Kurapika qui vint embrasser Leolio d'un échange passionné. Les filles crièrent de victoire. Alluka se retourna ensuite pour chercher son meilleur ami. Elle pensait à Killua, aussi. Elle espérait qu'il s'était enfui à temps, et qu'ils allaient se retrouver.
–– Hé, Alluka, où tu vas ?
Ne répondant pas à son amie blonde, elle coura à en perdre haleine vers l'ancien emplacement de l'école. Elle souria en apercevant son meilleur ami, assis à terre mais sain et sauf. Elle se figea en voyant une chevelure blanche à ses côtés qui rougissait. Elle n'en croyait pas ses yeux.
–– G-grand frère ?
Killua se retourna simultanément avec Gon. L'argenté se releva sur pieds, plus rapide qu'une fusée.
–– Alluka ?
–– Grand frère !
Et la petite brune couru dans sa direction pour l'étreindre comme elle n'avait jamais étreint personne. Gon souriait, attendri et heureux de voir sa meilleure amie et Killua réunis. Alluka pleurait à chaudes larmes contre l'épaule de son frère, Killua aussi. Tout était terminé. Ils allaient enfin pouvoir vivre comme bon leur semblait.
Gon vit ses trois amis manquant accourir dans leurs directions. Biscky étreigna son ami de toutes ses forces, l'etouffant presque comme une maman et son bébé. Leolio vint lui frapper l'épaule. "Tu nous a fait peur, crétin." Kurapika s'avança vers lui. Pour la première fois, Gon le voyait sourire comme jamais.
–– Et bien ? Moi non plus je n'ai pas le droit à un câlin ?
Gon souria de toutes ses dents en sautant à son cou avec ses jambes dans son dos. Kurapika riait. C'était bien la première fois que Gon voyait son ami si enthousiaste. Il était heureux de le voir bien plus épanoui.
Il prit l'initiative d'introduire ses amis à Killua. Celui qui lui avait écrit un poème, celui qui croyait en l'humanité d'Alluka, celui qui lui avait sauvé la vie, et enfin, celui qui les avait tous sauvé. Grâce à sa sphère, l'école n'était plus ce qu'elle était. Un simple mauvais souvenir à oublier.
–– C'était vraiment incroyable ! Si vous aviez vu comment il a créé cette bulle, on aurait dit un dieu !
–– Gon, arrête, tu es en train de le gêner, rit Kurapika.
En effet, le Zoldyck se grattait l'arrière du crâne en rougissant. Après ça, tout le monde l'accueilli à bras ouverts en se présentant. Killua leur souriait. Il reconnaît que c'étaient bien les amis de Gon. Un lien particulier les liait tous.
Soudain, une porte sortit du sol. Une très grande porte. Elle avait un double battant doré. Elle s'ouvrit, laissant place à un ange roux. Elle les regardait, souriant de bonté. Elle fit ensuite demi-tour. Mais cette fois, les portes ne se refermèrent pas.
–– Oh mon dieu, c'est Mito !
Leolio courait à l'avant, voulant être le premier arrivé. Sur ses talons, Kurapika, Biscky, Killua, Alluka et Gon le suivait. Leolio fut le premier à pénétrer dans le vide blanc qui se présentait face à eux. Biscky le suiva, se sentant enfin en paix avec elle-même. Kurapika y entra également, plus heureux et épanoui que jamais. Il rejoignit rapidement Leolio qui lui prit la main avec amour. Celui-ci était déterminé à vivre l'éternité avec le blond. Biscky s'installa sur leurs épaules, voulant se faire porter comme une reine dans son royaume. Ils riaient de bon cœur.
Killua prit la main de sa petite sœur, s'avançant lui aussi dans le vide blanc. Il s'était découvert une nouvelle façade, et il était impatient de découvrir tout ce dont il était encore capable. Surtout si c'est aux côté d'Alluka et Gon.
La petite brune suivait les pas de son frère, avant de s'arrêter en voyant que Gon s'était figé à l'entrée. Elle se retourna vers lui.
–– Alors, tu viens ?
L'hérisson avait le regard perdu dans son dos, vers la Terre. Il se retourna vers ses deux amis. Et referma les portes devant lui.
Personne ne nous voit.
Vise la gorge.
Vous tuez les enfants jours et nuit.
Pourquoi est-ce si dur à voir ?
Laissez-moi juste partir.
Je n'ai jamais signé pour ce club de théâtre.
C'est ma faute, c'est ma faute.
Ce n'est pas mon style de vie.
J'aimerais tant qu'on puisse échanger de point de vue.
Je ne suis pas quelqu'un de mauvais.
J'aurais aimé que tu me comprennes.
Ne gâche pas ma liberté.
Ne les laisse pas te foutre en l'air chérie.
Je ne contiens plus aucune colère.
~~
Fin.
~Yaya, 26 août 2020. merci ♡︎
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