Teacher's Pet
Pdv omniscient
Il était dans les alentours de treize heures le jeudi suivant, alors qu'un élève au teint pâlot se dirigeait d'un pas discret vers les casiers. Il y en avaient des dizaines, mais le jeune homme en cherchait un en particulier. Une fois trouvé, il s'assura que personne n'était présent. Puis, déterminé, il introduisit un papier plié en quatre dans la fente de son destinataire. Il avait le cœur qui battait à tout rompre, dû au stress. Il y avait passé du temps, mais il était enfin prêt à lui partager. De toute façon, il n'y avait pas inscrit son nom. Dans ce cas, aucun risque que le nominé ne le pointe tout de suite du doigt. Il aimait bien se la jouer mystérieux. Cela lui rendait la vie beaucoup plus simple. Le jeune élève repartit ensuite aussi vite qu'il était venu.
Dans son bureau, Illumi s'installa face aux écrans des caméras de surveillances de l'école. En tant que nouveau Principal, il avait vue sur tout, y compris la vie privée des élèves à son plus grand intérêt. Cela lui permettait de débusquer les mauvaises têtes de loin. Si l'une d'entre elles tentait ne serait-ce qu'un minimum d'accomplir un mauvais coup, il le saurait bien à l'avance. Les surveillants fourmis chimères se chargeaient du reste. Nombreux d'entre eux rejoignaient la salle de détention. La salle de retenue grouillait de nouvelles têtes qui se rebellaient ou faisaient un pas de travers hors du règlement chaque jour. On en venait à oublier le nombre de délinquants dans l'école.
Malheureusement pour les élèves, Illumi accomplissait son rôle à merveille. Les règles étaient plus strictes, le personnel enseignant plus pointilleux. Il en avait renvoyé, des élèves et des enseignants hors de ces murs. Tout ce carnage sanglant exercé sans bouger son cul de son fauteuil. Il menait la vie bien large.
Soudain, une conversation entre un groupe d'élèves devant les casiers attira son attention sur l'un des écrans de surveillances. Il monta le son du micro pour pouvoir tout écouter, du début à la fin.
~~
-- Okay, les gars, je nous ai concocté un plan plutôt prometteur pour nous échapper de cet enfer d'école !
Kurapika soupira et leva les yeux au ciel suite aux premiers mots de son ami, Leolio. Il l'appréciait plutôt bien, mais il fallait avouer que certaines de ses idées étaient loins d'être brillantes. Voir, totalement déjantées. Comme ce premier drame au réfectoire qui avait valu une heure de retenue à Gon.
En parlant du loup, Gon ouvrait également son casier, dans le but de ranger ses affaires du matin pour prendre celles de l'après-midi. À ses côtés, Alluka et Biscky discutaient entre elles. Kurapika tentait d'ignorer Leolio en enfonçant sa tête dans son casier. En vain, le brun à lunettes se plaça devant son groupe d'amis pour capter leur attention et faire entendre son plan d'évasion. Il avait en main un carnet en désordre et un stylo qui pointait un à un ses camarades pour leur donner leurs rôles à jouer. Il commença par Alluka.
-- Alluka, j'aurais besoin de toi pour réunir tous les élèves dans le gymnase. Tu pourrais les encadrer, et faire en sorte qu'ils restent silencieux-
Mais à l'autre bout, seul l'un d'entre eux ne prêtait pas attention à ses paroles. Juste au-dessus de toutes ses affaires, - enfin, déchetterie serait un terme plus approprié - Gon avait déniché une feuille de papier pliée en quatre. Sans plus attendre, il l'a déplia pour y déchiffrer une écriture romanesque.
"J'ai aperçu un éclat de lumière dans tes iris ambrés aujourd'hui.
Je m'y suis noyé, et j'ai été transporté aux portes du Paradis.
Mais ensuite, je suis tombé à mes pieds,
Mes paroles ne se font que composées,
Je ne peux pas parler.
Ma voix intérieure me traite de faible,
T'admirant de loin en secret-"..."
-- Gon? Allô la Lune, ici la Terre, vous me recevez ?
Le jeune garçon sursauta à l'entente de son nom par la voix de Leolio qui semblait l'appeler depuis un moment. Il bafouilla des excuses, cachant son poème entre ses mains et son casier. Biscky se pencha à ses côtés, curieuse.
-- Qu'est-ce que c'est ? demanda-t-elle en désignant le papier du regard.
-- Je crois que c'est une... Lettre d'amour ! finit finalement Gon en rougissant instantanément sous les yeux de son amie.
Alluka les rejoignit, soudainement plus intéressée par ce qu'il se tramait ici que ce que racontait Leolio.
-- Woouh, de qui cela vient ? demanda-t-elle, enthousiaste et le sourire aux lèvres.
-- Je ne sais pas, c'est en anonyme- commença à répondre Gon en se triturant le col de l'uniforme.
Leolio vient interrompre leurs cris histériques pour les faire revenir sur son plan "magistral et infaillible". Kurapika le coupa à son tour.
-- On a déjà mit fin au Principal, ne reste plus qu'Illumi. Sans roi, la population s'agitera et commencera à paniquer. Comment comptes-tu prendre le contrôle de tout ce bazar ?
-- Justement, j'allais y venir ! rétorqua Leolio, un peu sur les nerfs de se faire interrompre sans cesse. D'après ce que nous a raconté Gon, il peut prendre facilement le contrôle de l'esprit du fils de Satan en personne. En le laissant entrer dans son bureau, on aura une brèche pour prendre en main les hauts parleurs, et faire évacuer tout le monde d'ici.
-- "Facilement", c'est vite dit, je n'y arrive pas comme- commença Gon avant de se faire prendre la parole par Leolio qui était déjà lancé.
-- Pendant ce temps, on court jusqu'à son bureau, et on y met...
-- ... le feu ? compléta Alluka, qui contrairement à ses amis appréciait l'idée du plan de Leolio.
"Exactement !" répondit le grand garçon en lui tapant dans la main, rassuré qu'un de ses acolytes le suivait. Mais sans prévenir, Biscky émit d'une petite voix son avis :
-- Je ne suis pas sûre à propos de cette idée, les gars...
-- Je suis d'accord, continua Kurapika qui de toute façon, était toujours contre toutes les idées de Leolio. Les incendies, c'est trop clichés.
Leolio leva les yeux au ciel. Il appuya sur sa position en affirmant qu'à ce point, ils n'avaient de toute façon pas d'autres options. Exaspérés de la personnalité débordante de Leolio, ses quatre amis finirent par lui donner raison. S'ils voulaient sortir d'ici un jour, il fallait bien tout tenter.
Quelques étages plus hauts, derrière son écran, Illumi souria machiavéliquement. Il avait déniché les éléments perturbateurs de K-12, et il était bien déterminé à les détruire un à un. Il fit tourner son siège vers la porte de son bureau en entendant frapper, et il émit un "entrez". L'un des battants s'ouvrit dans un grincement.
-- Que te vaut l'honneur de ma présence ?
-- Cela me désespère moi-même de prononcer ces mots, mais j'ai besoin de ton aide, Hisoka.
~~
Biscky transcrivait ses notes à toute vitesse. Il était seize heures et quart, le cours de sciences avait commencé depuis bien quinze minutes. La jeune fille blonde en était passionnée. Elle trouvait fascinant le sujet des pierres précieuses qu'ils étudiaient en ce moment. Surtout que le professeur de cette matière était de loin l'homme le plus charismatique qu'elle n'avait jamais vu de sa vie. Lorsqu'il la surprenait à le regarder, il lui rendait toujours un sourire. Et quel sourire. La jeune fille en fondait de bonheur.
Prise par le regard séducteur du professeur
Pensant "qu'il est mignon"
Elle mord sa lèvre inférieure
Biscky arrivait presque à se détourner du sujet, tout simplement à cause de lui. Il lui faisait tourner la tête. Son regard la transperçait de tout son être, comme s'il lisait en elle comme un livre ouvert. Elle savait qu'il la regardait en coin aussi. À son plus grand bonheur, c'était toujours elle qui était mise en avant par rapport aux autres.
Mâchant ses ongles et ses crayons sans cesse en train de rêver
"Il s'en fout des péchés"
Mr Morow s'était levé pour marcher entre les rangées de table, dans le but de ramasser les copies d'examen. Il s'attarda sur celle de notre ancienne boulimiste blonde, en tapant sa main contre son bureau pour écraser une mouche dans la volée. Biscky releva les yeux vers lui, ébahie. Il lui souriait discrètement, à elle et seulement elle, passant sa langue sur ses lèvres si attirantes. L'élève en eut des frissons.
Elle se dit "J'ai de bonnes raisons pour l'aimer
Je m'inquiète pas des notes, je suis à son goût
Il me donnera un bon point même si je n'ai pas toutes les bonnes réponses
Non ne me traitez pas de folle"
Derrière, Gon s'était attardé sur l'étrange échange silencieux entre le professeur et son amie. Il ne savait pas ce qui se passait, mais il pouvait ressentir comme de la tension entre eux. Et pas une tension colérique, non, une tension comme... Effrayante.
Mr Morow retourna à son bureau devant le tableau face à la classe après avoir donner un nouvel exercice à faire à ses élèves. Il s'adonna à corriger les copies de l'examen. Il mit plus de temps sur celle de son élève la plus brillante, Biscky. Pour la première fois, elle n'avait pas rempli les bonnes réponses. Seulement une phrase était écrite en dessous : "si je réussi ce test, me donneras-tu tes enfants ?".
Curieux, il releva les yeux droit devant lui. Comme toujours, au premier rang, Biscky le dévorait du regard. Elle attendait sûrement une réaction de sa part suite à la phrase qu'elle avait noté. Hisoka se retourna vers un cadre de son bureau. Dans celui-ci, l'homme posait avec fierté, entouré de sa femme et ses enfants. Le sourire aux lèvres, il abaissa le cadre contre le bois de la table.
"Tu m'aimes mais tu ne me sauveras pas
Tu as une famille, tu les vois chaque soirs
Pourquoi aurais-tu besoin de moi ?"
Plus tard, le professeur de Sciences s'occupait à rendre les copies. Contrairement à ses camarades, Biscky n'attendait pas de savoir sa note. Elle voulait connaître la réponse de son cher professeur. Mais cette fois-ci, Hisoka ne s'attarda pas à son bureau, continuant de distribuer ses copies. Un peu déçue, la jeune fille prit tout de même sa feuille entre les mains. Un petit papier l'accompagnait. Elle ouvra de grands yeux surpris, les joues rouges par la reconnaissance de son amour. Elle releva le papier face à elle pour le déchiffrer. Il voulait lui donner un cours avancé sur les pierres précieuses, ayant remarqué que ce sujet l'intéressait, après la sonnerie de fin de journée. Une sorte de cours privé. Aux anges, Biscky plia le papier pour le garder dans sa poche. Elle se disait que, plus tard, elle l'aurait gardé pour montrer à ses enfants comment elle avait rencontré leur père.
Chouchou du prof
Si je suis si spéciale pourquoi je me tais ?
Mais c'est quoi cette blague ?
Est-ce que tu regrettes
Les choses qu'on a faite et que je n'oublierais jamais ?
Oublieras-tu, dis moi ?
Après de longues minutes, la sonnerie retentit, et tous les élèves sortirent en trombe de la salle. Gon voyait que son amie tarda, et se posta dans le couloir pour l'attendre à la sortie des cours. C'était la seule parmi ses amis qui était dans la même classe que lui, alors l'attendre était la moindre des choses.
Toujours à l'intérieur, la blonde prenait son temps pour ranger ses affaires, attendant que tout le monde s'en aille pour se retrouver en tête à tête avec Mr Morow. Hisoka s'assura que plus personne n'était dans les environs, puis ferma les volets. Biscky hocha un sourcil en le voyant faire. Elle se demandait pourquoi cela devait-il rester secret entre eux, alors qu'il lui envoyait des signaux évidents devant tous les élèves il n'y avait même pas cinq minutes. Puis, elle haussa les épaules. Après tout, une relation mystérieuse, c'était tout aussi excitant. Hisoka pensa à la même phrase de son côté.
Il se rappelait des instructions de son supérieur et collègue. Illumi lui avait clairement ordonné de détruire le groupe de rebéllion de l'école. S'il voulait accomplir à bien sa mission, autant commencer par le maillon faible. Elle était si naïve que ça en était amusant pour le professeur de sciences.
Oui je suis jeune mais j'ai encore la vie devant moi
Ça ne durera pas, mais ne me laisse pas planter là
"Chouchou du prof"
Si notre relation est spéciale, pourquoi est-ce un secret ?
Biscky se triturait la manche en l'attendant. Enfin, lorsqu'elle le vit se diriger vers lui d'un pas assuré et le sourire aux lèvres, une tempête de joie explosa dans son cerveau. Il se plaça face à elle sur une chaise pour lui expliquer les grandes lignes de la science des pierres précieuses. La blonde hochait la tête à répétition, son sourire ne le quittant plus. Elle était, certes passionnée par les pierres, mais son addiction pour lui était plus grande. Et elle remonta en flèche lorsque le jeune professeur se plaça par dessus son épaule pour lui montrer un livre d'images. Son cœur battait la chamade sous sa poitrine. Jamais elle n'avait été aussi proche de son professeur, ça lui faisait tout drôle. Mais en même temps, elle se sentait comme prisonnière, envahie d'une aura inquiètante. Cela n'augmenta que plus encore son désir enfouie au fond d'elle.
Elle se sent comme une araignée enfermée par son désir de t'allumer
Elle veut surtout te voir flamber
Elle finira par t'appeler pour te demander de se faire défoncer
Et foutre la merde dans tes pieds
Après de longues explications que la jeune fille n'avait de toute façon pas écouté, il lui prit la main pour la diriger vers son bureau. Envoûtée, la jeune élève l'accompagna. Il lui demanda si elle était d'accord pour faire une partie de cartes, ce que Biscky accepta avec enthousiasme, bien entendu.
Hisoka riait intérieurement. C'était presque trop facile, il ne s'amusait pas. Il tenta alors une nouvelle chose.
Il se plaça sur la chaise de son bureau, et la blonde s'assit en face de lui, médusée. Il commença à distribuer les cartes, et prit la main du jeu en déposant une première carte face à lui. La jeune fille en piocha une différente, et fit de même. Avant d'en poser une seconde, Hisoka lecha son as de pique du bout de la langue. Il souria ensuite à sa camarade de jeu avant de la déposer. La température de la pièce semblait monter en flèche du côté de la jeune fille. Elle l'imita aussitôt, lechant sa carte avant de la poser.
Et cela continua pendant de longues minutes, où Biscky était essoufflée d'un plaisir grandissant. Hisoka s'amusait bien de la voir ainsi. Cela se voyait au premier coup d'œil qu'elle n'était pas une experte. C'était d'autant plus drôle. Il se décida de jouer plus gros. Il sortit de son paquet son mini-lui : le Joker. Biscky eut un instant de suspension. Elle ne savait pas dans quoi elle s'embarquait. Pour la rassurer, Hisoka lui prit la main, et la serra dans la sienne. La blonde, un peu plus en confiance, se disa que de toutes façons, il était trop tard pour reculer. Elle avait passé un cap de non retour avec lui. Et elle se sentait bien. Elle ouvrit la bouche.
Mais à peine la carte du Joker éffleurée des lèvres, elle se sentit rétrécir. Le désir qui l'animait ne fonctionnait plus. À la place, une peur monstre l'envahissait. Hisoka se baissa à sa hauteur, la jeune fille étant devenue plus petite qu'une figurine. Il lui souria. Mais ce sourire ne signifiait plus de l'attirance, ni même de l'amour. Il signifiait du danger. Malheureusement, la jeune fille le comprit bien trop tard.
Rends moi ce qui m'appartiens
Je n'ai vraiment rien appris de toi
Sauf le fait de mentir et tromper sous les draps
Le professeur de Sciences l'avait placé sur une planche de découpe d'ingrédients. Il la surelevait de toute sa hauteur, et la menaçait de son scalpel. Biscky avait beau s'agiter dans tous les sens, elle était coincée. L'homme l'avait piégé, et elle se retrouvait à sa merci. Tremblante de peur, elle frissona lorsque Mr Morow commença à lui retirer ses vêtements.
Dans le couloir, Gon s'impatientait. Son amie mettait un temps fou à arriver. Bientôt, ils allaient rater le dernier bus. Il avança jusqu'à la porte pour l'entrouvrir et voir où en était Biscky. Il eut un hoquet de surprise en surprenant Hisoka, penché au dessus de sa camarade à moitié nue sur une planche à découper. Une alarme "alerte" se déclencha dans son esprit. Il fit irruption dans la salle de cours.
Le scalpel vola au plafond alors que le scientifique allait toucher la peau de la jeune fille. Il eut à peine le temps de relever la tête qu'un élève aux cheveux bruns et verts tendaient les bras vers lui en poussant un cri pour le propulser contre le mur opposé. Gon rendit également à sa camarade sa taille et son apparence normale. À nouveau sur pieds, Biscky jeta un œil déterminé à son ami, pour lui faire comprendre qu'elle allait prendre le contrôle de la suite des choses. Elle voulait en finir plus que tout avec ce démon.
L'ancienne boulimique dégaina un poignard de sa poche pour commencer à le faire tournicoter entre ses doigts. Elle s'approchait en même temps face à Hisoka, qui tentait de se relever contre le mur. Mais il n'en eut pas le temps. La jeune fille traça à l'aide son bras un geste circulaire en plein dans la gorge de son professeur particulier. Le bout de sa lame était tachée de sang. Le visage de la jeune élève blonde aussi. Elle souria en s'essuyant les joues, heureuse d'en avoir fini avec lui de la meilleure des manières.
Je ne suis plus ton lapin
Je ne sauterais plus et ne t'appartiens plus
J'aurais aimé que tu me comprennes, mais tu ne l'as pas fait.
~~
~Yaya, 19 août 2020.
Il était dans les alentours de treize heures le jeudi suivant, alors qu'un élève au teint pâlot se dirigeait d'un pas discret vers les casiers. Il y en avaient des dizaines, mais le jeune homme en cherchait un en particulier. Une fois trouvé, il s'assura que personne n'était présent. Puis, déterminé, il introduisit un papier plié en quatre dans la fente de son destinataire. Il avait le cœur qui battait à tout rompre, dû au stress. Il y avait passé du temps, mais il était enfin prêt à lui partager. De toute façon, il n'y avait pas inscrit son nom. Dans ce cas, aucun risque que le nominé ne le pointe tout de suite du doigt. Il aimait bien se la jouer mystérieux. Cela lui rendait la vie beaucoup plus simple. Le jeune élève repartit ensuite aussi vite qu'il était venu.
Dans son bureau, Illumi s'installa face aux écrans des caméras de surveillances de l'école. En tant que nouveau Principal, il avait vue sur tout, y compris la vie privée des élèves à son plus grand intérêt. Cela lui permettait de débusquer les mauvaises têtes de loin. Si l'une d'entre elles tentait ne serait-ce qu'un minimum d'accomplir un mauvais coup, il le saurait bien à l'avance. Les surveillants fourmis chimères se chargeaient du reste. Nombreux d'entre eux rejoignaient la salle de détention. La salle de retenue grouillait de nouvelles têtes qui se rebellaient ou faisaient un pas de travers hors du règlement chaque jour. On en venait à oublier le nombre de délinquants dans l'école.
Malheureusement pour les élèves, Illumi accomplissait son rôle à merveille. Les règles étaient plus strictes, le personnel enseignant plus pointilleux. Il en avait renvoyé, des élèves et des enseignants hors de ces murs. Tout ce carnage sanglant exercé sans bouger son cul de son fauteuil. Il menait la vie bien large.
Soudain, une conversation entre un groupe d'élèves devant les casiers attira son attention sur l'un des écrans de surveillances. Il monta le son du micro pour pouvoir tout écouter, du début à la fin.
~~
-- Okay, les gars, je nous ai concocté un plan plutôt prometteur pour nous échapper de cet enfer d'école !
Kurapika soupira et leva les yeux au ciel suite aux premiers mots de son ami, Leolio. Il l'appréciait plutôt bien, mais il fallait avouer que certaines de ses idées étaient loins d'être brillantes. Voir, totalement déjantées. Comme ce premier drame au réfectoire qui avait valu une heure de retenue à Gon.
En parlant du loup, Gon ouvrait également son casier, dans le but de ranger ses affaires du matin pour prendre celles de l'après-midi. À ses côtés, Alluka et Biscky discutaient entre elles. Kurapika tentait d'ignorer Leolio en enfonçant sa tête dans son casier. En vain, le brun à lunettes se plaça devant son groupe d'amis pour capter leur attention et faire entendre son plan d'évasion. Il avait en main un carnet en désordre et un stylo qui pointait un à un ses camarades pour leur donner leurs rôles à jouer. Il commença par Alluka.
-- Alluka, j'aurais besoin de toi pour réunir tous les élèves dans le gymnase. Tu pourrais les encadrer, et faire en sorte qu'ils restent silencieux-
Mais à l'autre bout, seul l'un d'entre eux ne prêtait pas attention à ses paroles. Juste au-dessus de toutes ses affaires, - enfin, déchetterie serait un terme plus approprié - Gon avait déniché une feuille de papier pliée en quatre. Sans plus attendre, il l'a déplia pour y déchiffrer une écriture romanesque.
"J'ai aperçu un éclat de lumière dans tes iris ambrés aujourd'hui.
Je m'y suis noyé, et j'ai été transporté aux portes du Paradis.
Mais ensuite, je suis tombé à mes pieds,
Mes paroles ne se font que composées,
Je ne peux pas parler.
Ma voix intérieure me traite de faible,
T'admirant de loin en secret-"..."
-- Gon? Allô la Lune, ici la Terre, vous me recevez ?
Le jeune garçon sursauta à l'entente de son nom par la voix de Leolio qui semblait l'appeler depuis un moment. Il bafouilla des excuses, cachant son poème entre ses mains et son casier. Biscky se pencha à ses côtés, curieuse.
-- Qu'est-ce que c'est ? demanda-t-elle en désignant le papier du regard.
-- Je crois que c'est une... Lettre d'amour ! finit finalement Gon en rougissant instantanément sous les yeux de son amie.
Alluka les rejoignit, soudainement plus intéressée par ce qu'il se tramait ici que ce que racontait Leolio.
-- Woouh, de qui cela vient ? demanda-t-elle, enthousiaste et le sourire aux lèvres.
-- Je ne sais pas, c'est en anonyme- commença à répondre Gon en se triturant le col de l'uniforme.
Leolio vient interrompre leurs cris histériques pour les faire revenir sur son plan "magistral et infaillible". Kurapika le coupa à son tour.
-- On a déjà mit fin au Principal, ne reste plus qu'Illumi. Sans roi, la population s'agitera et commencera à paniquer. Comment comptes-tu prendre le contrôle de tout ce bazar ?
-- Justement, j'allais y venir ! rétorqua Leolio, un peu sur les nerfs de se faire interrompre sans cesse. D'après ce que nous a raconté Gon, il peut prendre facilement le contrôle de l'esprit du fils de Satan en personne. En le laissant entrer dans son bureau, on aura une brèche pour prendre en main les hauts parleurs, et faire évacuer tout le monde d'ici.
-- "Facilement", c'est vite dit, je n'y arrive pas comme- commença Gon avant de se faire prendre la parole par Leolio qui était déjà lancé.
-- Pendant ce temps, on court jusqu'à son bureau, et on y met...
-- ... le feu ? compléta Alluka, qui contrairement à ses amis appréciait l'idée du plan de Leolio.
"Exactement !" répondit le grand garçon en lui tapant dans la main, rassuré qu'un de ses acolytes le suivait. Mais sans prévenir, Biscky émit d'une petite voix son avis :
-- Je ne suis pas sûre à propos de cette idée, les gars...
-- Je suis d'accord, continua Kurapika qui de toute façon, était toujours contre toutes les idées de Leolio. Les incendies, c'est trop clichés.
Leolio leva les yeux au ciel. Il appuya sur sa position en affirmant qu'à ce point, ils n'avaient de toute façon pas d'autres options. Exaspérés de la personnalité débordante de Leolio, ses quatre amis finirent par lui donner raison. S'ils voulaient sortir d'ici un jour, il fallait bien tout tenter.
Quelques étages plus hauts, derrière son écran, Illumi souria machiavéliquement. Il avait déniché les éléments perturbateurs de K-12, et il était bien déterminé à les détruire un à un. Il fit tourner son siège vers la porte de son bureau en entendant frapper, et il émit un "entrez". L'un des battants s'ouvrit dans un grincement.
-- Que te vaut l'honneur de ma présence ?
-- Cela me désespère moi-même de prononcer ces mots, mais j'ai besoin de ton aide, Hisoka.
~~
Biscky transcrivait ses notes à toute vitesse. Il était seize heures et quart, le cours de sciences avait commencé depuis bien quinze minutes. La jeune fille blonde en était passionnée. Elle trouvait fascinant le sujet des pierres précieuses qu'ils étudiaient en ce moment. Surtout que le professeur de cette matière était de loin l'homme le plus charismatique qu'elle n'avait jamais vu de sa vie. Lorsqu'il la surprenait à le regarder, il lui rendait toujours un sourire. Et quel sourire. La jeune fille en fondait de bonheur.
Prise par le regard séducteur du professeur
Pensant "qu'il est mignon"
Elle mord sa lèvre inférieure
Biscky arrivait presque à se détourner du sujet, tout simplement à cause de lui. Il lui faisait tourner la tête. Son regard la transperçait de tout son être, comme s'il lisait en elle comme un livre ouvert. Elle savait qu'il la regardait en coin aussi. À son plus grand bonheur, c'était toujours elle qui était mise en avant par rapport aux autres.
Mâchant ses ongles et ses crayons sans cesse en train de rêver
"Il s'en fout des péchés"
Mr Morow s'était levé pour marcher entre les rangées de table, dans le but de ramasser les copies d'examen. Il s'attarda sur celle de notre ancienne boulimiste blonde, en tapant sa main contre son bureau pour écraser une mouche dans la volée. Biscky releva les yeux vers lui, ébahie. Il lui souriait discrètement, à elle et seulement elle, passant sa langue sur ses lèvres si attirantes. L'élève en eut des frissons.
Elle se dit "J'ai de bonnes raisons pour l'aimer
Je m'inquiète pas des notes, je suis à son goût
Il me donnera un bon point même si je n'ai pas toutes les bonnes réponses
Non ne me traitez pas de folle"
Derrière, Gon s'était attardé sur l'étrange échange silencieux entre le professeur et son amie. Il ne savait pas ce qui se passait, mais il pouvait ressentir comme de la tension entre eux. Et pas une tension colérique, non, une tension comme... Effrayante.
Mr Morow retourna à son bureau devant le tableau face à la classe après avoir donner un nouvel exercice à faire à ses élèves. Il s'adonna à corriger les copies de l'examen. Il mit plus de temps sur celle de son élève la plus brillante, Biscky. Pour la première fois, elle n'avait pas rempli les bonnes réponses. Seulement une phrase était écrite en dessous : "si je réussi ce test, me donneras-tu tes enfants ?".
Curieux, il releva les yeux droit devant lui. Comme toujours, au premier rang, Biscky le dévorait du regard. Elle attendait sûrement une réaction de sa part suite à la phrase qu'elle avait noté. Hisoka se retourna vers un cadre de son bureau. Dans celui-ci, l'homme posait avec fierté, entouré de sa femme et ses enfants. Le sourire aux lèvres, il abaissa le cadre contre le bois de la table.
"Tu m'aimes mais tu ne me sauveras pas
Tu as une famille, tu les vois chaque soirs
Pourquoi aurais-tu besoin de moi ?"
Plus tard, le professeur de Sciences s'occupait à rendre les copies. Contrairement à ses camarades, Biscky n'attendait pas de savoir sa note. Elle voulait connaître la réponse de son cher professeur. Mais cette fois-ci, Hisoka ne s'attarda pas à son bureau, continuant de distribuer ses copies. Un peu déçue, la jeune fille prit tout de même sa feuille entre les mains. Un petit papier l'accompagnait. Elle ouvra de grands yeux surpris, les joues rouges par la reconnaissance de son amour. Elle releva le papier face à elle pour le déchiffrer. Il voulait lui donner un cours avancé sur les pierres précieuses, ayant remarqué que ce sujet l'intéressait, après la sonnerie de fin de journée. Une sorte de cours privé. Aux anges, Biscky plia le papier pour le garder dans sa poche. Elle se disait que, plus tard, elle l'aurait gardé pour montrer à ses enfants comment elle avait rencontré leur père.
Chouchou du prof
Si je suis si spéciale pourquoi je me tais ?
Mais c'est quoi cette blague ?
Est-ce que tu regrettes
Les choses qu'on a faite et que je n'oublierais jamais ?
Oublieras-tu, dis moi ?
Après de longues minutes, la sonnerie retentit, et tous les élèves sortirent en trombe de la salle. Gon voyait que son amie tarda, et se posta dans le couloir pour l'attendre à la sortie des cours. C'était la seule parmi ses amis qui était dans la même classe que lui, alors l'attendre était la moindre des choses.
Toujours à l'intérieur, la blonde prenait son temps pour ranger ses affaires, attendant que tout le monde s'en aille pour se retrouver en tête à tête avec Mr Morow. Hisoka s'assura que plus personne n'était dans les environs, puis ferma les volets. Biscky hocha un sourcil en le voyant faire. Elle se demandait pourquoi cela devait-il rester secret entre eux, alors qu'il lui envoyait des signaux évidents devant tous les élèves il n'y avait même pas cinq minutes. Puis, elle haussa les épaules. Après tout, une relation mystérieuse, c'était tout aussi excitant. Hisoka pensa à la même phrase de son côté.
Il se rappelait des instructions de son supérieur et collègue. Illumi lui avait clairement ordonné de détruire le groupe de rebéllion de l'école. S'il voulait accomplir à bien sa mission, autant commencer par le maillon faible. Elle était si naïve que ça en était amusant pour le professeur de sciences.
Oui je suis jeune mais j'ai encore la vie devant moi
Ça ne durera pas, mais ne me laisse pas planter là
"Chouchou du prof"
Si notre relation est spéciale, pourquoi est-ce un secret ?
Biscky se triturait la manche en l'attendant. Enfin, lorsqu'elle le vit se diriger vers lui d'un pas assuré et le sourire aux lèvres, une tempête de joie explosa dans son cerveau. Il se plaça face à elle sur une chaise pour lui expliquer les grandes lignes de la science des pierres précieuses. La blonde hochait la tête à répétition, son sourire ne le quittant plus. Elle était, certes passionnée par les pierres, mais son addiction pour lui était plus grande. Et elle remonta en flèche lorsque le jeune professeur se plaça par dessus son épaule pour lui montrer un livre d'images. Son cœur battait la chamade sous sa poitrine. Jamais elle n'avait été aussi proche de son professeur, ça lui faisait tout drôle. Mais en même temps, elle se sentait comme prisonnière, envahie d'une aura inquiètante. Cela n'augmenta que plus encore son désir enfouie au fond d'elle.
Elle se sent comme une araignée enfermée par son désir de t'allumer
Elle veut surtout te voir flamber
Elle finira par t'appeler pour te demander de se faire défoncer
Et foutre la merde dans tes pieds
Après de longues explications que la jeune fille n'avait de toute façon pas écouté, il lui prit la main pour la diriger vers son bureau. Envoûtée, la jeune élève l'accompagna. Il lui demanda si elle était d'accord pour faire une partie de cartes, ce que Biscky accepta avec enthousiasme, bien entendu.
Hisoka riait intérieurement. C'était presque trop facile, il ne s'amusait pas. Il tenta alors une nouvelle chose.
Il se plaça sur la chaise de son bureau, et la blonde s'assit en face de lui, médusée. Il commença à distribuer les cartes, et prit la main du jeu en déposant une première carte face à lui. La jeune fille en piocha une différente, et fit de même. Avant d'en poser une seconde, Hisoka lecha son as de pique du bout de la langue. Il souria ensuite à sa camarade de jeu avant de la déposer. La température de la pièce semblait monter en flèche du côté de la jeune fille. Elle l'imita aussitôt, lechant sa carte avant de la poser.
Et cela continua pendant de longues minutes, où Biscky était essoufflée d'un plaisir grandissant. Hisoka s'amusait bien de la voir ainsi. Cela se voyait au premier coup d'œil qu'elle n'était pas une experte. C'était d'autant plus drôle. Il se décida de jouer plus gros. Il sortit de son paquet son mini-lui : le Joker. Biscky eut un instant de suspension. Elle ne savait pas dans quoi elle s'embarquait. Pour la rassurer, Hisoka lui prit la main, et la serra dans la sienne. La blonde, un peu plus en confiance, se disa que de toutes façons, il était trop tard pour reculer. Elle avait passé un cap de non retour avec lui. Et elle se sentait bien. Elle ouvrit la bouche.
Mais à peine la carte du Joker éffleurée des lèvres, elle se sentit rétrécir. Le désir qui l'animait ne fonctionnait plus. À la place, une peur monstre l'envahissait. Hisoka se baissa à sa hauteur, la jeune fille étant devenue plus petite qu'une figurine. Il lui souria. Mais ce sourire ne signifiait plus de l'attirance, ni même de l'amour. Il signifiait du danger. Malheureusement, la jeune fille le comprit bien trop tard.
Rends moi ce qui m'appartiens
Je n'ai vraiment rien appris de toi
Sauf le fait de mentir et tromper sous les draps
Le professeur de Sciences l'avait placé sur une planche de découpe d'ingrédients. Il la surelevait de toute sa hauteur, et la menaçait de son scalpel. Biscky avait beau s'agiter dans tous les sens, elle était coincée. L'homme l'avait piégé, et elle se retrouvait à sa merci. Tremblante de peur, elle frissona lorsque Mr Morow commença à lui retirer ses vêtements.
Dans le couloir, Gon s'impatientait. Son amie mettait un temps fou à arriver. Bientôt, ils allaient rater le dernier bus. Il avança jusqu'à la porte pour l'entrouvrir et voir où en était Biscky. Il eut un hoquet de surprise en surprenant Hisoka, penché au dessus de sa camarade à moitié nue sur une planche à découper. Une alarme "alerte" se déclencha dans son esprit. Il fit irruption dans la salle de cours.
Le scalpel vola au plafond alors que le scientifique allait toucher la peau de la jeune fille. Il eut à peine le temps de relever la tête qu'un élève aux cheveux bruns et verts tendaient les bras vers lui en poussant un cri pour le propulser contre le mur opposé. Gon rendit également à sa camarade sa taille et son apparence normale. À nouveau sur pieds, Biscky jeta un œil déterminé à son ami, pour lui faire comprendre qu'elle allait prendre le contrôle de la suite des choses. Elle voulait en finir plus que tout avec ce démon.
L'ancienne boulimique dégaina un poignard de sa poche pour commencer à le faire tournicoter entre ses doigts. Elle s'approchait en même temps face à Hisoka, qui tentait de se relever contre le mur. Mais il n'en eut pas le temps. La jeune fille traça à l'aide son bras un geste circulaire en plein dans la gorge de son professeur particulier. Le bout de sa lame était tachée de sang. Le visage de la jeune élève blonde aussi. Elle souria en s'essuyant les joues, heureuse d'en avoir fini avec lui de la meilleure des manières.
Je ne suis plus ton lapin
Je ne sauterais plus et ne t'appartiens plus
J'aurais aimé que tu me comprennes, mais tu ne l'as pas fait.
~~
~Yaya, 19 août 2020.
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