Wheels on the Bus
Pdv omniscient
Une tête d'hérisson ouvrit les yeux et s'étira. Il était environ sept heures, et le jeune homme se rappelait encore de son rêve de cette nuit. Mais pas totalement. Seulement quelques morceaux de scènes lui revenaient à l'esprit.
Il se leva pour aller manger à la cuisine. La maison était silencieuse, paisible. Il mit en route un vinyle de son père sur le tourne disque. Celui-ci était sûrement allongé dans le salon, une bouteille à la main. Comme d'habitude. Mais le jeune homme n'en avait que faire. Il avait prit l'habitude de déjeuner seul.
En faisant glisser le paquet de céréales au-dessus de son bol, une drôle de bestiole en surgit. Le petit garçon souria. Il attrapa une patte de son meilleur ami arachnide pour le faire descendre du carton.
"Felipe ?! Qu'est-ce que tu fabriques là dedans ? Ne me fais pas peur comme ça !" pensait le brun en souriant à sa bête de compagnie.
Après le repas, le jeune garçon partit se brosser les dents tout en repensant à son rêve. Il avait parlé à un ange, il en était certain ! Mais impossible de se rappeler de son nom...
Le brun revêtit son uniforme d'école bleu ciel. C'était comme ça que K-12 fonctionnait : les garçons en bleu, les filles en rose. Quelle école de merde quand il y pensait. Il jetta un œil à son calendrier. On pouvait lire à la case du premier septembre : "Premier jour en enfer". C'était un très bon terme choisi par le garçon.
Le brun attrapa son sac tout en se dirigeant vers la porte. Il allait devoir prendre le bus, avec tous ces gens qu'il n'avait pas forcément envie de voir. Il se disait pour lui-même que son père pourrait tout de même prendre la peine de l'emmener à son arrêt. Une fois de plus, ce ne fut pas le cas. Il allait devoir faire le long trajet à pied. Au moins, il rejoindrait sa meilleure amie. Ce n'était pas si mal finalement.
~~
Gon fulminait de rage. Il tentait de faire abstraction de tout le bruit qui l'entourait, essayant de penser à autre chose. Mais cela semblait impossible. De part et d'autre du bus, des adolescents de basses consciences chahutaient et bavardaient tout en se jetant des boules de papier et machant des chewing-gum. Alluka était assise à ses côtés, tout aussi abattue par l'air de la rentrée que son meilleur ami. La brune était située près de la fenêtre. Elle jetait de temps à autre des coups d'œil à Gon, mais n'osait rien dire pour le moment. Il avait l'air d'assez mauvaise humeur comme ça.
– Je me sens si mal... Je ne suis pas prêt psychologiquement à vivre cet enfer, disait le jeune homme en soupirant de désespoir.
– Hm, bougonna Alluka. J'espère qu'on se fera des amis cette année. L'année passée était clairement affreuse.
Gon releva la tête vers son amie. Il comprenit qu'il avait été peut-être désagréable dans sa façon de parler. Il se rattrapa rapidement en lui offrant un faible sourire sincère.
– Au moins, il nous restera nous.
Alluka hocha la tête en toute réponse, mais bientôt un avion rose percuta son crâne. La brune regarda en arrière pour voir d'où venait le papier. C'était Pitou, juste une fille un peu prétendante qui avait toujours une tenue parfaite et beaucoup d'amis. Alluka ouvrit le papier tandis que Gon la questionnait du regard. La brune souffla du nez après avoir parcouru des yeux le papier rosé. Elle se retourna dans son siège pour s'adresser à la bande de Pitou qui riait aux éclats.
– Bravo, quelle maturité !
Puis elle se rasseya dans son siège, l'air ennuyé. Son meilleur ami lui demanda alors de voir le papier de Pitou. Même s'il se doutait que c'était forcément une vacherie à son attention, il était trop curieux.
Alluka tenta de le mettre hors de sa portée, mais Gon fut plus réactif, et réussit à l'attraper. Il déplia l'objet du délit. Ce qu'il y lisait lui fit serrer la gorge.
"Grosse pédale aux dents écartés"
Les larmes lui montèrent aux yeux malgré lui. Il entendait du mouvement dans son dos, et sa vue se brouilla. Les voix des adolescents du fond retentissaient en synchronisation. Ils chantaient à l'unisson:
– Pleurnichard, pleurnichard, le petit lapin veut des mouchoirs ? 🎶
Le jeune garçon n'en pouvait plus. En ramassant ses larmes, il décida de regarder par la fenêtre pour se changer les idées. Le véhicule démarra. C'était reparti pour une nouvelle année en enfer. Il sortit son carnet de bord, celui où il décrivait toutes ses journées quand l'inspiration lui venait.
~~
Je regarde par la fenêtre et il fait froid dehors
Il y a deux garçons qui crient derrière moi et je suis terrifié
Je compte les arbres à chaque fois qu'ils passent
Et j'essaye de ne pas regarder à travers l'allée
Parce que Machi laisse Chrollo mettre sa main sous sa jupe
Et elle a sa main dans son pantalon
Je sais que le conducteur le voit
Je sais qu'il jette un œil dans le rétroviseur
Mais ne dit rien
J'essaie de les ignorer, ils m'ennuient à mourir
J'observe sans cesse, mais je ne dirais rien
Personne ne nous voit, je ne m'en fais pas
Les roues du bus roulent
Je me tiens devant
Juste devant toi
Les roues du bus roulent
Maintenant, ils vont l'allumer et se le passer
Bouffer, feuilleter et passer
"Fais pas le salaud et sois sympa, passe-le ici"
Je compte les voitures qui passent
Et j'essaye de ne pas regarder une rangée derrière moi
Parce que Tompa a son cul sur la vitre
Et je le déteste ! Le conducteur frappe un dos d'âne
On sait que le conducteur nous voit
On sait qu'il jette un œil dans son rétroviseur
Sans dire un mot
Essayons de l'ignorer, c'est ennuyeux à mourir
J'observe tranquillement, je ne dis rien
Les roues du bus roulent.
~~
Pdv Gon
Un coup de frein marqua l'arrêt du véhicule à l'un des arrêts. Un élève montait à bord. Je le regardais rejoindre le devant de l'allée. Tout le monde se tut soudainement à son arrivée. Kaito, juste l'élève le plus charismatique de l'école, venait d'entrer. Il posa son regard sur moi, et je ne pus m'empêcher de rougir. Mais Pitou se mit à fulminer de rage à l'arrière. En l'apercevant, Kaito se précipita à ses côtés pour la réconforter, en prenant soin de bien m'ignorer au passage.
Mon expression se transforma en une décevance extrême. Au fond de moi, je croyais avoir toujours eu un crush sur lui. Mais il ne l'avait jamais remarqué. Pour lui, je ne devais être que le "pleurnichard", comme toute l'école le pensait - sauf Alluka évidemment.
Celle-ci me témoigna son soutien en posant sa main sur mon épaule. Je lui souriais tristement.
Le brouhaha de tout à l'heure se remit en place. Malheureusement, le conducteur tenta de se retourner à maintes reprises pour comprendre l'origine de ces bruits. Il ne regardait plus la route, droite devant lui. Le volant bifurqua à gauche, vers le ravin qui menait au lac. Le véhicule dégringola trop tard pour que le conducteur puisse le rediriger, et tout le monde se mit à crier de terreur. Le bus tomba dans le vide avant de toucher l'eau, puis coula, coula...
Nous nous retrouvions en pleines abysses. Tout était sombre autour de nous. Les élèves se précipitèrent aux fenêtre. Bientôt, nous allions manquer d'air. Certains tentaient de casser la vitre. Ils étaient bêtes, s'ils faisaient ça, l'entièreté du car submergerait. Il fallait agir vite.
Je me tourna vers Alluka, déterminé. Je lui faisais comprendre que c'était à notre tour d'agir. Elle hocha la tête, comprenant ma décision. Nous fermions nos yeux au même moment pour nous concentrer. Nous devions nous imaginer que ce car était plus léger que l'air. Léger, léger, très léger...
Enfin, je sentis l'autocar se redresser. Surpris, les adolescents retournèrent tous à leur place, ne comprenant rien à la situation. Nous nous dirigions vers la surface. Plus concentré que jamais, je gardais les yeux clos.
Après une minute ou deux, l'air remplissa nos poumons à nouveau normalement. J'étais maintenant sûr que nous étions sortis du lac. Mais je voulais toujours aller plus haut. Alluka me jetta un coup d'œil, pas très sûre d'elle-même. Je lui répondis silencieusement qu'elle en était capable autant que moi. Si l'on avait réussi à sortir des fonds marins, nous pouvions dépasser les nuages. Je savais que nous en étions capables. Il fallait juste que nous repoussions nos limites, voir plus grand.
Je me reconcentra pour pouvoir faire élever le bus en altitude. Alluka fit de même de son côté. J'avais la tête qui tournait, mais je pensa à cette matinée qui avait si mal commencée. Non, je ne voulais pas commencer l'année comme cela. Je voulais pouvoir réussir à accomplir quelque chose de positif qui restera dans la mémoire de chacun. Peut-être une rentrée inoubliable.
J'ouvris les yeux. Dans l'autocar, il y eut soudainement plus de lumière. Les visages étaient collés aux fenêtres. Je m'y colla à mon tour, aux côtés d'Alluka. On avait réussi. On volait au dessus des nuages.
– On devrait faire le trajet comme ça plus souvent, soufflais-je à ma meilleure amie, l'air rêveur.
– Totalement d'accord, me répondit la brune en souriant à la baie vitrée.
L'intérieur du bus resta étrangement calme jusqu'à l'école.
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Wheels on the Bus
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2020-10-24 05:15:49
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