Chapitre 1 : La signature
Chapitre 2 : Atkins
Chapitre 3 : Dynarburgh
Chapitre 4 : Cineburgh
Chapitre 5 : Gooding
Chapitre 6 : Elmira
Chapitre 7 : Sterling
Chapitre 8 : Hellwing
Chapitre 9 : Les âmes de Cineburgh
Chapitre 10 : Mémoires et Confidences
Chapitre 11 : Réflexion
Chapitre 12 : La faillite
Chapitre 13 : Le talent de Sterling
Chapitre 14 : Prise de conscience et purification
Chapitre 15 : L'âme de Dionysia
Chapitre 16 : Tineburgh
Chapitre 17 : Wyndham
Chapitre 10 : Mémoires et Confidences

Si le corps meurt, l'âme ne suit pas, si l'âme meurt, le corps meurt aussi

Que celui est pauvre s'il n'a pas d'âme

7 heures 30, Cineburgh :

Je me réveillai, j'avais très mal dormie. Outre le bien fait que procurer Gooding et sa chaleur contre moi, ses ailes s'étaient refermées sur nous. Cela expliquerait pourquoi je n'aie pas eu froid en dormant. Doucement, je me glissai sous les bras de Gooding, sans le déranger dans son sommeil. Sa respiration était lente, et apaisée, signe je pouvais continuer.

— Tu ne croyais tout de même pas que je dormais ? Dit-il soudainement en me regardant.

— T'étais censé dormir !

Gooding me laissa sortir, laissant un courant d'air froid me faire frissonner l'échine, c'était vraiment désagréable. Un peu la tête ailleurs, je passai la jambe par-dessus le lit. Trop maladroite, j'aie faillis tomber en avant, mais Gooding me rattrapa de justesse et me tira en faisant en sorte que je me retrouvais sur le lit.

— Merci, dis-je en soupirant bruyamment.

— Pourquoi tu ne l'as pas dis à ton père ? De ce que tu ressentais.

« Comment... je n'en ai pas parlé pourtant. »

Mon cœur se pinça, rien que d'évoquer mon père dans une conversation me met mal à l'aise, et je n'avais aucune envie d'en parler.

Gooding me regarda, ne disant rien, est-ce qu'il allait me juger, je n'en savais rien et je ne prendrais pas compte de toutes les façons.

— Je n'ai aucune raison qui me pousse à te répondre alors que tu ne me réponds pas, souris-je.

Il secoua la tête, et lâcha un soupir, voir Gooding dans ces moments-là était plutôt appréciables. Quand bien même on n'était pas encore au stade de devenir les meilleurs amis du monde, on était plus à l'aise.

— Ici, quand tu meurs, tu développes davantage ton talent, on s'en fout de l'origine, on l'a, c'est tout. Il me suffit d'un contact pour lire dans ton passé. Quand tu dormais hier soir, je n'ai pas réussi à dormir, parce que tu faisais un cauchemar et je le voyais. Je peux ressentir exactement les mêmes émotions, et à force de le sentir, je ne sais plus ce que je ressens moi-même.

Il sortit sa gnôle, alors que je ne comprenais rien à ce qu'il me disait. C'était impossible de lire dans le passé de quelqu'un rien qu'au toucher.

Irréel.

— Je te crois pas, ris-je nerveuse. Je n'ai même pas de souvenir de mes rêves.

— Parce que je les vivais à ta place, mourir t'es capable de le croire mais mon talent non ? Alors écoute-moi bien, et je ne le dirai pas deux fois : tout ce que tu as pensé hier, Elmira et moi le savons. Tu n'es pas ici par hasard et je m'en fous, cependant, tu n'avais aucune raison de signer un contrat avec Atkins.

— Répète ?

Il râla, se frappant avec la paume de main sur le front, ce qui me fit rire, et je n'avais jamais autant souris et ris sincèrement. De cette façon là je pouvais oublier ce qui s'était passé la veille, en plus de me réveiller.

— C'est horrible à quel point tu es stupide, dit Gooding exaspéré.

— Je ne suis pas bête !

Quelqu'un toqua à la porte, mettant fin net à la conversation. Machinalement et avec une nonchalance, Gooding descendit ouvrir la porte, et je fis de même en m'assurant cette fois-ci de ne pas frôler la plus grosse honte et chute douloureuse.

Elmira se trouvait debout, nous souriant tous les deux. Elle avait ce sourire joyeux que même une tempête ne pourrait le faire disparaître.

J'aurais aimé l'avoir.

— Gooding, Dionysia... Nous sommes attendus à la grande salle, vous venez ? Dit Elmira et ses yeux se posèrent sur moi son expression devenant plus heureux encore, Dionysia... Mangez à côté de moi, d'accord ?

Sans réfléchir je répondis d'un ton béat :

— D'accord.

Gooding gémit une lamentation indescriptible, dont je ne saisis pas la source. Je me contentais simplement de sourire à Elmira qui nous laissa à nouveau seule.

« Qu'est-ce qu'il vient de se passer ? J'ai répondue comme une enfant. »

Je me frottais les yeux, dans la confusion de ce sentiment étrange que j'avais encore il y avait à peine deux secondes.

— T'es foutue, dit Gooding en sortant de la chambre.

* * *

J'avais beau ignorer les commentaires de Gooding plus tôt, j'y pensais encore. Si il avait le pouvoir de lire dans mes souvenirs, de me lire tel un livre ouvert, alors Elmira et les autres aussi auraient un talent eux aussi.

Celui d'Elmira serait de me charmer ?

Chaque fois qu'elle m'adresser la parole, je ne réagissais plus raisonnablement. J'avais envie de tout faire pour elle, mais je ne la connaissais même pas, pourquoi en aurais-je envie ?

Ça me semblait logique en y repensant.

Après avoir suivie Gooding — qui buvait sa gnôle sans rien dire —, on arriva dans une grande salle, une gigantesque table drapée et des mets différents dressés à la perfection, dans des assiettes en argent.

Ne connaissant rien mon assurance s'était volatilisée et ma timidité reprit le dessus. Elmira me proposa de s'asseoir à côté d'elle, me lançant un sourire ravageur.

C'était un charme, ça ne pouvait que être ça.

Mais sur le moment je n'avais nul part où aller, je suis donc allée m'asseoir sur le siège qu'elle me tapotait gentiment, toutefois, je ressentis que son regard, son sourire, me firent moins d'effet que quelques minutes plus tôt.

Hellwing était présente, en bout de table, le masque retiré. Elle n'avait absolument rien à voir avec la femme que j'avais vue la veille. Sa peau était fraîche, blanche, et ses yeux mauves ternis lui donneraient même pas la trentaine.

— Elle a trois siècles environ, me dit Elmira amusée.

« Elle lit dans mes pensées... »

J'en avais la certitude quand elle ricana.

— Merci, dis-je les mains jointes sous la table entre mes jambes.

C'était une position confortable pour une personne qui ne se sentait pas en sécurité. Gooding en face de moi, tandis que Sterling qui était revenu, s'assit à côté de lui.

Le siège à ma droite bougea, une personne s'asseyant.

Atkins.

— Oh putain.

Prise d'une peur irrationnelle je me poussais à en trébucher sur Elmira, la choquant. Les peu de fois où j'étais vulgaire, c'était rare mais pas impossible. J'ai tout de suite regrettée quand Hellwing me dévisagea.

— Dionysia... Je sais que je ne suis pas une beauté sur patte, en revanche j'ai vraiment un cœur que vous le croyez ou non, plaisanta Atkins.

Son comportement... Ses manies, rien n'avait changé. Gooding haussa les épaules et Sterling pouffa une insulte méprisante envers moi que je ne saurais déchiffrer.

— Hellwing, je te le dis tout de suite j'ai aucun plat qui donne booste en courage, se moqua Sterling.

Atkins sourit, mais je pouvais clairement sentir la tension monter dans la salle, tendue, j'attendis que quelqu'un prenne la parole, mais personne ne le fit. Alors, prenant mon courage à deux mains, je m'éclaircissais la gorge, m'excusant :

— Il est vrai que je ne suis pas encore habituée à l'effet de surprise, mentis-je.

« Tu parles, j'ai carrément peur d'Atkins depuis hier soir, ouais. »

Je fis taire ma conscience et souris penaudement. Hellwing esquissa un sourire compréhensif, et je me détendis légèrement. Je remarquai en coin Sterling qui n'aimait pas mon silence face à son pique insultant.

La main d'Elmira s'approcha de mon assiette pour déposer quelques gâteaux et me faire couler une tasse de café, parfumé de vanille, comme chez moi quand Atkins s'y était introduit. Dérangée, je n'aimais pas être servie la première, dans ma coutume familiale, l'invité intrusif doit attendre et être servi le dernier.

« Je suis cette invitée intrusive. »

— Tu n'es rien de tout ça, m'annonça Hellwing en cassant le silence de bruit d'assiette, de fourchette et de couteau. Manges, nous parlerons de ta situation plus tard.

Plus tard, j'avais l'impression que c'était plutôt trop tard.

— L'armurerie royale de Dynarburgh... va-t-elle s'en remettre ou est-elle perdue pour de bon ?

— Très peu de chance qu'elle s'en remette, tu n'as pas d'enfants, et tes parents sont décédés. Ils devront se reposer chez la famille forgeronne, dit Sterling en buvant sa tasse de thé. Mais si tu es ici, ça veut dire que tu es appelée ailleurs, hm, je ne sais pas. Atkins ?

Je le vis sortir une fiole verte, la même, la boire, puis Atkins avait l'air de se sentir mieux. J'appréhendai sa réponse, nous étions tous les deux entourés, et je me sentais bête de penser que quelqu'un prendrait ma défense si il tentait quoi que ce soit. L'ambiance n'était pas gênante mais c'était bizarre à vivre, n'étant ni habituée, ni à être du genre à m'incruster partout où je vais, c'était pire qu'une tournure étrange et la faim m'était totalement coupée.

— Je ne vois pas pourquoi je me justifierai, dit-il tout sourire. Dionysia n'était pas faite pour Dynarburgh. Point barre. Tant pis pour cette armurerie, elle ne servait plus à rien, même quand elle était encore sous la tête de cette entreprise artisanale.

Ses yeux me regardèrent avec insistance, me sentant obligée de dire qu'il a raison. Pas qu'il avait tord, loin de là, mais je me sentais comme manipulée.

— Oui, c'est vrai, maintenant, excusez-moi.

Je me relevai de ma chaise, sans attendre d'autorisation de la part de qui que ce soit. J'aimerais bien avoir encore un peu du libre-arbitre, et ce fut le seul instant de répit que j'aie pu avoir de me lever librement.

Sterling semblait sidéré, transformé en statue, sa tasse dans la main.

— Ce n'est pas bon ? me dit-il crispé.

— Je n'ai pas faim.

Gooding toussa, d'abord un peu, puis très fort, cassant presque sa voix.

Hellwing me fit signe de me rasseoir, ce n'était pas une demande, mais un conseil.

Atkins se retenait de rire, rien n'était drôle pourtant.

Elmira me sourit, et ce fut la seule à me laisser tranquille.

— Je suis désolée, je n'ai pas faim, dis-je à nouveau.

Sa tasse commençait à trembler, son sourire tordu s'affichant.

— Manges, Dionysia.

On aurait dit une supplication.

Agacée, je le regardai dans les yeux, ne voulant certainement pas obéir à quelqu'un qui m'insultait gratuitement sans aucune raison apparente. Sterling trembla plus fort, sa tasser se fissura.

« Il faut que je m'en aille. Maintenant. »

© CyberKy ,
книга «Demonic Bond - L'âme de Dionysia».
Chapitre 11 : Réflexion
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