Chapitre 1 : La signature
Chapitre 2 : Atkins
Chapitre 3 : Dynarburgh
Chapitre 4 : Cineburgh
Chapitre 5 : Gooding
Chapitre 6 : Elmira
Chapitre 7 : Sterling
Chapitre 8 : Hellwing
Chapitre 9 : Les âmes de Cineburgh
Chapitre 10 : Mémoires et Confidences
Chapitre 11 : Réflexion
Chapitre 12 : La faillite
Chapitre 13 : Le talent de Sterling
Chapitre 14 : Prise de conscience et purification
Chapitre 15 : L'âme de Dionysia
Chapitre 16 : Tineburgh
Chapitre 17 : Wyndham
Chapitre 14 : Prise de conscience et purification

— Dionysia, vos deux parents sont morts. Maintenant, vous êtes à la tête de l'armurerie royale. Dans un mois, le Roi et la Reine de Dynarburgh, vous convoquera. Au revoir.

Cette annonce... était pour moi, la pire des façons de me le dire. Ils n'étaient plus là. Ils n'étaient plus que cendres. Les larmes ne me parvinrent pas à couler, cause d'un choc émotionnel. L'homme en costard, m'avait remis une urne. Celle qui contenait les cendres de mon père, et les souvenirs que j'ai pus avoir avec lui. Qu'est-ce que je devais penser ? je devais reprendre le talent familial, ce pour quoi je suis née, et non pas avortée, comme certains parents le faisaient lorsque l'enfant n'était pas apte à la tâche. On ne s'était pas débarrassé de moi, et c'était un signe que j'étais capable de surmonter tout ça.

Fermant la porte, je revoyais en boucle la conversation. Morts... une partie de moi était morte à présent. J'aurais dû, ressentir la liberté, ne plus vivre sous l'autorité de mon père, de ses insultes et sa haine envers moi. N'importe qui, aurait réagit humblement.

« Au revoir, et merci. N'oubliez pas l'heure du thé. »

Vieille politesse, qui voulait dire, « passez un bon moment ».

Je ne voulais pas qu'il en passe un de bon moment, on dirait.

Je marchais dans ma cuisine, la tête vide, les yeux gros, et le cœur douloureux.

La seule personne qui devait s'occuper de moi, n'était plus de ce monde.

Je me suis assise sur mon fauteuil, près de la cheminée me réchauffant, j'ai regardé l'heure, et c'est à ce moment-là, que je l'ai vue.

Cette fiole verdâtre.

Je l'aies prise, la regardant, elle n'avait rien de suspect. Juste, qu'elle était remplie, et ma main se referma sur elle.

« Elle ne m'appartient pas. Mais à qui ? »

Je me suis sentie observée.

— Alors c'est comme ça tu comptais finir ? te débarrasser de moi ? sympa...

Une voix féminine, que je reconnus que trop bien parvint à mes oreilles.

Moi.

Je tournai la tête, visualisant mon Moi me regarder, ses yeux méprisants et en colère.

— Arrête de faire croire que tu es heureuse, protestai-je en fixant la fiole, pensive. Je n'étais pas heureuse.

Mon Moi soupira, désespérée.

— Je voulais... juste, raah changer de ville ! de vie, tout ça, non pas perdre la vie ! tu aurais dû me laisser le choix, une chance avant de signer ce foutu contrat. Et maintenant, regardes où tu en es. Tu ne sais même pas comment t'es morte.

— Quelle importance ? ricanai-je, amusée par le fait que je ne sois même pas d'accord avec moi-même.

— Quelle importance ? tu es vraiment une âme égoïste, dans le fond.

— Et toi un corps dédaigneux.

Nous sourions. Mais pas pour la même raison. Pour mon Moi, qui représenterait donc mon ancienne vie, mon corps, souriait parce que je semblais stupide, lâche et naïve. Comment je le savais, parce que j'étais son âme, on se complétait malgré nos opposés. Je comprenais mieux, pourquoi j'avais signé sans réfléchir. Parce que mon âme souffrait, et refusait de vivre plus longtemps dans la misère immatérielle. Je n'étais pas une personne intéressée par l'argent, bien que, on nous dise que ça nous fait le bonheur, si nous n'avons personne avec qui en profiter, on se sentait très vite seul.

Je soupirai, regardant le feu, les flammes qui dansaient, et le crépitement du bois, ça, c'était chez moi. La paix éternelle, le bien-être, tout le reste m'importait peu.

— Dionysia, je suis Toi, et tu es Moi, nous aurions dû réfléchir à deux. Tu as signé à ma place. Tu le sais, mais tu t'en foutais. Alors, qui est heureuse maintenant ? que cherches-tu, réellement ?

Je savais que mon Moi allait bientôt craquer, alors j'ai simplement haussé les épaules :

— Je viens d'apprendre que je n'ai que dix huit ans. Je cherche un sens à mon existence.

— Et moi qu'il y avait une vie après la mort, mais quand je vois tes choix, je me dis que tu es vraiment conne, et je suis là, bloquée à attendre que ce malade te bouffe le peu d'essence de vie qu'il te reste, que tu disparaisses à jamais dans le néant.

Je savais que quelque part au fond de moi, je n'appréciais pas Atkins. Mon Moi s'affala la tête dans la paume de sa main, regardant de même le feu, ses yeux vides. Elle était moi, et pourtant nous étions complètement différente.

Non.

« Elle n'a pas de couleur, pas de vie en elle. Mais monochrome. » Grise, pas de joie, pas de tristesse, un peu de colère, mais sans plus, passagère. Elle était si passive. Ses cheveux ondulés et longs, d'un blond pur, étaient maintenant, gris. Il n'y avait que le vert de ses yeux qui ressortait, son habit avant d'arriver à Cineburgh

— Et oui, j'ai profité, maintenant c'est à ton tour, me dit-elle en soupirant, elle acceptait son sort.

— Alors... nous sommes condamnées à vivre dans la confrontation, ou nous pouvons discuter sur le plus sensible ? demandai-je narquoisement, sachant la réponse. Notre talent, tu le connaissais ?

Elle ricana sarcastiquement :

— Tu crois vraiment qu'on serait ici ? réfléchis un peu. Un talent intellectuel. Pff, et puis quoi encore ?

— Nous avons trop de questions, je souris, la regardant et ouvrant la fiole. Atkins a souvent ça dans sa poche, qu'est-ce c'est ?

Mon Moi se pencha pour mieux voir, elle s'en fichait bien, mais sa curiosité la poussa à le faire et à réfléchir sur le contenu de la fiole. Elle haussa les épaules, pleinement dans sa réflexion, et me sourit.

— Peut-être une essence de vie. Du corps, de l'âme, bah, j'en sais rien. Ce qu'il reste en tout cas, ça, là, c'est nous. Enfin, toi. Il a gobé le reste.

J'étais étonnée, riant, parce que je me trouvais naïve et inconsciente. Mais mon rire s'étouffa, lorsqu'une pensée me vint à l'esprit. Et mon Moi, à ma grande surprise, m'écouta attentivement et me laissa du temps.

— Quand... papa est parti, j'ai... eu le sentiment de partir avec lui. Pendant un mois, je me sentais morte, dénuée de toutes émotions, plus aucune raison de me lever le matin, l'impression d'échouer sur tous les domaines. Il était dur et sévère, il n'hésitait pas à nous punir, mais nous aimait, même si son amour ne ressortait pas comme un père, mais comme enseignant. Tu ne pouvais pas le voir, mais plus profondément dans son cœur, il y avait maman, et moi. Quand... j'ai appris que je devais reprendre l'entreprise artisanale familiale, une pression si forte, s'est emparée de moi, des liens m'empêchant de respirer...

— Hé, je le sais. Monsieur était très vieux jeu, dit-elle compréhensive, c'était difficile d'avoir autant de responsabilité pendant si peu de temps. Mais qui nous comprendrait ? Je ne comprends pas moi-même notre talent. Tout le monde s'en moquerait, rien ne serait bénéfique pour eux.

Mes yeux s'écarquillèrent, une révélation me soufflant au visage. Intriguée, mon Moi tourna la tête en ma direction, sans plus attendre je me penchai vers elle, comme une enfant montrant une découverte.

— Et si... Ce savoir n'était pas physique ? Mais mentale ? Une développement moral, c'est vrai, Atkins a raison, notre ville est emprisonnée dans un courant non individuel.

— Atkins a tort.

Pourquoi il aurait tort, alors que jusqu'ici il m'avait donné la direction à prendre ? Je me trouvais beaucoup trop exigeante, ingrate.

Je soupirai, laissant mes émotions me prendre le dessus, mais je ne ressortis aucune expression. Mon Moi m'observait. Il me sourit, le feu éclairant son visage grisâtre. Elle est morte, j'ai repris sa place. Donc... j'étais son âme.

— Qu'est-ce qu'on fait ? quelqu'un essaye de te réveiller.

En effet, le décor de ma maison, se crépissait comme du papier mouillé qui se déchire, très lentement, mais sûrement. Alors, me penchant un plus près du feu, mon visage se réchauffant, je fixais les yeux de mon Moi.

— Que sais-tu des âmes déchues ?

— Ne pas les toucher, ni leur parler, et surtout, ne t'approche pas d'Atkins. Tu es une âme pure, car tu n'a rien vécu, normal. Tu dois valoir une certaine valeur. Je crois... qu'il faut en parler avec Hellwing, si c'est vraiment elle la fondatrice de cet endroit. Elle n'aura pas les réponses, mais elle pourra nous en dire plus.

— Tu penses qu'on peut aller au-delà de Cineburgh ?

Elle sourit. Le feu commença à s'éteindre, la fraîcheur rentrant dans la pièce qui ne fut bientôt plus existante, ne laissant que nous deux, assises dans le noir total.

— Après cette conversation, Dionysia, il ne restera que toi. Mon corps a été retrouvé, ils ont constaté que c'était un suicide, un vile empoisonnement. 

© CyberKy ,
книга «Demonic Bond - L'âme de Dionysia».
Chapitre 15 : L'âme de Dionysia
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