Chapitre 17 : Wyndham
On raconte que la connaissance de soi-même n'est pas immédiate
Qu'elle rencontre un certain nombre d'obstacles, dont l'identifiant.
C'est paradoxale dans la mesure où nous sommes a priori les mieux classés pour se connaître soi-même ...
Et pourtant, cette connaissance n'est pas évidente.
16 heures, Cineburgh:
Je regarde tout autour de moi, ébahie par cette vue que je n'avais jamais remarqué. Cineburgh, en dehors de Dynarburgh, avait une place marchande. Elle était peuplée, et jusqu'ici je n'avais fait que les petites ruelles désertes, sans faire d'attentions aux grandes routes. Je voyais des gens en noir, femmes et hommes, habillés de même couleur. Tous en noir. J'avais l'impression de voir que des âmes déchues. Mes yeux se rapportèrent à Sterling et Gooding, marchant devant moi dans un silence pesant.
Je décidai donc de briser la glace.
— Est-ce que ce sont ...
— Non, firent-ils tous les deux, me faisant taire soudainement.
« Oh, très bien... »
— Qu'est-ce qu'ils vendent alors?
— Marché noir, les gens d'ici viennent pour s'acheter toutes les genres de petites choses utiles ... Comme des fioles d'essence de vie, ou même des tickets.
Mes yeux s'étaient illuminés, très captivée, je me suis souvenue du ticket de Cineburgh.
— Alors les gens peuvent aller autre part que Cineburgh?
Gooding me répond cette fois, nonchalant:
— En échange de la vie d'un proche, ouais.
« Alors le geste commercial d'Atkins était donc bel et bien ce ticket... »
Je soupirai, ne demandant pas plus. Je voulais voir à quoi ressemblait la population d'ici, mais le temps ne jouait pas en ma faveur... Et ni non plus ceux que j'accompagnais.
Gooding jeta un regard sur moi dont je ne faisais guère attention pour le moment. Mes yeux fixaient les passants, trop curieuse de voir s'ils étaient comme nous, ou alors comme Atkins et Hellwing. Les morts avaient bien leur ville à eux.
« Alors il faut marchander avec la vie d'un autre ? Un membre de notre famille ? »
Qu'est-ce que j'aurais fait... Dans mon ancienne vie, sans réfléchir je refuserais. Mais là... Je n'avais plus d'attache émotionnelle, mon père m'avait lâchement laissé tomber, et ma mère...
« Ma mère... »
— Ça peut être un mari aussi, me dit Sterling, ou une sœur, un frère, un ami qu'on connaît jusqu'à lier des liens fraternels.
— Je n'avais rien de tout ça, dis-je penaude.
Sterling grimaça :
— Triiiste.
« J'ai cru comprendre. »
Il y avait beau avoir du monde, c'était oppressant, aucun bruit, les femmes ne se parlaient pas, les enfants... Il n'y en avait pas, et les hommes, j'en vis quelques uns troquer, mais ça se terminait là.
Pas de musique, de festivité. De vie.
— La raison pour laquelle c'est aussi bondé, est que le marchand ambulant est arrivé à Dynarburgh il y a peu, me dit Gooding en marchant à mon rythme.
— Le marchand ambulant ?
Gooding hocha la tête en guise d'approbation. Il me faisait plus la conversation comme pour s'excuser d'être aussi froid avec moi, que pour me dire davantage et m'apprendre...
« Juste une impression, c'est tout. »
— Wyndham. Un concurrent personnel d'Atkins.
Je souris, amusée.
— Mais quel rapport ? Les vivants conclues des contrats avec Atkins et les morts ce... Wysiwyg.
Gooding et Sterling me grondèrent :
— WYNDHAM !
Soudain, un énorme vent dévala l'ambiance, nous mettant tous très mal à l'aise.
Je tapotai leur épaule, constatant une présence un peu plus loin dans la brume qui commençait à se lever. Les gens disparaissaient, laissant le Cineburgh tel que j'avais appris à connaître. Ça me laissait un froid dans le dos et j'entendis des insultes de la part de Gooding.
— C'est... Une âme déchue ?
— Pire, putain tu pouvais pas fermer ta gueule Sterling ?!
— C'est toi qui l'a attiré jusqu'ici pas moi, dépressif ailé !
Les deux se disputant, j'essayai de les calmer en leur disant que rien n'était bien grave. Mais ils me turent en me regardant trop avec insistance à mon goût.
— D'accord... Perdons du temps... Tant qu'on marche, dis-je sans vraiment trop comprendre.
— Dionysia, on se passera bien de ton commentaire, fit Gooding en colère.
L'inconnu marchait vers nous alors que les deux se disputaient encore et toujours plus fort.
« C'est fou comme leurs caractères trempés peuvent faire comme dégâts... »
Plus il approchait, plus j'étais exaspérée. C'était encore un robot. Et sans visage. Plutôt élégant. Trop élégant. Une longue redingote noir, avec un visage de métal, pour seule visage des yeux, les traits du soudage sur son visage se faisant apercevoir. Il portait également un long chapeau haute-forme noir. C'était un gentleman. Riche, vu sa carrure. Ses yeux étaient des verres à lunettes dont un avait comme un viseur. L'œil droite, à vu d'œil. Je remarquai une canne, et de longues jambes robotisées. Très lisses. Propres, mais rien ne me donner une raison d'être rassurée.
— Vous avez Wyndham ? Dit-il gaiement.
« La même façon de parler d'Atkins... »
Je soulignais aussi son long col similaire à ce dernier. Une taille fine mais haute. Il faisait deux têtes de plus que moi, comme Atkins.
— Êtes-vous le frère d'Atkins ?
Gooding me frappa la tête, m'extirpant un gémissement de douleur.
— Quoi ?!
Wyndham n'avait pas l'air vexé, ni même menaçant. Contrairement à Atkins, je ne pouvais pas savoir s'il souriait ou se moquait. Gooding prit ma main, Sterling avançant en l'ignorant royalement. Prise de court, je fus tirée en avant, pour seulement l'éviter à notre tour.
« C'est impoli ! »
Gooding me regarda : « Pas maintenant Dionysia. »
J'ai arrêté de penser et j'ai suivi le pas, l'étranger ne prenait même pas peine de nous poursuivre, il semblait juste nous observer et attendre qu'on s'en aille.
Ils ne me dirent plus rien du trajet, ma déduction était sans doute bonne, même si c'était tiré par les cheveux.
Alors que les minutes se transformèrent rapidement en des heures, je m'épuisai à vouloir les rattraper dès que ma cadence ralentissait, erreur, il ne fallait surtout pas ; Gooding volait dès qu'il en avait marre de marcher, et Sterling était inépuisable.
La mort ne fonctionnait pas sur moi. Je ressentais la fatigue, énormément d'émotions que je ne pensais pas ressentir de mon vivant si un jour je mourrais.
Puis, nous changions entièrement d'ambiance, arrivant dans une ville lumineuse, où la brume se dissipa chaque pas que nous faisions, Sterling et Gooding se détendirent instantanément. Je m'étais pliée aux commandes, si je devais attendre, j'attendais. Si je devais m'asseoir, je m'asseyais.
Je ne disais plus rien, éteinte.
Cependant, ma teinte éteinte, s'était rallumée, et ma curiosité, s'était réveillée de nouveau, tirant le la manche de Gooding, je voulais à tout prix tout découvrir et apprendre.
Qu'elle rencontre un certain nombre d'obstacles, dont l'identifiant.
C'est paradoxale dans la mesure où nous sommes a priori les mieux classés pour se connaître soi-même ...
Et pourtant, cette connaissance n'est pas évidente.
16 heures, Cineburgh:
Je regarde tout autour de moi, ébahie par cette vue que je n'avais jamais remarqué. Cineburgh, en dehors de Dynarburgh, avait une place marchande. Elle était peuplée, et jusqu'ici je n'avais fait que les petites ruelles désertes, sans faire d'attentions aux grandes routes. Je voyais des gens en noir, femmes et hommes, habillés de même couleur. Tous en noir. J'avais l'impression de voir que des âmes déchues. Mes yeux se rapportèrent à Sterling et Gooding, marchant devant moi dans un silence pesant.
Je décidai donc de briser la glace.
— Est-ce que ce sont ...
— Non, firent-ils tous les deux, me faisant taire soudainement.
« Oh, très bien... »
— Qu'est-ce qu'ils vendent alors?
— Marché noir, les gens d'ici viennent pour s'acheter toutes les genres de petites choses utiles ... Comme des fioles d'essence de vie, ou même des tickets.
Mes yeux s'étaient illuminés, très captivée, je me suis souvenue du ticket de Cineburgh.
— Alors les gens peuvent aller autre part que Cineburgh?
Gooding me répond cette fois, nonchalant:
— En échange de la vie d'un proche, ouais.
« Alors le geste commercial d'Atkins était donc bel et bien ce ticket... »
Je soupirai, ne demandant pas plus. Je voulais voir à quoi ressemblait la population d'ici, mais le temps ne jouait pas en ma faveur... Et ni non plus ceux que j'accompagnais.
Gooding jeta un regard sur moi dont je ne faisais guère attention pour le moment. Mes yeux fixaient les passants, trop curieuse de voir s'ils étaient comme nous, ou alors comme Atkins et Hellwing. Les morts avaient bien leur ville à eux.
« Alors il faut marchander avec la vie d'un autre ? Un membre de notre famille ? »
Qu'est-ce que j'aurais fait... Dans mon ancienne vie, sans réfléchir je refuserais. Mais là... Je n'avais plus d'attache émotionnelle, mon père m'avait lâchement laissé tomber, et ma mère...
« Ma mère... »
— Ça peut être un mari aussi, me dit Sterling, ou une sœur, un frère, un ami qu'on connaît jusqu'à lier des liens fraternels.
— Je n'avais rien de tout ça, dis-je penaude.
Sterling grimaça :
— Triiiste.
« J'ai cru comprendre. »
Il y avait beau avoir du monde, c'était oppressant, aucun bruit, les femmes ne se parlaient pas, les enfants... Il n'y en avait pas, et les hommes, j'en vis quelques uns troquer, mais ça se terminait là.
Pas de musique, de festivité. De vie.
— La raison pour laquelle c'est aussi bondé, est que le marchand ambulant est arrivé à Dynarburgh il y a peu, me dit Gooding en marchant à mon rythme.
— Le marchand ambulant ?
Gooding hocha la tête en guise d'approbation. Il me faisait plus la conversation comme pour s'excuser d'être aussi froid avec moi, que pour me dire davantage et m'apprendre...
« Juste une impression, c'est tout. »
— Wyndham. Un concurrent personnel d'Atkins.
Je souris, amusée.
— Mais quel rapport ? Les vivants conclues des contrats avec Atkins et les morts ce... Wysiwyg.
Gooding et Sterling me grondèrent :
— WYNDHAM !
Soudain, un énorme vent dévala l'ambiance, nous mettant tous très mal à l'aise.
Je tapotai leur épaule, constatant une présence un peu plus loin dans la brume qui commençait à se lever. Les gens disparaissaient, laissant le Cineburgh tel que j'avais appris à connaître. Ça me laissait un froid dans le dos et j'entendis des insultes de la part de Gooding.
— C'est... Une âme déchue ?
— Pire, putain tu pouvais pas fermer ta gueule Sterling ?!
— C'est toi qui l'a attiré jusqu'ici pas moi, dépressif ailé !
Les deux se disputant, j'essayai de les calmer en leur disant que rien n'était bien grave. Mais ils me turent en me regardant trop avec insistance à mon goût.
— D'accord... Perdons du temps... Tant qu'on marche, dis-je sans vraiment trop comprendre.
— Dionysia, on se passera bien de ton commentaire, fit Gooding en colère.
L'inconnu marchait vers nous alors que les deux se disputaient encore et toujours plus fort.
« C'est fou comme leurs caractères trempés peuvent faire comme dégâts... »
Plus il approchait, plus j'étais exaspérée. C'était encore un robot. Et sans visage. Plutôt élégant. Trop élégant. Une longue redingote noir, avec un visage de métal, pour seule visage des yeux, les traits du soudage sur son visage se faisant apercevoir. Il portait également un long chapeau haute-forme noir. C'était un gentleman. Riche, vu sa carrure. Ses yeux étaient des verres à lunettes dont un avait comme un viseur. L'œil droite, à vu d'œil. Je remarquai une canne, et de longues jambes robotisées. Très lisses. Propres, mais rien ne me donner une raison d'être rassurée.
— Vous avez Wyndham ? Dit-il gaiement.
« La même façon de parler d'Atkins... »
Je soulignais aussi son long col similaire à ce dernier. Une taille fine mais haute. Il faisait deux têtes de plus que moi, comme Atkins.
— Êtes-vous le frère d'Atkins ?
Gooding me frappa la tête, m'extirpant un gémissement de douleur.
— Quoi ?!
Wyndham n'avait pas l'air vexé, ni même menaçant. Contrairement à Atkins, je ne pouvais pas savoir s'il souriait ou se moquait. Gooding prit ma main, Sterling avançant en l'ignorant royalement. Prise de court, je fus tirée en avant, pour seulement l'éviter à notre tour.
« C'est impoli ! »
Gooding me regarda : « Pas maintenant Dionysia. »
J'ai arrêté de penser et j'ai suivi le pas, l'étranger ne prenait même pas peine de nous poursuivre, il semblait juste nous observer et attendre qu'on s'en aille.
Ils ne me dirent plus rien du trajet, ma déduction était sans doute bonne, même si c'était tiré par les cheveux.
Alors que les minutes se transformèrent rapidement en des heures, je m'épuisai à vouloir les rattraper dès que ma cadence ralentissait, erreur, il ne fallait surtout pas ; Gooding volait dès qu'il en avait marre de marcher, et Sterling était inépuisable.
La mort ne fonctionnait pas sur moi. Je ressentais la fatigue, énormément d'émotions que je ne pensais pas ressentir de mon vivant si un jour je mourrais.
Puis, nous changions entièrement d'ambiance, arrivant dans une ville lumineuse, où la brume se dissipa chaque pas que nous faisions, Sterling et Gooding se détendirent instantanément. Je m'étais pliée aux commandes, si je devais attendre, j'attendais. Si je devais m'asseoir, je m'asseyais.
Je ne disais plus rien, éteinte.
Cependant, ma teinte éteinte, s'était rallumée, et ma curiosité, s'était réveillée de nouveau, tirant le la manche de Gooding, je voulais à tout prix tout découvrir et apprendre.
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