Chapitre 1 : La signature
Chapitre 2 : Atkins
Chapitre 3 : Dynarburgh
Chapitre 4 : Cineburgh
Chapitre 5 : Gooding
Chapitre 6 : Elmira
Chapitre 7 : Sterling
Chapitre 8 : Hellwing
Chapitre 9 : Les âmes de Cineburgh
Chapitre 10 : Mémoires et Confidences
Chapitre 11 : Réflexion
Chapitre 12 : La faillite
Chapitre 13 : Le talent de Sterling
Chapitre 14 : Prise de conscience et purification
Chapitre 15 : L'âme de Dionysia
Chapitre 16 : Tineburgh
Chapitre 17 : Wyndham
Chapitre 15 : L'âme de Dionysia

Je préfère croire que l'âme existe,

Avant ma mort je pensais que ce ne serait que noir éternel, livrée à moi-même

Aujourd'hui elle a prit ma place,

Et je suis devenue maître de mes pensées et de mes croyances, voici mon vrai talent

Heure inconnue, endroit inconnu :

Je regardai mon Moi me sourire, mais pas par plaisir, ou par bonté d'âme. Elle était déçue, et je comprenais très bien pourquoi. Elle souriait car on nous dérangeait, du moins quelque chose ou quelqu'un ne voulait pas que je reste ici trop longtemps. Cependant, je n'étais pas du même avis, et je voulais trouver mes réponses.

Seule.

— Je sais maintenant comment je suis morte... Mais je me sens incomplète... Et j'ai l'impression que ce sentiment d'être incomplet fait que j'attire les âmes déchues... Parce qu'elles veulent me compléter et se servir de moi comme pantin.

— Tu comprends vite quand tu fais moins ta bête, dit mon Moi en s'enfonçant dans le fauteuil, soupirant. Tu te sens incomplète, parce que tu as grandies avec dans la tête de te trouver un talent pour prouver ta valeur. Regardes autour de toi, Dionysia. Nous sommes mortes. Tu as enlevé toi-même ta moitié, qui était moi, le corps. L'âme ne peut pas vivre sans, sauf si elle trouve quelque chose qui peut la compléter. Or, tu as besoin de moi. 

Je comprenais bien. 

Oui, oui, tout était de ma faute, car j'avais signé sans son accord, sans qu'elle n'ait eu le temps de comprendre pourquoi j'avais fait ça. Je voulais fuir, elle voulait juste partir, faire une nouvelle vie ailleurs... 

— Dionysia, c'est... peut-être de ma faute... dis-je hésitante, ma voix tremblait, je n'avais aucune idée de comment lui annoncer sans qu'elle ne m'en veuille. 

Elle me coupa, sûre d'elle :

— Non, ne gaspille pas ton énergie pour cela, je m'en passerai bien. 

— Tu ne peux pas être dans le déni éternellement, il faut que tu m'écoutes. 

Mon chez-moi commençait à disparaître, ma tapisserie hors qu'elle soit déchirée, laissant plus que du vide, mon Moi, avait éteint le feu. Prise d'une angoisse, je me ruais sur elle. Implorant de m'écouter, qu'elle devait savoir comme je devais savoir ma mort. 

— Non, je ne veux pas ! Se débattit-elle, me repoussant encore et encore. 

Et alors, je fus tirée en arrière, par une force invisible. Le temps s'était écoulé, et comme du sable, il s'était glissé entre mes doigts. 

— Dionysia, c'est moi qui aies appelé... 

— Je le sais, je le sais, dit-elle murmurant, un murmure à peine inaudible qui résonnait dans mes oreilles. Sa voix était douce, apaisante, une voix, que je ne m'attendais pas à entendre, et mon cœur se pinça douloureusement. 

— Bonne chance, Dionysia, me dit-elle, avant que je ne retombe dans ce néant qui m'enveloppa, effrayée. 

Je me retrouvais seule, mon corps n'étant plus là. Je ne savais pas où j'étais, ce que je ressentais, de la haine, de la joie, du soulagement, de la peur, une envie de crier et de dire que j'en avais marre d'être perdue, seule, dans ce gouffre sans fin et incontrôlable qui était seulement, simplement, mes pensées meurtries. Toute mon ancienne vie, j'avais essayé de rendre fier mon entourage, famille, ou pas. Quand mon père était encore vivant, il m'avait maintes et maintes fois répété, qu'il ne partirait pas avant d'avoir fini ma formation. Je n'avais écrit aucun testament, aucune lettre, disant le pourquoi de ma mort. Aucun enfant, car je n'avais ni amis, ni coups de cœur. Et adopter, était très mal vu, et même méprisable et puni. Adopter un enfant, aurait été impur.

Plus jamais je n'accepterai quoi que ce soit venant de Sterling. 

* * *

J'ouvris les yeux, abasourdie, et la tête sonnée. Je me levai difficilement de ce qui pourrait être mon lit, mais cette supposition fut vite balayée, lorsque mes yeux se posèrent sur la décoration. La pièce n'était pas plus différente, mais c'était un véritable atelier, des machines à coudre, des mannequins en bois portant des prototypes vestimentaires, ainsi que des bijoux. Je n'étais pas du genre à porter des bijoux, n'ayant pas de passion ou à être matérialiste, cependant, ceux-ci étaient d'une beauté extravagante. Tournant sur moi-même, je remarquai des détails, comme une table avec de nombreux crayons gris et des feuilles à dessins. C'était d'une qualité qu'on pourrait même voir à vue d'œil, pas besoin de le toucher avec nos doigts pour sentir que ce papier était parfait. 

— Parfait comme... Sterling. 

Ma voix ressortait toute ma rancune, une haine non dissimulée dans ma gorge. Sterling ouvrit la porte, toujours avec ce masque de malheur m'empêchant de voir une partie de son visage. Peut-être que je ne le verrai jamais entièrement sans, après tout. 

Instinctivement, je touchai mon visage, mais ma main heurta celui de mon masque, soupirant, je constatais qu'on me l'avait laissé. Habituée à porter ce masque, je ne faisais plus attention s'il était sur mon visage ou posé quelque part dans ces débris. 

— Quand j'étais vivant, dit-il sérieusement et doucement, j'avais qu'une seule chose en tête. Réussir, pousser mes limites, obsédé par la perfection et ce que l'Homme avait à offrir avec ses mains et sa créativité. Je n'avais pas de réelles ambitions, piégé dans ce mécanisme imperturbable. Je suis mort... tel un chien trop vieux pour continuer de vivre. Je faisais peur à mes proches, mes parents en étaient fiers, jusqu'au jour où ils virent leur fils sans vie dans l'atelier. Le médecin a diagnostiqué, la cause du décès comme une surcharge de travail, je n'avais pas dormi depuis des jours entiers, oubliant même de me désaltérer. Je voulais le summum dans tout ce que je faisais. Quel homme parfait tel que moi, meurt aussi indignement ? 

Sterling était triste, et je compatissais pour lui. Moi j'étais sous la pression d'échouer, et lui de trop réussir, il faisait peur à tout le monde, car il ne devait pas être humanisé aux yeux des autres. Une part de moi, ne voulait pas comprendre, ne pouvait pas, comprendre. 

— La sensation de réussir, c'est bien, c'est enivrant nous avons de la reconnaissance et nous existons aux yeux de tous. Que ce soit en bien ou en mal, ils ne peuvent que t'aimer ou te jalouser. Ah, ce n'est pas nouveau... et puis j'ai croisé le chemin d'Atkins. Ne le dis pas à Gooding, il m'en voudrait fortement. Atkins m'a fait signé un contrat, en échange de lui donner appartenance à mon âme. Comme toi, en somme. 

— Donc tu es emprisonné ? 

— Mais en échange d'avoir ce que j'ai toujours voulu être, ou avoir. Je ne voulais pas me rabaisser à tous ces êtres déchus... et à moi-même.

« Alors la réussite, et le fait d'avoir un talent ne nous comble pas non plus de bonheur... ? Impossible. Il a tout ce qu'il a voulu avoir, et devenir quelqu'un de très important, la fierté. Son talent est d'un précieux que personne ne pourrait jamais avoir. Il dit n'importe quoi. »

Ou peut-être pas. 

Peut-être qu'il y avait d'autres moyens de se combler, et de trouver un sens à notre vie et notre talent sans même à être obligé tout le temps, de prouver aux autres. 

Mais est-ce que ça suffirait à passer outre tous ces regards... ? 

— Malgré mes difficultés à cerner Atkins, je ne suis pas ingrat pour autant, Dionysia. Nous nous entendons pas bien, mais c'est comme ça.

— Et tu te sens complet ? Pas seul ? Avec des talents pareils, tu devrais... avoir plus. Tes parents ont fait naître quelque chose d'unique... 

Sterling pouffa un rire moqueur qui me déconcerta. Comme Atkins, il riait, et rien ne me faisait rire à ce moment-là. Il s'avança vers moi, me montrant tous ses travaux et ses œuvres. Je n'étais pas nature jalouse, mais j'étais sûre que de mon ancienne vie, j'aurais été jalouse d'un tel talent. Surtout à cause de mes échecs constants. Ma richesse ne m'aiderait pas à me sentir plus haut que lui. 

Oula ma chérie, tu confonds talent et don, sourit Sterling. Il m'en a fallut des heures, des jours, des années pour parfaire tout ce que je fais. Tout ce que tu vois, tout ce que j'ai entrepris, ce n'est pas que par la volonté, ou la naturelle nature de l'Homme, je l'ai fait, en travaillant, jour et nuit, obsédé par cette volonté d'en faire toujours plus. Est-ce que j'ai réussi ? bien sûr, et j'en suis fier. Mais rien n'arrive par tout hasard. Ta perte de confiance, le fait que tu te retrouves pas, voilà ton talent intellectuel, le libre-arbitre de tes pensées. Tu peux les contrôler, tu  peux repousser les âmes déchues. Atkins peut ne pas te garder sous son emprise. 

Soudain, j'ai eu un déclic.

— Tu veux... que je déjoue le contrat que j'aie avec Atkins ? demandai-je choquée. 

Son sourire ne faillit pas : 

— Les âmes pures peuvent être libres, malheureusement nous ici bas, nous ne pouvons plus devenir l'enfant que nous étions autrefois. Alors nous continuons de vivre, dans ce système dans lequel nous avons grandis. Toi, tu peux fuir. Tu n'es ni enfant, ni adulte.  

— Mais... je ne suis pas sûre que ce soit ce que voudrait Atkins que je fasse. C'est malhonnête, et jamais il ne me le pardonnerait. Sterling, je... je ne suis pas comme vous, je n'ai rien de spécial, ou de talentueux. Même si je suis consciente... 

— Tu comprendras peut-être plus tard... ou pas, ricana-t-il sans être vexé ou méchant. Tu dois être affamée, je me trompe ? Manges, ne t'inquiète pas, mes cupcakes ne vont pas te replonger dans ton inconscient. Sauf si c'est ton désire... bien que ton corps n'existe plus. Sans doute pour cela que tu te sens incomplète... 

 « Que m'est-il arrivé ? demandes-lui. Je veux savoir où je suis. »

Je voulais lui poser la question, mais je fus stoppée dans mon élan par des frappes à la porte. Légers, mais très distincts. Je regardai en direction de la porte, par-dessus l'épaule de Sterling, qui se retourna pour voir l'interlocuteur.

« Non pas maintenant. J'ai besoin de savoir. »

Je saurai plus tard... 

— Est-elle réveillée ? j'aimerais lui parler. 

— Hellwing ! Bien évidemment, j'allais justement lui donner des remontants, je reviens, je vais vous préparer ça, dit avec enjouement Sterling ne nous laissant pas le temps de lui dire un mot. 

Hellwing... me faisait toujours aussi peur, elle n'avait pas lâchée cette lanterne, et tous ces masques pendants... s'entrechoquaient, chaque pas qu'elle faisait. Mon Moi, m'avait conseillé de lui parler... 

« Cette fois, c'est la fin de nos questionnements. »

© CyberKy ,
книга «Demonic Bond - L'âme de Dionysia».
Chapitre 16 : Tineburgh
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