Chute
Les sombres pensées de la demoiselle finirent leur trajet : elles avaient emmené leur victime au bord d'une haute falaise sur laquelle la mer s'écrasait en hautes et puissantes vagues. Si n'importe quoi tombait de cette falaise, la chose serait aisément prise par les vagues pour finir en morceaux contre l'imposant mur.
La jeune fille contempla longtemps ce que le paysage avait à lui offrir. Elle contempla l'horizon, les quelques nuages décorant le ciel bleu, la mer qui, à la marée basse, pouvait laisser entrevoir des rochers pointus. La marée était haute. Les vagues, contenant toute la colère du monde entier, transformeraient un jour cette falaise en vulgaire sable.
Ensuite, la future condamnée visita la déplorable décharge qu'était devenu son esprit. Le quartier positif, devenu désert, paraissait conquit par toutes les saletés qui empoisonnaient sa vie. Elle chercha, en vain, une raison de vivre. Elle appelait, criait, hurlait, pleurait depuis des années déjà. Personne ne venait, comme ce fut le cas à l'instant. Personne n'était venu.
Soudain, elle trouva un gouffre dans son esprit, et quelqu'un semblant être au fond demandait de l'aide. Un sourire illumina son visage : elle pouvait faire une bonne action ! Sans hésiter, elle se laissa tomber. Les appels à l'aide cessèrent. Un piège ?
Au lieu de paniquer sur ce qu'elle trouverait au fond, elle se concentra sur sa vie, ses souvenirs, ses quelques années de bonheur. Ses yeux devinrent vite clos, afin de profiter de cet instant. Son esprit tombait, tombait dans cesse, comme si le vide n'avait pas de fin. Pourtant, aucune sensation ne l'habitait. La jeune fille entendait juste, au loin, les monstrueuses vagues qui ne pouvaient faire qu'une bouchée d'elle.
Plus elle tombait, plus les appels à l'aide devenaient forts. Mais qui sauver ? Personne n'était en vue. En fait, son esprit ne possédait aucun des cinq sens.
Ni la vue pour connaître le faciès de la personne en détresse.
Ni le toucher pour attraper sa main.
Ni l'odorat pour identifier une quelconque chose pouvant dégager un quelconque parfum.
Ni le goût pour connaître la douceur des lèvres d'une personne que l'on embrasse.
Ni l'ouïe pour détecter la fin de sa chute.
Elle tombait simplement, jouant ses souvenirs, ses émotions, sa vie en une seule représentation qu'était son esprit. Et elle se devait de lui donner les cinq sens, car il s'agissait de la seule chose qu'elle n'osait pas parier. De la seule chose qu'elle ne voulait pas parier. Pourtant, elle le fit, et cela dans le plus grand des ordres.
Elle donna à son esprit la vision de la falaise qui s'éloignait.
Elle donna à son esprit l'ouïe du vent qui sifflait dans son oreille.
Elle donna à son esprit l'odeur salée et humide de la mer.
Elle donna à son esprit le goût de l'eau si bleue et si salée qui l'engloutissait comme un vulgaire dîner.
Et enfin, en un dernier sourire, elle donna la sensation de douleur de son corps causée par le croisement entre les vagues surpuissantes et la dure falaise.
La jeune fille contempla longtemps ce que le paysage avait à lui offrir. Elle contempla l'horizon, les quelques nuages décorant le ciel bleu, la mer qui, à la marée basse, pouvait laisser entrevoir des rochers pointus. La marée était haute. Les vagues, contenant toute la colère du monde entier, transformeraient un jour cette falaise en vulgaire sable.
Ensuite, la future condamnée visita la déplorable décharge qu'était devenu son esprit. Le quartier positif, devenu désert, paraissait conquit par toutes les saletés qui empoisonnaient sa vie. Elle chercha, en vain, une raison de vivre. Elle appelait, criait, hurlait, pleurait depuis des années déjà. Personne ne venait, comme ce fut le cas à l'instant. Personne n'était venu.
Soudain, elle trouva un gouffre dans son esprit, et quelqu'un semblant être au fond demandait de l'aide. Un sourire illumina son visage : elle pouvait faire une bonne action ! Sans hésiter, elle se laissa tomber. Les appels à l'aide cessèrent. Un piège ?
Au lieu de paniquer sur ce qu'elle trouverait au fond, elle se concentra sur sa vie, ses souvenirs, ses quelques années de bonheur. Ses yeux devinrent vite clos, afin de profiter de cet instant. Son esprit tombait, tombait dans cesse, comme si le vide n'avait pas de fin. Pourtant, aucune sensation ne l'habitait. La jeune fille entendait juste, au loin, les monstrueuses vagues qui ne pouvaient faire qu'une bouchée d'elle.
Plus elle tombait, plus les appels à l'aide devenaient forts. Mais qui sauver ? Personne n'était en vue. En fait, son esprit ne possédait aucun des cinq sens.
Ni la vue pour connaître le faciès de la personne en détresse.
Ni le toucher pour attraper sa main.
Ni l'odorat pour identifier une quelconque chose pouvant dégager un quelconque parfum.
Ni le goût pour connaître la douceur des lèvres d'une personne que l'on embrasse.
Ni l'ouïe pour détecter la fin de sa chute.
Elle tombait simplement, jouant ses souvenirs, ses émotions, sa vie en une seule représentation qu'était son esprit. Et elle se devait de lui donner les cinq sens, car il s'agissait de la seule chose qu'elle n'osait pas parier. De la seule chose qu'elle ne voulait pas parier. Pourtant, elle le fit, et cela dans le plus grand des ordres.
Elle donna à son esprit la vision de la falaise qui s'éloignait.
Elle donna à son esprit l'ouïe du vent qui sifflait dans son oreille.
Elle donna à son esprit l'odeur salée et humide de la mer.
Elle donna à son esprit le goût de l'eau si bleue et si salée qui l'engloutissait comme un vulgaire dîner.
Et enfin, en un dernier sourire, elle donna la sensation de douleur de son corps causée par le croisement entre les vagues surpuissantes et la dure falaise.
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