La Révolution
Le soleil commençait timidement à percer la brume matinale de la plaine des Humains. Ses rayons orangés couplés au ciel rose rendaient le brouillard magnifique, digne d'un paradis que les pauvres n'atteindraient jamais.
Pourtant, en cette calme matinée, le peuple, quelle que fut sa classe sociale, était courroucé ; il faut dire que le journaliste ayant découvert la face cachée de la société avait vite répandu la nouvelle. Tout commença par une grande femme, maigre et sale, marchant dans les rues à l'aide d'un grand drapeau sur lequel il était inscrit en grec « Liberté ». De sa voix cassée et grave, elle hurlait ce mot, le répétait en boucle, jusqu'à ce que les fenêtres s'ouvrirent pour laisser place à des têtes endormies, mais déterminées. Une dame, sûrement par solidarité féminine, rejoignit la militante pour crier le même mot ; puis une dizaine de femmes suivirent ; puis ce fut tout le village, enfants compris, qui marchait derrière la personnification de l'espoir : persistante et immortelle.
Car, bien que cette dernière ne se voyait qu'affreuse, sale, maigre et mutilée, le peuple voyait autre chose, le peuple voyait une femme extraordinairement courageuse, d'une bravoure sans faille, et certains juraient voir un halo blanc et lumineux autour d'elle, tandis que sa cape volait au vent. Ses yeux bleus glace, habituellement vides, brillaient de révolte. Il était temps de faire tomber la théocratie mensongère.
Rapidement, elle se retrouva devant des centaines de personnes armées de haches, de pelles et de pioches, ayant le même objectif qu'elle : trancher la tête et arracher le masque des prêtres.
Le soleil était au zénith quand ils atteignirent la capitale. Des milliers de personnes suivaient leur guide, et leur colère ne faisait qu'augmenter à chaque pas. Soudain, la géante s'arrêta, et prononça quatre mots :
« Vous pouvez y aller. »
Alors ce fut l'émeute. Hommes, femmes, enfants, tout le monde courut vers l'Église, forçant la porte et envahissant le lieu sacré. Les prêtres ayant le malheur d'être à côté d'un vitrail en hauteur furent poussés dans le vide, brisant la mosaïque en mille morceaux. À l'aide de leurs armes, ils décapitèrent les représentants de Dieu ou transpercèrent leur cœur. Les enfants allumèrent un bûcher dans lequel furent poussés les tyrans religieux survivants au massacre.
Cependant, la commandante de la Révolution n'avait cure de ce massacre barbare : tout ce qui l'intéressait était d'observer les yeux sans vie d'un de ses tortionnaires. Une tête de prêtre roula à des pieds. Elle arracha le masque mais ne vit que du sang : le masque était cousu à la peau et sous celui-ci, un tatouage identique au masque recouvrait le visage ! Un immense courroux s'empara de la victime dorénavant immortelle. Elle cracha sur le visage sanguinolent et donna un coup de pied dans la tête, qui finit sa course dans le bûcher.
« Mère, songea-t-elle, es-tu fière de moi ? Notre lignée de damnés, comme tu la nomme, n'ira plus en enfer. Dieu et Satan sont morts pour le peuple. »
Elle se remémora soudain une phrase de sa religion.
« Dieu créa un homme et une femme, le troisième genre fut inventé par les Humains afin de se sentir supérieur. Si vous n'êtes ni un homme, ni une femme, vous courez à votre perte. »
Elle sourit. Elle n'avait jamais eu de genre.
C'est ainsi que, au milieu de cris de joie, de désespoir et de haine, la première agenre non-refoulée de l'Humanité fit son apparition. Cette révélation était révolutionnaire, tout comme le feu qui enveloppait l'Église.
Un sourire se dessina sur les lèvres d'Ana Éthizo. Enfin, elle avait accompli son rêve.
Pourtant, en cette calme matinée, le peuple, quelle que fut sa classe sociale, était courroucé ; il faut dire que le journaliste ayant découvert la face cachée de la société avait vite répandu la nouvelle. Tout commença par une grande femme, maigre et sale, marchant dans les rues à l'aide d'un grand drapeau sur lequel il était inscrit en grec « Liberté ». De sa voix cassée et grave, elle hurlait ce mot, le répétait en boucle, jusqu'à ce que les fenêtres s'ouvrirent pour laisser place à des têtes endormies, mais déterminées. Une dame, sûrement par solidarité féminine, rejoignit la militante pour crier le même mot ; puis une dizaine de femmes suivirent ; puis ce fut tout le village, enfants compris, qui marchait derrière la personnification de l'espoir : persistante et immortelle.
Car, bien que cette dernière ne se voyait qu'affreuse, sale, maigre et mutilée, le peuple voyait autre chose, le peuple voyait une femme extraordinairement courageuse, d'une bravoure sans faille, et certains juraient voir un halo blanc et lumineux autour d'elle, tandis que sa cape volait au vent. Ses yeux bleus glace, habituellement vides, brillaient de révolte. Il était temps de faire tomber la théocratie mensongère.
Rapidement, elle se retrouva devant des centaines de personnes armées de haches, de pelles et de pioches, ayant le même objectif qu'elle : trancher la tête et arracher le masque des prêtres.
Le soleil était au zénith quand ils atteignirent la capitale. Des milliers de personnes suivaient leur guide, et leur colère ne faisait qu'augmenter à chaque pas. Soudain, la géante s'arrêta, et prononça quatre mots :
« Vous pouvez y aller. »
Alors ce fut l'émeute. Hommes, femmes, enfants, tout le monde courut vers l'Église, forçant la porte et envahissant le lieu sacré. Les prêtres ayant le malheur d'être à côté d'un vitrail en hauteur furent poussés dans le vide, brisant la mosaïque en mille morceaux. À l'aide de leurs armes, ils décapitèrent les représentants de Dieu ou transpercèrent leur cœur. Les enfants allumèrent un bûcher dans lequel furent poussés les tyrans religieux survivants au massacre.
Cependant, la commandante de la Révolution n'avait cure de ce massacre barbare : tout ce qui l'intéressait était d'observer les yeux sans vie d'un de ses tortionnaires. Une tête de prêtre roula à des pieds. Elle arracha le masque mais ne vit que du sang : le masque était cousu à la peau et sous celui-ci, un tatouage identique au masque recouvrait le visage ! Un immense courroux s'empara de la victime dorénavant immortelle. Elle cracha sur le visage sanguinolent et donna un coup de pied dans la tête, qui finit sa course dans le bûcher.
« Mère, songea-t-elle, es-tu fière de moi ? Notre lignée de damnés, comme tu la nomme, n'ira plus en enfer. Dieu et Satan sont morts pour le peuple. »
Elle se remémora soudain une phrase de sa religion.
« Dieu créa un homme et une femme, le troisième genre fut inventé par les Humains afin de se sentir supérieur. Si vous n'êtes ni un homme, ni une femme, vous courez à votre perte. »
Elle sourit. Elle n'avait jamais eu de genre.
C'est ainsi que, au milieu de cris de joie, de désespoir et de haine, la première agenre non-refoulée de l'Humanité fit son apparition. Cette révélation était révolutionnaire, tout comme le feu qui enveloppait l'Église.
Un sourire se dessina sur les lèvres d'Ana Éthizo. Enfin, elle avait accompli son rêve.
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