La délivrance
Les douze coups de cloche de l'église marquèrent le milieu de la journée. Le soleil était absent, couvert par de gros nuages gris. Se tramait-il quelque chose dans les mondes invisibles ?
Sous sa cape noire, la Doyenne des Humains savait ce qu'il se passait. Cela expliquait pourquoi elle était sortie si tôt,elle qui ne visitait la ville que la nuit. Sous sa cape noire,elle souriait très légèrement. Sous sa cape noire, elle respirait, profitant pour la première fois de l'air frais du monde extérieur. Sous sa cape noire, elle pensait à sa mère.
Sa chère mère, qu'elle allait bientôt rejoindre.
Le ciel s'assombrit de plus en plus, et les Humains, inquiets de ce que Dame Nature pouvait leur réserver, se hâtèrent dans leurs maisons, si bien qu'il ne resta plus qu'une silhouette grande et maigre au milieu de la rue qui longeait sa propre bâtisse.
Appuyée sur son bâton, elle marcha à pas assurés. N'importe quel passant pouvait croire que le bâton fut inutile tant elle était certaine dans ses pas. En réalité, chaque fois que son pied touchait le sol, une douleur aiguë la traversait, ses chaussures étant trop petites. Elle avait mal. Ses cicatrices s'ouvraient de nouveau. Sa brûlure devenait de plus en plus rouges, et les cloques de plus en plus visibles. Elle souffrait, hurlait à l'intérieur, pleurait un peu à l'extérieur, mais tenait bon.
Elle arriva finalement à la place de la ville, le boulevard de rêves brisés. Il y avait une statue d'elle et, devant, un gibet. Ce gibet sur lequel des milliards d'innocents furent mis à mort, ce gibet où chaque prêtre n'ayant pas eu la tête coupée eut été exécuté, ce gibet où les soi-disant pécheurs achevaient leur vie.
Le vent se mit à souffler de plus en plus fort, menaçant d'emporter la Doyenne. Son sourire, présent uniquement lorsqu'elle songeait à sa douce mère, s'élargit. Elle ôta sa cape, la laissant danser avec le vent, découvrant ainsi son corps maigre et mutilé. Elle sortit de sa poche un ciseau et se coupa les cheveux comme lorsqu'elle était enfant. Les mèches rejoignirent la cape et la brise, s'éparpillant partout sur les toits des maisons.
La femme qui n'avait de jeune que l'apparence fuma, et écrasa sa cigarette pour la dernière fois. « Ça me manquera. », songea-t-elle, jetant toute sa drogue dans le vent. Elle posa son bâton et, par miracle, marcha vers sa mort.
Un éclair aveuglant traversa le ciel, puis un deuxième le suivit quelques minutes plus tard. Il était temps. Dieu, ou plutôt celles qui contrôlaient Dieu, étaient décédées.
Alors elle attrapa la corde, la passa autour de son cou, monta sur le petit tabouret et l'éloigna d'un coup de pied. Aussitôt elle suffoqua, se débattit, mais, son corps n'aimant guère les efforts, elle se laissa emporter par la mort sans plus de façons.
Enfin, elle était libre.
Sous sa cape noire, la Doyenne des Humains savait ce qu'il se passait. Cela expliquait pourquoi elle était sortie si tôt,elle qui ne visitait la ville que la nuit. Sous sa cape noire,elle souriait très légèrement. Sous sa cape noire, elle respirait, profitant pour la première fois de l'air frais du monde extérieur. Sous sa cape noire, elle pensait à sa mère.
Sa chère mère, qu'elle allait bientôt rejoindre.
Le ciel s'assombrit de plus en plus, et les Humains, inquiets de ce que Dame Nature pouvait leur réserver, se hâtèrent dans leurs maisons, si bien qu'il ne resta plus qu'une silhouette grande et maigre au milieu de la rue qui longeait sa propre bâtisse.
Appuyée sur son bâton, elle marcha à pas assurés. N'importe quel passant pouvait croire que le bâton fut inutile tant elle était certaine dans ses pas. En réalité, chaque fois que son pied touchait le sol, une douleur aiguë la traversait, ses chaussures étant trop petites. Elle avait mal. Ses cicatrices s'ouvraient de nouveau. Sa brûlure devenait de plus en plus rouges, et les cloques de plus en plus visibles. Elle souffrait, hurlait à l'intérieur, pleurait un peu à l'extérieur, mais tenait bon.
Elle arriva finalement à la place de la ville, le boulevard de rêves brisés. Il y avait une statue d'elle et, devant, un gibet. Ce gibet sur lequel des milliards d'innocents furent mis à mort, ce gibet où chaque prêtre n'ayant pas eu la tête coupée eut été exécuté, ce gibet où les soi-disant pécheurs achevaient leur vie.
Le vent se mit à souffler de plus en plus fort, menaçant d'emporter la Doyenne. Son sourire, présent uniquement lorsqu'elle songeait à sa douce mère, s'élargit. Elle ôta sa cape, la laissant danser avec le vent, découvrant ainsi son corps maigre et mutilé. Elle sortit de sa poche un ciseau et se coupa les cheveux comme lorsqu'elle était enfant. Les mèches rejoignirent la cape et la brise, s'éparpillant partout sur les toits des maisons.
La femme qui n'avait de jeune que l'apparence fuma, et écrasa sa cigarette pour la dernière fois. « Ça me manquera. », songea-t-elle, jetant toute sa drogue dans le vent. Elle posa son bâton et, par miracle, marcha vers sa mort.
Un éclair aveuglant traversa le ciel, puis un deuxième le suivit quelques minutes plus tard. Il était temps. Dieu, ou plutôt celles qui contrôlaient Dieu, étaient décédées.
Alors elle attrapa la corde, la passa autour de son cou, monta sur le petit tabouret et l'éloigna d'un coup de pied. Aussitôt elle suffoqua, se débattit, mais, son corps n'aimant guère les efforts, elle se laissa emporter par la mort sans plus de façons.
Enfin, elle était libre.
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