Humiliation
L'ange déchu alors qu'il n'avait rien fait de mal restait en silence dans sa cellule. Il avait hurlé ; il avait juré ; il avait pleuré ; il avait prié ; mais personne n'était venu. Sa seule compagnie était la jeune Tyrine et ses yeux vairons désolés et effrayés. Découragé, le jeune garçon s'écroula sur le sol, près de la petite rousse à la peau noire.
Elle le regarda avec pitié et tristesse. Voilà plus de cinq jours qu'ils étaient seuls, sans rien pour se sustenter, à la merci de la beauté la plus empoisonnée du Paradis.
L'absence de nourriture ne dérangeait pas Tyrine ; étant née ange pure, malgré son apparence, elle ne se nourrissait que des ondes positives sur le monde visible. Il y en avait toujours pour faire en sorte que sa maigreur ne fut pas maladive, mais malheureusement jamais assez pour qu'elle soit bien portante.
L'ange blond se tordait de douleur le ventre. Ayant appris depuis sa cinquième année à manger comme les habitants du monde visible, son estomac s'était adapté comme eux. Il avait faim, et il donnerait n'importe quoi pour un seul morceau de pain des Humains ou de salade des Elfes.
« Tout va bien, Even ? »
Tyrine, un peu pâle d'inquiétude, secoua légèrement l'épaule de son compagnon de cellule.
« Even, répondez-moi, je vous en supplie... Des larmes se formaient dans ses yeux. « Even, ne la laissez pas gagner...
-Lâche-moi, Tyrine, j'en ai assez.
Surprise, la jeune ange s'exécuta.
« J'en ai assez de cette vie de fugitif, continua-t-il. « Je veux mourir et ne plus voir Angélique ni personne d'autre. »
Le visage de la rousse passa d'effrayé à paniqué à la mention de la Magnificence du Paradis. Elle aurait pu dire, à ce moment-là, bien des choses ; elle aurait pu déclarer son amour à ce bel ange blond ; elle aurait pu le consoler, l'empêcher de mettre fin à ses jours, voire appeler celle qu'elle redoutait plus que tout au monde. Mais elle ne fit rien. Quitte à avoir sa mort sur la conscience. Elle se contenta de le regarder mourir en silence.
Even se leva soudain, et courut vers la fenêtre demeurée ouverte. Il sauta. Tyrine hurla,un cri aigu qui se répercuta dans toute la cellule et qui rebondit sur les murs insonorisés.
Alors le miracle se produisit.
La Magnificence apparut dans la pièce, ses cheveux blonds au vent qui n'existait même pas, et la moquerie dans ses beaux yeux bleus. Elle tenait Even à bout de bras, visiblement dégoûtée de le toucher. Elle le lança sur la pauvre fille morte de peur.
« Je crois que "cela" t'appartient.
-Vous vous trompez, Votre Magnificence... Il n'appartient qu'à vous... Balbutia-t-elle, terriblement effrayée.
-Les ordures appartiennent à la poubelle ! »
Son ton n'admettait aucune réplique. Qui aurait cru qu'une ange si belle, si parfaite, était au fond si impure ?
Tyrine se mit à pleurer, une chose rare pour une ange pure comme elle. D'habitude, ses confrères ne montraient très peu leurs émotions.
L'apparition presque -et seulement presque- divine eut un rire léger, cristallin. Tout en elle respirait la pureté et pourtant, elle venait de faire pleurer une ange.
Soudain,Even porta ses mains à son œil droit. Il se crispa et hurla de douleur. Il pleurait, se débattait, hurlait à quelqu'un de stopper, il devenait fou. L'ange blonde sourit. Elle se volatilisa dans une aveuglante lumière blanche.
Tyrine voulut faire l'impossible pour calmer l'ange de ses rêves, aussi le serra-t-elle dans ses bras en lui caressant le dos. Elle lui murmurait des paroles, mais il n'écoutait rien, et ne faisait que répéter la même chose : un prénom de démon, le prénom de son frère.
« Even, calmez-vous, asseyez-vous. Voilà, c'est bien... Est-il arrivé quelque chose à Élido ?
-Élido... Murmura le pauvre garçon perturbé. « Il est en danger... Son œil... »
Tyrine n'en sut pas plus. Il recommençait à hurler et à se rouler par terre,se cognant volontairement la tête sur le sol,si bien que du sang dégoulinait de son nez.
Finalement, la crise d'Even s'acheva, et seuls ses sanglots résonnèrent dans la cellule. Sa compagne lui caressait doucement les cheveux, ignorant que le jeune ange ne pourrait jamais l'aimer.
La Magnificence revint, et avisa d'un œil méprisant la scène qui se déroulait sous ses yeux. Elle capta l'amour ardent de son esclave et le profond malheur de son prisonnier, aussi les sépara-t-elle et jeta-t-elle Even sur le sol, l'écrasant du talon pointu de son escarpin blanc.
« Les ordures sont les seules à avoir des sentiments. Tu n'es pas digne d'être un ange. »
Le blond ne répondit rien, bien trop éploré pour parler. Alors l'incroyable ange lui se servit dans le sac de voyage de son captif et obtint un petit cahier à la couverture aussi bleue que ses yeux. Elle prit également une plume gouttante d'encre noire et la plaça au-dessus d'une page vierge.
« L'obscur ne se tache jamais, commença-t-elle. « Tu peux lui ajouter autant de bonheur que tu le désires, il demeurera gris. »
L'encre fit une tache sombre au milieu de la feuille immaculée.
« La pureté se tache si facilement. Elle ne tient jamais bien longtemps. Même si ton âme est blanche et irréprochable, une goutte d'obscur suffit pour t'éloigner pour toujours du Paradis. »
Even regardait, horrifié, l'encre envahir la feuille comme le poison de la drogue avait envahi la Doyenne des Humains.
« Tu n'es pas pur, continua la Magnificence. « Tu ne l'as jamais été. Côtoyer ce démon, même s'il était ta seule famille, a fait de toi une ordure. »
Des larmes roulèrent sur les joues du blond.
« Tu n'était pas né pour vivre mais pour mourir. Dame Nature n'a aucun sens de la justice. »
La dernière goutte d'encre acheva de noircir la page tandis que la plus belle du Paradis brisa Even.
« Tu n'as ta place nulle part, et je plains l'humain que tu devras conseiller lorsque j'aurais fini de m'amuser avec toi.
-L'humain... Que je devrais conseiller ? Se risqua le garçon.
-Tu as très bien entendu, annonça platement l'ange aux cheveux longs. « Lorsque je me serais lassée de toi, tu seras jugé avec ton frère, et vous irez conseiller un Humain. »
C'en fut trop pour le pauvre captif, qui se mit à hurler sa peine,sa douleur et sa rancœur.
Alors, la belle femme ailée fit quelque chose que même Tyrine, dans ses scénarios les plus sombres, n'avait guère prévu. Elle s'empara de la plume et, à l'aide du bout pointu, traça une longue plaie en diagonale allant du sourcil droit au milieu de la joue droite du garçon, sans pour autant crever son œil. Il ne hurla pas. Il se laissa simplement faire, se mordant la lèvre pour ne rien laisser échapper.
Folle de rage devant la non-réaction de sa victime, la magnifique ange à la robe immaculée s'empara de Tyrine et, un sourire sadique déformant ses traits délicats l'approcha du visage d'Even.
« Finalement, ta punition sera d'épouser cette poubelle à émotions. Qu'en dis-tu ?
-Je refuse.
-Et pourquoi cela ? Questionna-t-elle, le visage corrompu par la colère et le sadisme.
-Parce que j'aime les hommes. »
Un grand moment de silence eut lieu ensuite. La Magnificence resserra sa prise sur Tyrine et, au bout de plusieurs minutes, elle hurla de rage en utilisant son esclave pour frapper son prisonnier. Cela dura longtemps ; il souffrait, Tyrine souffrait ; mais celle qui avait le plus mal, c'était celle qui agressait, car il s'agissait de son amour-propre et de ses principes.
Lorsqu'elle s'arrêta finalement, la rousse était inconsciente et molle. Tous ses os étaient brisés. Even, lui rassembla ses dernières forces pour regarder celle qui l'avait humilié :
« Je... Te... Déteste... Angélique... »
Il sombra dans l'inconscience, sans avoir l'impression d'avoir perdu. Il avait assumé son attirance romantique et c'était tout ce qu'il voulait faire.
Elle le regarda avec pitié et tristesse. Voilà plus de cinq jours qu'ils étaient seuls, sans rien pour se sustenter, à la merci de la beauté la plus empoisonnée du Paradis.
L'absence de nourriture ne dérangeait pas Tyrine ; étant née ange pure, malgré son apparence, elle ne se nourrissait que des ondes positives sur le monde visible. Il y en avait toujours pour faire en sorte que sa maigreur ne fut pas maladive, mais malheureusement jamais assez pour qu'elle soit bien portante.
L'ange blond se tordait de douleur le ventre. Ayant appris depuis sa cinquième année à manger comme les habitants du monde visible, son estomac s'était adapté comme eux. Il avait faim, et il donnerait n'importe quoi pour un seul morceau de pain des Humains ou de salade des Elfes.
« Tout va bien, Even ? »
Tyrine, un peu pâle d'inquiétude, secoua légèrement l'épaule de son compagnon de cellule.
« Even, répondez-moi, je vous en supplie... Des larmes se formaient dans ses yeux. « Even, ne la laissez pas gagner...
-Lâche-moi, Tyrine, j'en ai assez.
Surprise, la jeune ange s'exécuta.
« J'en ai assez de cette vie de fugitif, continua-t-il. « Je veux mourir et ne plus voir Angélique ni personne d'autre. »
Le visage de la rousse passa d'effrayé à paniqué à la mention de la Magnificence du Paradis. Elle aurait pu dire, à ce moment-là, bien des choses ; elle aurait pu déclarer son amour à ce bel ange blond ; elle aurait pu le consoler, l'empêcher de mettre fin à ses jours, voire appeler celle qu'elle redoutait plus que tout au monde. Mais elle ne fit rien. Quitte à avoir sa mort sur la conscience. Elle se contenta de le regarder mourir en silence.
Even se leva soudain, et courut vers la fenêtre demeurée ouverte. Il sauta. Tyrine hurla,un cri aigu qui se répercuta dans toute la cellule et qui rebondit sur les murs insonorisés.
Alors le miracle se produisit.
La Magnificence apparut dans la pièce, ses cheveux blonds au vent qui n'existait même pas, et la moquerie dans ses beaux yeux bleus. Elle tenait Even à bout de bras, visiblement dégoûtée de le toucher. Elle le lança sur la pauvre fille morte de peur.
« Je crois que "cela" t'appartient.
-Vous vous trompez, Votre Magnificence... Il n'appartient qu'à vous... Balbutia-t-elle, terriblement effrayée.
-Les ordures appartiennent à la poubelle ! »
Son ton n'admettait aucune réplique. Qui aurait cru qu'une ange si belle, si parfaite, était au fond si impure ?
Tyrine se mit à pleurer, une chose rare pour une ange pure comme elle. D'habitude, ses confrères ne montraient très peu leurs émotions.
L'apparition presque -et seulement presque- divine eut un rire léger, cristallin. Tout en elle respirait la pureté et pourtant, elle venait de faire pleurer une ange.
Soudain,Even porta ses mains à son œil droit. Il se crispa et hurla de douleur. Il pleurait, se débattait, hurlait à quelqu'un de stopper, il devenait fou. L'ange blonde sourit. Elle se volatilisa dans une aveuglante lumière blanche.
Tyrine voulut faire l'impossible pour calmer l'ange de ses rêves, aussi le serra-t-elle dans ses bras en lui caressant le dos. Elle lui murmurait des paroles, mais il n'écoutait rien, et ne faisait que répéter la même chose : un prénom de démon, le prénom de son frère.
« Even, calmez-vous, asseyez-vous. Voilà, c'est bien... Est-il arrivé quelque chose à Élido ?
-Élido... Murmura le pauvre garçon perturbé. « Il est en danger... Son œil... »
Tyrine n'en sut pas plus. Il recommençait à hurler et à se rouler par terre,se cognant volontairement la tête sur le sol,si bien que du sang dégoulinait de son nez.
Finalement, la crise d'Even s'acheva, et seuls ses sanglots résonnèrent dans la cellule. Sa compagne lui caressait doucement les cheveux, ignorant que le jeune ange ne pourrait jamais l'aimer.
La Magnificence revint, et avisa d'un œil méprisant la scène qui se déroulait sous ses yeux. Elle capta l'amour ardent de son esclave et le profond malheur de son prisonnier, aussi les sépara-t-elle et jeta-t-elle Even sur le sol, l'écrasant du talon pointu de son escarpin blanc.
« Les ordures sont les seules à avoir des sentiments. Tu n'es pas digne d'être un ange. »
Le blond ne répondit rien, bien trop éploré pour parler. Alors l'incroyable ange lui se servit dans le sac de voyage de son captif et obtint un petit cahier à la couverture aussi bleue que ses yeux. Elle prit également une plume gouttante d'encre noire et la plaça au-dessus d'une page vierge.
« L'obscur ne se tache jamais, commença-t-elle. « Tu peux lui ajouter autant de bonheur que tu le désires, il demeurera gris. »
L'encre fit une tache sombre au milieu de la feuille immaculée.
« La pureté se tache si facilement. Elle ne tient jamais bien longtemps. Même si ton âme est blanche et irréprochable, une goutte d'obscur suffit pour t'éloigner pour toujours du Paradis. »
Even regardait, horrifié, l'encre envahir la feuille comme le poison de la drogue avait envahi la Doyenne des Humains.
« Tu n'es pas pur, continua la Magnificence. « Tu ne l'as jamais été. Côtoyer ce démon, même s'il était ta seule famille, a fait de toi une ordure. »
Des larmes roulèrent sur les joues du blond.
« Tu n'était pas né pour vivre mais pour mourir. Dame Nature n'a aucun sens de la justice. »
La dernière goutte d'encre acheva de noircir la page tandis que la plus belle du Paradis brisa Even.
« Tu n'as ta place nulle part, et je plains l'humain que tu devras conseiller lorsque j'aurais fini de m'amuser avec toi.
-L'humain... Que je devrais conseiller ? Se risqua le garçon.
-Tu as très bien entendu, annonça platement l'ange aux cheveux longs. « Lorsque je me serais lassée de toi, tu seras jugé avec ton frère, et vous irez conseiller un Humain. »
C'en fut trop pour le pauvre captif, qui se mit à hurler sa peine,sa douleur et sa rancœur.
Alors, la belle femme ailée fit quelque chose que même Tyrine, dans ses scénarios les plus sombres, n'avait guère prévu. Elle s'empara de la plume et, à l'aide du bout pointu, traça une longue plaie en diagonale allant du sourcil droit au milieu de la joue droite du garçon, sans pour autant crever son œil. Il ne hurla pas. Il se laissa simplement faire, se mordant la lèvre pour ne rien laisser échapper.
Folle de rage devant la non-réaction de sa victime, la magnifique ange à la robe immaculée s'empara de Tyrine et, un sourire sadique déformant ses traits délicats l'approcha du visage d'Even.
« Finalement, ta punition sera d'épouser cette poubelle à émotions. Qu'en dis-tu ?
-Je refuse.
-Et pourquoi cela ? Questionna-t-elle, le visage corrompu par la colère et le sadisme.
-Parce que j'aime les hommes. »
Un grand moment de silence eut lieu ensuite. La Magnificence resserra sa prise sur Tyrine et, au bout de plusieurs minutes, elle hurla de rage en utilisant son esclave pour frapper son prisonnier. Cela dura longtemps ; il souffrait, Tyrine souffrait ; mais celle qui avait le plus mal, c'était celle qui agressait, car il s'agissait de son amour-propre et de ses principes.
Lorsqu'elle s'arrêta finalement, la rousse était inconsciente et molle. Tous ses os étaient brisés. Even, lui rassembla ses dernières forces pour regarder celle qui l'avait humilié :
« Je... Te... Déteste... Angélique... »
Il sombra dans l'inconscience, sans avoir l'impression d'avoir perdu. Il avait assumé son attirance romantique et c'était tout ce qu'il voulait faire.
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