Une journée à Londres
Contre-la-montre
Le blanc n'est pas une couleur
Deux fleurs
Chute
La Demoiselle
Un oubli
Un sommeil lourd
Le monde de l'hiver
Gravure
Papa est méchant
La ville endormie
Ma chère fille
À toi que j'aime
La torture
Humiliation
La délivrance
Terrorisée
La Révolution
La beauté de l'aube
Doux réveil
Doux réveil
Les rayons du soleil rebondissaient sur le lac brun de vie du sous-bois. Les animaux de la forêt, curieux, s'approchèrent du lac, bien que celui-ci ne les intéressaient guère ; le centre de l'attention de la forêt était une chevelure blonde dorée salie par la berge boueuse. Jamais, auparavant, les êtres vivants de ce sous-bois n'avaient vu pareille couleur. Ceux qu'ils avaient établi leur vie ici voyaient des poils sombres sur la tête comme sur le torse. Pourtant, cette créature endormie était à l'inverse de leurs normes : imberbe, cheveux blonds et surtout, nu comme un ver, ses jambes de bipède recouvrant ses parties intimes.
Il ouvrit doucement les yeux, étonnant davantage les animaux, car ils étaient bleu ciel.

Le jeune homme chercha à s'orienter. Que s'était-il passé ? Pourquoi était-il livré à lui-même dans la forêt et nu, de surcroît ? Il se souvint être allé à la fête des Elfes, avoir bu, avoir dansé avec un Centaure... Puis plus rien. Son dernier souvenir était celui du magnifique homme-cheval lui tendant la main.
Petit à petit, il se rappela de la chaleur du corps de son partenaire lorsqu'ils dansaient. Il s'était abandonné dans la danse, puis dans l'alcool, puis avait suivi... Quel était son nom ? Aridan ? Ardian ? Non, Adrian !

Il entendit le feuillage bouger et vit le plus beau Centaure du monde. Celui-ci lui sourit, et s'amusa encore plus lorsqu'il vit que le jeune homme était nu. Even, car il s'agissait bien de lui, chercha ses vêtements, et Adrian s'amusa de sa pudeur. Il lui désigna d'un mouvement de tête une branche sur laquelle pendaient un pantalon de toile ainsi qu'une chemise blanche et une veste bleu foncé réservée pour les grandes occasions. Le jeune ange déchu se vêtit en hâte pour rejoindre son amant, qu'il embrassa doucement. Les deux mâles se sourirent, ils étaient dans leur bulle, mais le plus petit ignorait en réalité tout de celui avec qui il avait passé la plus belle nuit de sa vie. Pris de doute, il incita Adrian à le regarder et commença à le questionner.

« Je sais que ça puis paraître stupide, mais pourquoi avez-vous permis à un... (Il détourna le regard et se racla la gorge) ...déchet comme moi de vivre un tel instant de bonheur ?

Adrian laissa trahir son expression surprise face aux propos de son partenaire.

—Mais, voyons... Vous n'êtes pas un déchet ! Vous êtes mon partenaire, mon amant. D'ailleurs, pour officialiser cela, nous allons commencer par nous tutoyer, qu'en dites-vous?

Even, d'abord hypnotisé par la voix suave et le doux regard du Centaure, acquiesça doucement. Puis il reprit ses esprits et continua.

—Je veux dire... Je suis un ange déchu... Une créature rejetée par le Tout-Puissant  lui-même... (Plus il parlait, plus sa voix se corrompait de sanglots) Je ne devrait pas attirer ainsi l'attention d'un Centaure aussi important... Je ne comprends pas...

Adrian fléchit les pattes avant pour se retrouver au niveau de la pauvre créature éplorée qu'était Even.

—Pourquoi  t'ais-je choisi ? Car justement, tu n'es pas de l'espèce que l'on voit sur cet ennuyeux monde terrestre. Tu es la lumière sombre et ton frère est l'ombre claire, vous êtes uniques au monde. Je ne collectionne que des modèles rares, tu comprends?

—Je fais partie d'une... De ta collection ?

—Pas au sens propre bien entendu ! C'est une métaphore ! »

Pourtant, la goutte de sueur perlant sur sa tempe était réelle. Cependant, Even était trop éploré pour voir que son amant lui mentait. Il battit des paupières et vit une nouvelle cicatrice sur le visage de son compagnon.

« Quand t'es-tu fait cela ? déplora-t-il.

—Hier. Il me fallait bien un petit simulant, sourit-il. »

Even hocha positivement la tête, se calmant petit à petit. Puis, au bout de quelques minutes, il monta sur Adrian, et partit en route vers Élido.
© Élodie ,
книга «Un regard de détresse - Recueil de nouvelles».
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