Jour 1 :
Aujourd’hui, Marielle est venue panser mes blessures et nettoyer le sang qui avait bien séché sur moi. Entre mon nez, le sang du policier sur ma bouche et mon dos en charpie, l’infirmière a été gâté.
Mais malgré ça, je n’ai rien fait de la journée si ce n’est me tordre de douleur tant j’avais mal au dos. Marielle m’a donné un calmant, mais je n’ai pas vraiment l’impression que ça fonctionne puisque j’ai toujours aussi mal au fond de moi.
Jour 3 :
Aujourd’hui, la douleur commence enfin à disparaître grâce aux nombreux médicaments qu’on me refile. Le problème maintenant est que j’ai pleuré toute la journée. Impossible de m’arrêter. Ça ne fait que trois jours et j’ai déjà l’impression que ça fait une éternité. Marielle a essayé de me réconforter à l’aide d’une berceuse, mais les larmes coulaient toujours autant.
Jour 7 :
Une semaine déjà. Une semaine que je suis enfermée à double tours dans cette chambre avec le droit d’aucune visite. Après avoir vider mon stock de larmes durant deux jours, je me suis mise en colère. Pas une petite colère passagère, non une colère qui décime tout sur son passage. C’est simple, j’ai tout renversé dans ma chambre. Déjà qu’il n’y avait pas grand-chose, mais mon armoire est au sol, mes blouses déchirés et éparpillés, le matelas est arrivé de l’autre côté de la chambre et la porte… la porte, je me suis tellement acharnée dessus pour sortir que la poignée m’est rester dans la main et un trou de la taille d’une balle de tennis s’est fait dedans. Une porte vous allez me dire, il faut une force herculéenne pour faire un trou dans une porte qui n’est pas en bois qui plus est ! Croyez-moi c’est ce que j’ai réussis à faire, je me suis même brisé la main, mais sous la colère je n’ai rien sentit.
Jour 8 :
Vous n’allez pas me croire ! Ils ont glissé dans ma nourriture un somnifère pour venir ranger ma chambre et changer la porte. Je ne sais pas si le plus dur à encaisser est que je ne peux même pas avoir confiance en la nourriture que je mange ou simplement que tout le monde a peur de moi et n’ose pas m’approcher ?
Une chose est certaine, c’est que j’ai remis la chambre comme elle était hier et ai repris un malin plaisir à re déchirer ses affreuses blouses qui sentent bon la lessive.
Jour 15 :
J’en ai marre. Je tourne comme un lion en cage. Les quatre murs blancs commencent à me sortir par les yeux. Ils ont abandonné l’idée de ranger ma chambre car à chaque fois je remettais tout comme avant. De temps en temps je pousse un énorme cri de douleur qui résonne dans toute ma chambre, et ça me soulage quoi ? Quelques secondes ? Quelques secondes où j’oublie la douleur physique et mentale. Où j’oublie les décharges électriques dans mon dos. Où j’oublie pourquoi je suis-là. Où j’oublie Morgan.
Morgan…
Je n’arrive pas à savoir si je lui en veux. Je suis persuadée au fond de moi que ce n’est pas lui qui m’a envoyé ici. Je me convaincs qu’il viendra me chercher. Après tout on en est qu’au quinzième jours, il a peut-être plein de choses à faire avant de me récupérer. Je suis sûr qu’il m’aime même s’il ne me l’a jamais dit de vive voix. Jamais il n’a prononcé ces trois mots. Sûrement avait-il peur ?
Jour 26 :
Je n’en peux plus ! Par pitié venez m’aider ! Ça fait maintenant un mois que je n’ai pas revue la lumière du jour. Un mois que la seule personne à entrer dans ma chambre n’est autre que Marielle. J’étouffe. Je me sens oppressée et j’ai presque l’impression que les murs bougent pour venir se refermer sur moi. Je n’arrive même plus à manger à ma faim. Les assiettes souvent bien garnies de nourritures repartent presque aussi remplie qu’à l’allée. Il m’arrive même de rêver alors que je suis bien réveillée. Je vois des choses qui ne devrait pas être là. Je perds la tête, par pitié venez m’aider.
Jour 40 :
Vous ne trouvez pas que 40 jours ferait un bon anniversaire ? Jamais un patient est resté aussi longtemps enfermé dans sa chambre. Malheureusement, je ne pense pas qu’il y aura beaucoup d’invités… Quoi que en faisant mon plus beau sourire je suis sûr qu’elles accepteraient. On mangerai du gâteau, on jouerai aux cartes, on chanterai de vieilles chansons. Ce serait l’un des meilleurs anniversaires que je n’aurais jamais eus. Et après, le soir venu ils retourneront tous dans leur chambre et ne reviendront pas avant mon prochain anniversaire. 100 jours, ce serait pas mal non ? En tout cas si je les atteins je ferai la plus grande fête qui existe.
Jour 51 :
Vous savez quoi ? Je viens d’entendre à travers ma porte - oui je passe mes journées l’oreille collé contre ma porte et alors ça vous dérange ? – qu’on m’appelle la folle. Moi j’aime bien ce surnom. Je suis la folle des folles ! Vous ne trouvez pas que ça fait noble comme nom ? « Je suis la reine d’Angleterre » disent certaines, « et moi le roi de ces terres » diront d’autres. Petits rigolos, vous ne m’arrivez aucunement à la cheville car moi je suis : la folle des folles !
Jour 59 :
Me croirez-vous si je vous dis que je ne me rappelle plus la dernière fois que j’ai dormi ? Vraiment, vraiment ! Dormir à quoi ça sert franchement ? C’est une perte de temps. On reste allongé sur un lit à attendre le temps qui passe.
Jour 65 :
Aujourd’hui j’ai ri. J’ai beaucoup ri. Les infirmières se sont enfin rendu compte que j’étais une artiste. Dans un coin de ma chambre j’ai créé une magnifique sculpture faite à base d’aliments. Bon mon œuvre n’est pas fini, mais elle ressemble à quelque chose de grandiose. Je sens l’art couler en moi et franchement je ne me suis jamais sentie aussi bien. En revanche ce que je n’ai pas compris c’est la poche qu’ils ont relié à mon bras. C’est tout mou et transparent c’est drôle !
Jour 73 :
J’en ai marre. Marre de ma chambre, marre de Marielle, marre de moi, marre de ma vie.
Jour 76 :
Ça fait maintenant 4 jours que mon cerveau est envahi de pensées toutes aussi sombres les unes que les autres. Morgan m’a abandonné, il n’y a aucun doute là-dessus. Marielle aussi m’a abandonné pour laisser place à une infirmière hideuse de tête et complètement débile. Je me suis imaginé tout un tas de suicides différents car plus rien ne m’attache à la vie maintenant. Je me suis d’abord imaginée pendue aux barreaux de la fenêtre mais elle trop basse, je toucherai le sol avec mes pieds. Je me suis imaginée les veines tranchées, mais avec une paille ça va être compliqué. Puis je me suis imaginée morte un point c’est tout. Un mort ça ne mange pas, ça ne dort pas, ça ne bouge pas. C’est exactement ce que je suis : morte. J’ai percée le tube qui relie la poche à mon bras pour que le produit ne coule pas dans mes veines, je n’ai pas fermé l’œil depuis presque un mois et je ne bouge plus. Je suis recroquevillée dans un coin de la chambre, sur mon matelas la tête posée contre le mur et j’attends. J’attends que mon heure vienne.
Jour 83 :
Ils font tout pour me garder en vie. Mais pourquoi ? Pourquoi refusez-vous de me laisser partir ? Pourquoi continuez-vous à me nourrir et me laver ? Je ne veux plus, je ne peux plus… Laissez-moi m’en aller je vous en supplie !
Jour 87 :
Je hais le monde...
Jour 88 :
Mon corps est présent, mais mon esprit a disparu… Un tas de chair et d’os dans une chambre aussi froide que l’hiver.
Jour 91 :
...
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