Chapitre 4
« Les étrangers sont des amis en attente de le devenir. » Inconnu
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Quelqu'un toqua à la porte et c'est-ce qui me réveilla. je m'étais assoupie après avoir emménagé. Un boom boom retentit dans mon rêve et je sursautai. Une personne tambourinait à la porte. Prise de panique je tombais lourdement à terre dans un bruit à faire réveiller tout le quartier. La personne entra en vitesse pour vérifier que tout allait bien. C'était un homme chauve avec de petits yeux noirs qui scrutaient tout autour d'eux. Hormis ses yeux et son crâne luisant il ressemblait comme deux gouttes d'eaux à Karl, l'ami de mon frère. Il portait presque le même pantalon mais avec un tee-shirt.
_ Ça va tu ne t'es pas fait mal ? Me demanda-t-il d'une grosse voix.
_ Non merci ça va.
Je me frottais la tête, douloureuse à cause du choc, puis me relevai pour lui faire face. L'homme était beaucoup plus grand que moi, il faisait au moins deux mètres. Il s'approcha et me tendit une de ses mains.
_ Je suis le père de Karl. C'est moi qui vous héberge toi et ton frère lorsque vous êtes ici. Je m'appelle Yule alors tu m'appelleras Yule.
J'hochai la tête et lui serra volontiers la main. Il avait une forte poigne et pendant un instant j'ai cru qu'il m'avait cassé les os. Il hocha la tête à son tour puis reprit.
_ Ton frère veut te voir. Il t'attend en bas.
Il repartit et je m'assis quelques instants sur mon lit pour réfléchir. Mon frère comptait donc m'inscrire à l'académie des mages. Il avait sûrement déjà tout prévu. Mais alors cela voudrait-il dire que... Non c'est impossible... Savait-il que j'étais encore en vie ? Et que de ce fait je serais apte à rejoindre l'académie de magie ? Non je ne peux pas y croire. Quoi qu'il en soit afin d'en être sure je pourrais lui en parler dans quelques minutes alors autant se dépêcher.
Je mis mes chaussures que j'avais enlevées en entrant dans la pièce puis je descendis en courant au rez-de-chaussée. Mon frère discutait avec Karl. Leur discussion n'avait pas l'air très joyeuse parce que les visages qu'ils affichaient étaient assez triste. Mais lorsque Karl me vit arriver par les escaliers il retourna mon frère qui sourit en me voyant à son tour. Je voulais savoir de quoi ils parlaient tous les deux mais cela ne sera malheureusement pas possible.
_ Anthéa ! Tiens je te rends ton frère. Vous avez pleins de bonnes choses à rattraper tous les deux. En parlant de choses à visiter n'oublies pas de lui montrer le temple d'Orochie.
_ Comme si je pouvais oublier, plaisanta mon frère.
Je me demandai bien quel pouvait être ce temple parce que d'après ce que je sais du village, il n'y a jamais eu de temple quel que soit le dieu vénéré. Nous vivions dans un petit village où il n'y avait qu'un simple monastère. De plus ce monastère était aussi un petit orphelinat et n'avait pas été conçu pour cette utilité à sa construction. Et puis nous n'avions pas assez d'argent pour en construire un. La seule possibilité pour qu'un temple soit construit dans cette région serait que le roi Gambail fasse attention à nous. Mais ce serait un miracle et puis de toute façon nous nous en passons très bien. Nous arrivions au parc lorsque Thalion s'arrêta et s'assit sur un banc. J'en fis de même puis il commença à parler.
_ Tu as étais très bavarde sur le trajet, rigola-t-il.
_ Tu voulais me dire quoi? Demandai-je en ignorant gentiment sa plaisanterie.
_ Je voulais te parler de la rentrée scolaire.
Il marqua une pause pour me regarder attentivement. Je remarquais que son visage n'était plus aussi enfantin qu'il y a pourtant seulement quelques moi. Il était devenu fort et mûr.
_ J'aimerais beaucoup que tu viennes avec moi à l'académie de magie, commença-t-il en regardant fixement le sol comme si quelque chose d'intéressant s'y trouvait. Je ne peux pas te laisser au village. Je ne doute pas que tu seras bien entourée ici mais je doute fortement de ta sécurité.
_ Je viens avec toi. J'ai entendu deux hommes discuter tout à l'heure et l'un a demandé à l'autre de me tuer.
_ Oui je sais de qui il s'agit, c'est justement une des raisons pour lesquelles je veux que tu viennes avec moi, dit-il sans décrocher le regard de ce sol si merveilleux. Et aussi à propos de cet assassin il y a huit mois.
Son regard se décrocha enfin du sol pour venir se poser sur mes yeux. Son regard insistant me forçant à dire quelque chose interrompit toutes mes pensées. Je ne pouvais plus réfléchir alors je baissai les yeux à mon tour et trouvais une attention soudaine à ce sol si... blanc ?
Le sol était blanc. Pourquoi était-il blanc ? Il aurait normalement dû être brun ou beige teinté par la boue. Mais non il était blanc. D'un blanc si pure qu'on aurait pu croire que personne n'avait jamais marcher dessus. Je regardais de droite à gauche mais non le chemin était carreler. Oui c'était ça. Un sol immaculé s'étendait tout au long du chemin et ne laissait paraître aucune trace de boue.
Je regardais mon frère toujours assis à côté de moi pour savoir si lui aussi voyait ce chemin mais il ne bougeait plus, ne battait plus des cils et ne respirait plus. Je me levais d'un mouvement vif, affolée. Je l'attrapais par les épaules afin de le secouer pour qu'il se remette à respirer mais en vain. Je regardais les autres personnes autour de nous et je voyais qu'eux aussi ne bougeaient plus. Un gamin ne touchait à présent plus le sol. C'est là que je devinai. Le temps s'était arrêté.
Le petit garçon auprès duquel j'étais, était en plein saut lorsque le temps avait été suspendu. J'entendis des bruits de sabots sur de la pierre qui se rapprochaient de plus en plus à en juger par le bruit qui augmentait. J'aperçus un cheval au loin monté par un homme à l'allure noble. Il se déplaçait sur le grand chemin blanc en faisant claquer ses sabots sur le sol. Je me dépêchais de m'assoir sur le banc à coté de mon frère et fit mine de lui parler. Je ne voulais pas que ce mystérieux personnage sache que son sort n'avait pas fonctionnait sur moi. Il passa devant moi en regardant de tous côtés. Je ne savais pas ce qu'il cherchait mais, en revanche, ce qui était sûr était qu'il me faisait peur. De lui émanait une force inconditionnelle. Ce devait être un puissant pour être capable de contrôler le temps à sa guise.
Il me dépassa de quelques mètres avant de s'arrêter brusquement. Il tourna dans tous les sens puis posa son regard sur moi. Mon cœur battait si fort que pendant un instant je crus qu'il l'avait entendu. Il détourna le regard pour le poser sur mon frère.
_ Allez je ne vais pas te faire de mal. Je viens t'aider.
Il n'arrêtait pas d'alterner son regard entre Thalion et moi. Il ne savait pas lequel de nous deux n'était pas bloqué par son sort. D'un coup je sentis l'air se raréfier autour de moi. Je me forçais à maintenir ma position mais je manquais à présent d'air. Je tombais à quatre pattes sur le sol en essayant de reprendre ma respiration. L'homme mit enfin pied à terre et s'approcha de moi. J'entendais ses bottes de cuirs marrons retentir sur le sol puis il s'arrêta devant moi et me tendit sa main. J'avais repris mon souffle mais n'acceptais pas sa main. Il prétendait venir m'aider alors que je n'avais pas besoin d'aide, alors qu'il venait de lancer un sort me tuant presque. Cet homme était soit fou soit cinglé. En soit ce n'était pas quelqu'un de censé. J'étais à présent debout et je le regardais avec méfiance.
_ Je ne veux pas te faire de mal. Je suis quelqu'un de bien et je suis une personne très curieuse. J'étais simplement impatient d'en rencontrer un.
Cet homme était mystérieux. Sous ses airs de grand blond charismatique se cachait un homme brun ténébreux. Enfin c'était seulement ce que j'avais pu observer jusque-là. Ses paroles ne me rassurait pas vraiment cependant une phrase retint mon attention.
_ Un quoi ?
_ Un gardien bien sûr ! S'esclaffa-t-il comme si cela était évident.
_ Désolé monsieur mais je ne comprends pas.
Il me regarda surpris, puis incompréhensif avant d'afficher une mine honteuse. Comme s'il avait dit ou fait quelque chose qu'on lui avait absolument défendu de faire. Il marmonna quelques mots que je ne compris pas.
_ Oublies ce que je viens de dire mais saches que là-haut, il pointa le ciel du doigt, tous les espoirs sont tournés vers toi.
Il se donna une gifle surement conscient qu'il avait refait une gaffe. Encore un mystère à résoudre, comme si je n'en avais pas assez. Il remonta à cheval et avant que je ne puisse dire quoi que ce soit il reprit.
_ Un conseil. Époussette toi la robe et va te rassoir sur le banc avec les yeux rivés sur le sol. Le temps s'écoulera de manière normal une fois que je serais parti. Si tu ne veux pas que ton frère se doute de quelque chose, fais ce que je te dis. Oh! Et fais attention. Les relations ne sont pas toutes ce qu'elles semblent être.
Sa phrase me laissa perplexe mais je fis ce qu'il m'avait conseillé de faire. J'époussetai ma robe puis me rassis aux côtés de mon frère. Le cheval de l'homme mystérieux, dont je ne connaissais rien mis à part son apparence, claqua les rennes de son cheval et celui-ci cabra avant de partir loin et de s'enfoncer vers l'horizon. Quelques instants plus tard le temps s'écoula à nouveau normalement. Thalion se remit à parler à partir de là où il s'était arrêté.
_ Alors ?
Sa voix me sortit de ma transe. Je ne savais même plus de quoi on parlait il y a pourtant un instant.
_ Je... Euh... Désolée... bafouillai-je confuse.
_ Tu ne m'écoutais pas, a-t-il dit déçu.
Il se leva et s'apprêta à partir mais je lui tins fortement le poignet.
_ Je t'assure que je t'écoutais, dis-je en fouillant un peu dans ma mémoire pour retrouver le sujet de notre conversation. On parlait de ce qu'il s'est passé hier... Euh non... il y a huit mois.
Il eut l'air soulagé et se rassit.
_ Alors ?
_ Tu ne m'a pas posé de questions, plaisantai-je un sourire aux lèvres en lui pinçant légèrement le bras.
Il rit et je l'ensuivit. Ce moment de joie ne dura cependant pas longtemps car un homme se présenta devant nous. Il était grand, massif, brun et... moche. Son nez était tordu, sa lèvre fendue et son œil droit était... en fait il n'en avait pas. C'était écœurant mais on m'avait toujours appris les bonnes manières et cela commençait par ne pas se moquer des autres surtout quand ils n'étaient pas en bonne santé comme dans l'instant présent. L'homme parla dans une langue qui m'était inconnue mais mon frère, lui, comprit. Il se précipita sur lui pour l'aider à marcher. Il parlait dans la même langue que celle de l'inconnu. Ils partirent ensemble vers l'infirmerie.
_ Nous reparlerons de ça plus tard, petite sœur. Fais ce que tu veux de ta journée je te rejoindrai ici-même cette nuit à minuit.
Sur ce il partit et je regardais les enfants jouer dans le parc complétement déboussolée par les événements récents. Mon réveil après huit long mois, ces deux hommes qui s'apprêtent à me tuer, cet homme mystérieux qui parlait de chose dont je ne comprends rien et cet inconnu qui ne parle pas l'oranien et qui est blessé. Y a aussi cet assassin. Mon frère voulait m'en parler mais il n'en avait pas eu le temps. Pour moi le meurtre de mes parents remontait à quelques heures tout au plus. En pleine réflexion je ne me rendis pas compte que le soleil était en train de se coucher. Je me levai et couru jusqu'à la forge où Karl et Yule m'attendait à table.
_ Excusez-moi. J'étais au parc et je n'ai pas vu le temps passer.
_ Ne t'inquiètes pas, nous venions à peine de nous installer à table, dit le père de Karl, un grand sourire illuminant son visage.
Nous mangeâmes en silence puis j'allais dans ma chambre. Aucun des deux hommes ne s'était inquiété de l'absence de mon frère, il avait surement du les prévenir qu'il rentrerait tard. Mais je ne savais pas du tout pourquoi il ne rentrait pas avant. Il ne connaissait pas cet homme, alors l'emmener à l'infirmerie du village était sa seule chose à faire. Et puis quand j'y repensais l'homme s'était présenté devant nous alors qu'il y avait pleins d'autres personnes autour. Pourquoi ? Toutes ces choses me remuaient la tête et je me pris la porte de ma chambre en pleine poire.
_ Aie... Maudite porte ! Maugréai-je en donnant un petit coup de pied dans celle-ci.
Je l'ouvris d'un coup sec et m'assis brutalement sur mon lit. J'étais dépassée par les événements de la journée et il fallait qu'en plus cette porte se mette sur mon chemin. Je devenais folle. Non en fait la phrase la plus juste serait "au-dessus de mes limites". Oui tout ce qui se passait depuis ce matin ou plutôt hier était au-dessus de mes limites.
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Quelqu'un toqua à la porte et c'est-ce qui me réveilla. je m'étais assoupie après avoir emménagé. Un boom boom retentit dans mon rêve et je sursautai. Une personne tambourinait à la porte. Prise de panique je tombais lourdement à terre dans un bruit à faire réveiller tout le quartier. La personne entra en vitesse pour vérifier que tout allait bien. C'était un homme chauve avec de petits yeux noirs qui scrutaient tout autour d'eux. Hormis ses yeux et son crâne luisant il ressemblait comme deux gouttes d'eaux à Karl, l'ami de mon frère. Il portait presque le même pantalon mais avec un tee-shirt.
_ Ça va tu ne t'es pas fait mal ? Me demanda-t-il d'une grosse voix.
_ Non merci ça va.
Je me frottais la tête, douloureuse à cause du choc, puis me relevai pour lui faire face. L'homme était beaucoup plus grand que moi, il faisait au moins deux mètres. Il s'approcha et me tendit une de ses mains.
_ Je suis le père de Karl. C'est moi qui vous héberge toi et ton frère lorsque vous êtes ici. Je m'appelle Yule alors tu m'appelleras Yule.
J'hochai la tête et lui serra volontiers la main. Il avait une forte poigne et pendant un instant j'ai cru qu'il m'avait cassé les os. Il hocha la tête à son tour puis reprit.
_ Ton frère veut te voir. Il t'attend en bas.
Il repartit et je m'assis quelques instants sur mon lit pour réfléchir. Mon frère comptait donc m'inscrire à l'académie des mages. Il avait sûrement déjà tout prévu. Mais alors cela voudrait-il dire que... Non c'est impossible... Savait-il que j'étais encore en vie ? Et que de ce fait je serais apte à rejoindre l'académie de magie ? Non je ne peux pas y croire. Quoi qu'il en soit afin d'en être sure je pourrais lui en parler dans quelques minutes alors autant se dépêcher.
Je mis mes chaussures que j'avais enlevées en entrant dans la pièce puis je descendis en courant au rez-de-chaussée. Mon frère discutait avec Karl. Leur discussion n'avait pas l'air très joyeuse parce que les visages qu'ils affichaient étaient assez triste. Mais lorsque Karl me vit arriver par les escaliers il retourna mon frère qui sourit en me voyant à son tour. Je voulais savoir de quoi ils parlaient tous les deux mais cela ne sera malheureusement pas possible.
_ Anthéa ! Tiens je te rends ton frère. Vous avez pleins de bonnes choses à rattraper tous les deux. En parlant de choses à visiter n'oublies pas de lui montrer le temple d'Orochie.
_ Comme si je pouvais oublier, plaisanta mon frère.
Je me demandai bien quel pouvait être ce temple parce que d'après ce que je sais du village, il n'y a jamais eu de temple quel que soit le dieu vénéré. Nous vivions dans un petit village où il n'y avait qu'un simple monastère. De plus ce monastère était aussi un petit orphelinat et n'avait pas été conçu pour cette utilité à sa construction. Et puis nous n'avions pas assez d'argent pour en construire un. La seule possibilité pour qu'un temple soit construit dans cette région serait que le roi Gambail fasse attention à nous. Mais ce serait un miracle et puis de toute façon nous nous en passons très bien. Nous arrivions au parc lorsque Thalion s'arrêta et s'assit sur un banc. J'en fis de même puis il commença à parler.
_ Tu as étais très bavarde sur le trajet, rigola-t-il.
_ Tu voulais me dire quoi? Demandai-je en ignorant gentiment sa plaisanterie.
_ Je voulais te parler de la rentrée scolaire.
Il marqua une pause pour me regarder attentivement. Je remarquais que son visage n'était plus aussi enfantin qu'il y a pourtant seulement quelques moi. Il était devenu fort et mûr.
_ J'aimerais beaucoup que tu viennes avec moi à l'académie de magie, commença-t-il en regardant fixement le sol comme si quelque chose d'intéressant s'y trouvait. Je ne peux pas te laisser au village. Je ne doute pas que tu seras bien entourée ici mais je doute fortement de ta sécurité.
_ Je viens avec toi. J'ai entendu deux hommes discuter tout à l'heure et l'un a demandé à l'autre de me tuer.
_ Oui je sais de qui il s'agit, c'est justement une des raisons pour lesquelles je veux que tu viennes avec moi, dit-il sans décrocher le regard de ce sol si merveilleux. Et aussi à propos de cet assassin il y a huit mois.
Son regard se décrocha enfin du sol pour venir se poser sur mes yeux. Son regard insistant me forçant à dire quelque chose interrompit toutes mes pensées. Je ne pouvais plus réfléchir alors je baissai les yeux à mon tour et trouvais une attention soudaine à ce sol si... blanc ?
Le sol était blanc. Pourquoi était-il blanc ? Il aurait normalement dû être brun ou beige teinté par la boue. Mais non il était blanc. D'un blanc si pure qu'on aurait pu croire que personne n'avait jamais marcher dessus. Je regardais de droite à gauche mais non le chemin était carreler. Oui c'était ça. Un sol immaculé s'étendait tout au long du chemin et ne laissait paraître aucune trace de boue.
Je regardais mon frère toujours assis à côté de moi pour savoir si lui aussi voyait ce chemin mais il ne bougeait plus, ne battait plus des cils et ne respirait plus. Je me levais d'un mouvement vif, affolée. Je l'attrapais par les épaules afin de le secouer pour qu'il se remette à respirer mais en vain. Je regardais les autres personnes autour de nous et je voyais qu'eux aussi ne bougeaient plus. Un gamin ne touchait à présent plus le sol. C'est là que je devinai. Le temps s'était arrêté.
Le petit garçon auprès duquel j'étais, était en plein saut lorsque le temps avait été suspendu. J'entendis des bruits de sabots sur de la pierre qui se rapprochaient de plus en plus à en juger par le bruit qui augmentait. J'aperçus un cheval au loin monté par un homme à l'allure noble. Il se déplaçait sur le grand chemin blanc en faisant claquer ses sabots sur le sol. Je me dépêchais de m'assoir sur le banc à coté de mon frère et fit mine de lui parler. Je ne voulais pas que ce mystérieux personnage sache que son sort n'avait pas fonctionnait sur moi. Il passa devant moi en regardant de tous côtés. Je ne savais pas ce qu'il cherchait mais, en revanche, ce qui était sûr était qu'il me faisait peur. De lui émanait une force inconditionnelle. Ce devait être un puissant pour être capable de contrôler le temps à sa guise.
Il me dépassa de quelques mètres avant de s'arrêter brusquement. Il tourna dans tous les sens puis posa son regard sur moi. Mon cœur battait si fort que pendant un instant je crus qu'il l'avait entendu. Il détourna le regard pour le poser sur mon frère.
_ Allez je ne vais pas te faire de mal. Je viens t'aider.
Il n'arrêtait pas d'alterner son regard entre Thalion et moi. Il ne savait pas lequel de nous deux n'était pas bloqué par son sort. D'un coup je sentis l'air se raréfier autour de moi. Je me forçais à maintenir ma position mais je manquais à présent d'air. Je tombais à quatre pattes sur le sol en essayant de reprendre ma respiration. L'homme mit enfin pied à terre et s'approcha de moi. J'entendais ses bottes de cuirs marrons retentir sur le sol puis il s'arrêta devant moi et me tendit sa main. J'avais repris mon souffle mais n'acceptais pas sa main. Il prétendait venir m'aider alors que je n'avais pas besoin d'aide, alors qu'il venait de lancer un sort me tuant presque. Cet homme était soit fou soit cinglé. En soit ce n'était pas quelqu'un de censé. J'étais à présent debout et je le regardais avec méfiance.
_ Je ne veux pas te faire de mal. Je suis quelqu'un de bien et je suis une personne très curieuse. J'étais simplement impatient d'en rencontrer un.
Cet homme était mystérieux. Sous ses airs de grand blond charismatique se cachait un homme brun ténébreux. Enfin c'était seulement ce que j'avais pu observer jusque-là. Ses paroles ne me rassurait pas vraiment cependant une phrase retint mon attention.
_ Un quoi ?
_ Un gardien bien sûr ! S'esclaffa-t-il comme si cela était évident.
_ Désolé monsieur mais je ne comprends pas.
Il me regarda surpris, puis incompréhensif avant d'afficher une mine honteuse. Comme s'il avait dit ou fait quelque chose qu'on lui avait absolument défendu de faire. Il marmonna quelques mots que je ne compris pas.
_ Oublies ce que je viens de dire mais saches que là-haut, il pointa le ciel du doigt, tous les espoirs sont tournés vers toi.
Il se donna une gifle surement conscient qu'il avait refait une gaffe. Encore un mystère à résoudre, comme si je n'en avais pas assez. Il remonta à cheval et avant que je ne puisse dire quoi que ce soit il reprit.
_ Un conseil. Époussette toi la robe et va te rassoir sur le banc avec les yeux rivés sur le sol. Le temps s'écoulera de manière normal une fois que je serais parti. Si tu ne veux pas que ton frère se doute de quelque chose, fais ce que je te dis. Oh! Et fais attention. Les relations ne sont pas toutes ce qu'elles semblent être.
Sa phrase me laissa perplexe mais je fis ce qu'il m'avait conseillé de faire. J'époussetai ma robe puis me rassis aux côtés de mon frère. Le cheval de l'homme mystérieux, dont je ne connaissais rien mis à part son apparence, claqua les rennes de son cheval et celui-ci cabra avant de partir loin et de s'enfoncer vers l'horizon. Quelques instants plus tard le temps s'écoula à nouveau normalement. Thalion se remit à parler à partir de là où il s'était arrêté.
_ Alors ?
Sa voix me sortit de ma transe. Je ne savais même plus de quoi on parlait il y a pourtant un instant.
_ Je... Euh... Désolée... bafouillai-je confuse.
_ Tu ne m'écoutais pas, a-t-il dit déçu.
Il se leva et s'apprêta à partir mais je lui tins fortement le poignet.
_ Je t'assure que je t'écoutais, dis-je en fouillant un peu dans ma mémoire pour retrouver le sujet de notre conversation. On parlait de ce qu'il s'est passé hier... Euh non... il y a huit mois.
Il eut l'air soulagé et se rassit.
_ Alors ?
_ Tu ne m'a pas posé de questions, plaisantai-je un sourire aux lèvres en lui pinçant légèrement le bras.
Il rit et je l'ensuivit. Ce moment de joie ne dura cependant pas longtemps car un homme se présenta devant nous. Il était grand, massif, brun et... moche. Son nez était tordu, sa lèvre fendue et son œil droit était... en fait il n'en avait pas. C'était écœurant mais on m'avait toujours appris les bonnes manières et cela commençait par ne pas se moquer des autres surtout quand ils n'étaient pas en bonne santé comme dans l'instant présent. L'homme parla dans une langue qui m'était inconnue mais mon frère, lui, comprit. Il se précipita sur lui pour l'aider à marcher. Il parlait dans la même langue que celle de l'inconnu. Ils partirent ensemble vers l'infirmerie.
_ Nous reparlerons de ça plus tard, petite sœur. Fais ce que tu veux de ta journée je te rejoindrai ici-même cette nuit à minuit.
Sur ce il partit et je regardais les enfants jouer dans le parc complétement déboussolée par les événements récents. Mon réveil après huit long mois, ces deux hommes qui s'apprêtent à me tuer, cet homme mystérieux qui parlait de chose dont je ne comprends rien et cet inconnu qui ne parle pas l'oranien et qui est blessé. Y a aussi cet assassin. Mon frère voulait m'en parler mais il n'en avait pas eu le temps. Pour moi le meurtre de mes parents remontait à quelques heures tout au plus. En pleine réflexion je ne me rendis pas compte que le soleil était en train de se coucher. Je me levai et couru jusqu'à la forge où Karl et Yule m'attendait à table.
_ Excusez-moi. J'étais au parc et je n'ai pas vu le temps passer.
_ Ne t'inquiètes pas, nous venions à peine de nous installer à table, dit le père de Karl, un grand sourire illuminant son visage.
Nous mangeâmes en silence puis j'allais dans ma chambre. Aucun des deux hommes ne s'était inquiété de l'absence de mon frère, il avait surement du les prévenir qu'il rentrerait tard. Mais je ne savais pas du tout pourquoi il ne rentrait pas avant. Il ne connaissait pas cet homme, alors l'emmener à l'infirmerie du village était sa seule chose à faire. Et puis quand j'y repensais l'homme s'était présenté devant nous alors qu'il y avait pleins d'autres personnes autour. Pourquoi ? Toutes ces choses me remuaient la tête et je me pris la porte de ma chambre en pleine poire.
_ Aie... Maudite porte ! Maugréai-je en donnant un petit coup de pied dans celle-ci.
Je l'ouvris d'un coup sec et m'assis brutalement sur mon lit. J'étais dépassée par les événements de la journée et il fallait qu'en plus cette porte se mette sur mon chemin. Je devenais folle. Non en fait la phrase la plus juste serait "au-dessus de mes limites". Oui tout ce qui se passait depuis ce matin ou plutôt hier était au-dessus de mes limites.
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