Chapitre 1 - Début d'un long voyage
Chapitre 2 - Retrouvailles
Chapitre 3 - Dure réalité
Chapitre 4 - Fragments du passé
Chapitre 5 - Discussion hors du commun
Chapitre 6 - Départ interrompu
Chapitre 7 - Dans cette fameuse forêt
Chapitre 8 - Dure vie...
Chapitre 9 - 1914
Chapitre 10 - Chez les De Sous-Bois
Chapitre 11 - Madame de Sous-Bois mère
Chapitre 12 - Margaret
Chapitre 13 - Tourments et pâquerettes
Chapitre 14 - Sans elle
Chapitre 15 - Jeux de dames
Chapitre 16 - Arnold
Chapitre 17 - Procrastination
Chapitre 18 - Invitation avec le potentiel futur
Chapitre 19 - À l'écoute d'une planche de bois
Chapitre 20 - La véritable rencontre d'une arrière-grand-mère tyrannique (et la dernière)
Chapitre 21 - T
Chapitre 22 - À plus tard
Chapitre 23 - Retrouvailles bis
Chapitre 4 - Fragments du passé

Ambre avait décroché le miroir, tenté de rappeler Dylan, d’atténuer ses soucis, puis elle s’était endormie, à même le sol de la salle de bain.

Lorsqu’elle se réveilla, il faisait nuit noir derrière les carreaux luisants de crasse. Ses joues étaient encore douces d’humidité, et le motif du tapis sur lequel elle s’était assoupie s’était imprimé sur sa tempe gauche.

Mme Fève avait du quitter la demeure sans lui dire au revoir, sinon elle l’aurait réveillée.

La pièce était plongée dans l’obscurité ; mise à part la Lune, qui envoyait ses rayons de lumière argentée, on ne voyait quasiment rien.

Les yeux rivés sur l’écran blafard de son portable, elle faisait défiler des dizaines d’applications, censées la divertir, mais qui ne la faisaient pas sourire plus que ça.

Terminées, les longues lectures sur l’actualité : Ambre n’avait juste plus aucune envie de s’intéresser aux soucis de l’humanité, elle avait déjà tant à faire avec les siens…

Elle avait juste l’impression de ne rien faire.

Encore plus que si elle ne faisait réellement rien.

Peut-être pouvait-elle se retrousser les manches, et faire un petit peu de rangement…

Cette idée s’évapora en un instant.

Pourquoi l’avait-il quittée ? Déjà, l’avait-il vraiment quittée ? Ambre avait peut-être juste mal compris son message, ou alors c’était une blague, un gage…

Mais n’avait-on pas passé l’âge pour ce genre de chose ? On ne plaisantait pas avec l’amour… Ou, du moins, on n’en plaisantait plus.

Mais une chose était sûre : tout était bien fini…

Et elle en revenait à la question de départ, l’une de celles qui les tourmentaient le plus : pourquoi elle ?

Elle était persuadée qu’il y avait une autre fille là-dessous.

Pourquoi suis-je si loin ? S’exaspéra Ambre. Pourquoi suis-je si loin de chez moi, de Paris ? On aurait pu en discuter, et, si ça se trouve, à cette heure, je serais encore avec lui…

Sa poitrine se remplit d’amertume, une espèce de gros nuage douloureux dans lequel ses poumons essayaient de respirer paisiblement.

Mais comme tout les nuages douloureux…

Inconsciemment, elle se recroquevilla sur elle-même, sans quitter du regard l’écran de son portable.

Même si tout son être lui recommandait vivement d’arrêter cette activité, elle ne pouvait empêcher ses doigts de courir sur l’écran. Cela lui procurait la pseudo-sensation que son esprit était concentré ailleurs que sur sa douleur, et ses soucis.

Une heure s’écoula, sans qu’elle ne la vit passer. C’était monstrueux.

Elle se fatiguait minute après minute, et espérait pouvoir s’endormir sans crainte…

Une seconde heure passa. Ses yeux brûlaient, par le sommeil et la lumière bleutée du téléphone, et enfin, elle réussit à se convaincre qu’il était peut-être grand temps d’arrêter tout ça.

Elle éteignit son portable, et tout ses soucis lui retombèrent dessus à peine l’écran redevenu noir. La salle de bain replongea dans l’obscurité totale, seul le ciel, de l’autre côté des vitres, teint d’une étrange et sombre couleur violette.

Elle posa sa nuque contre le carrelage froid qui montait aux murs, et tenta de s’étirer, quand soudain, son poing bouscula quelque chose sur la commode, à côté. Elle sentit l’objet vaciller, puis se fracasser à terre dans un énorme boucan.

Oh non…

Elle jeta des regards autour d’elle, paniquée, puis se souvint que la seule âme vivant ici, hormis elle, était actuellement cérébralement perturbée, en plus d’avoir une ouïe de pierre.

Elle tâtonna autour d’elle, et ses doigts rencontrèrent des petits morceaux, de ce qui lui semblait être du métal.

Elle referma sa paume dessus, et l’amena sous son nez, tentant de distinguer dans l’obscurité des lieux ce qu’elle tenait dans sa main.

Les rebords étaient relevés et tranchants, et lui piquaient la peau de la main.

Un éclair lumineux se refléta sur le fragment, et Ambre comprit immédiatement de quoi il s’agissait : elle venait de casser un miroir.

Elle ralluma son téléphone, puis avec la lumière de la torche, elle constata que son hypothèse était juste : elle tenait, au creux de sa paume, les fragments d’une vitre de miroir. Plus loin, il y avait le trumeau du miroir, délicat, d’un beau métal doré, en morceaux également.

On dirait qu’il vient d’un autre siècle…

Curieuse, Ambre rassembla les morceaux, et forma de nouveau le miroir avant sa chute.

C’était un petit miroir de poche, celui qu’on gardait souvent sur soi, et qu’on sortait dès que son entourage semblait occupé à autre chose. Une petite touche de mascara, de fond de teint, et hop, on rangeait le petit objet, et on faisait comme si de rien était, comme si on avait toujours été parfaite.

Elle imagina durant quelques instants sa grand-mère l’utiliser. Elle n’y arriva pas. Elle n’arrivait pas à voir sa mamie coquette. Vu ses grosses chaussettes à rayures dépareillées qui passaient par-dessus son jean, jean qu’elle portait sous une jupe qui descendait aux genoux, et ses pompons en guise de boucles d’oreilles, elle ne la voyait pas s’apprêter à son apparence.

Ou alors, différemment du reste de la population féminine.

Elle balada sa lampe torche dans la pièce — merci, la technologie !—, et remarqua sur le miroir n’était pas le seul objet tombé à terre : toute une boîte métallique avait chuté, et s’était ouverte à l’impact du sol, libérant des dizaines de petits objets de produits de beauté : pince à épiler, épingles, quelques bijoux, produits de bain…

Le tout, sorti de notre époque.

Elle saisit ce qui lui semblait être un fard, et découvrit à l’intérieur une poudre plus blanche que nature. Elle la renifla, et grimaça : le maquillage ne vieillissait pas toujours bien…

Était-ce sa mère qui en portait ? Sa tante, peut-être ? Ou encore, Alice, sa grand-mère ?

… Non, décidément, elle n’arrivait pas à voir sa grand-mère dans ce rôle.

Mais ces ustensiles paraissaient beaucoup trop vieux pour avoir appartenu à ses filles…

En réalité, Ambre se rendit compte qu’elle ne connaissait rien de sa grand-mère. Peut-être adorait-elle se maquiller ?

Après avoir détaillé chaque objet de la boîte, elle s’attaqua sans hésiter aux tiroirs de la commode.

De toute façon, la propriétaire de tout ceci n’était plus en capacité de s’en charger, alors…

Elle y trouva encore pleins d’autres produits, parfois un peu plus modernes, mais bien souvent très, très anciens ; Alice devait aimer les marchés aux puces.

Des rubans, des barrettes, des produits inconnus, tout y passait. Sa fatigue s’était envolée, et elle ouvrait tout ce qui était ouvrable, reniflait tout ce qui était reniflable. Elle trouva même un parfum, enfermé dans un délicat flacon, aux senteurs des journées chaudes et ensoleillées… Mais dépourvu d’étiquette.

Dans le dernier tiroir, la jeune femme tomba sur un cadre, dont la vitre était brisée et sale, rouillée et tâchée par une poudre, qui devait certainement avoir coulé des flacons de beauté.

À l’intérieur, parmi les débris, sommeillait une vieille photo sans couleur, un peu déchirée sur les bords, représentant un homme, dans un pantalon trop grand, des lunettes posées sur son nez, et à la moustache imposante, lui dissimulant une bonne partie de ses joues.

Ambre fronça les sourcils, scrutant les traits de l’homme, quand soudain, elle le reconnu tellement violemment qu’elle en manqua de lâcher la photo.

C’était son grand-père.

© Grisoubook ,
книга «Mamie».
Chapitre 5 - Discussion hors du commun
Коментарі
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J'ai Pas D'idées :)
Chapitre 4 - Fragments du passé
oh :o la grand mère de Ambre a l'air d'être un personnage assez intéressant !
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2020-10-17 07:46:50
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