Chapitre 1 - Début d'un long voyage
Chapitre 2 - Retrouvailles
Chapitre 3 - Dure réalité
Chapitre 4 - Fragments du passé
Chapitre 5 - Discussion hors du commun
Chapitre 6 - Départ interrompu
Chapitre 7 - Dans cette fameuse forêt
Chapitre 8 - Dure vie...
Chapitre 9 - 1914
Chapitre 10 - Chez les De Sous-Bois
Chapitre 11 - Madame de Sous-Bois mère
Chapitre 12 - Margaret
Chapitre 13 - Tourments et pâquerettes
Chapitre 14 - Sans elle
Chapitre 15 - Jeux de dames
Chapitre 16 - Arnold
Chapitre 17 - Procrastination
Chapitre 18 - Invitation avec le potentiel futur
Chapitre 19 - À l'écoute d'une planche de bois
Chapitre 20 - La véritable rencontre d'une arrière-grand-mère tyrannique (et la dernière)
Chapitre 21 - T
Chapitre 22 - À plus tard
Chapitre 23 - Retrouvailles bis
Chapitre 14 - Sans elle

Quelques jours s’écoulèrent, dans cet espèce de train de vie.

Chaque matin, Ambre se réveillait entre les draps, au sol, la peau parfumée du feu de bois qui avait crépité à côté d’elle toute la nuit durant.

Et ce matin-là, il pleuvait.

L’eau de pluie ruisselait le long des vitres, et c’était ce même bruit qui avait tiré Ambre d’un sommeil profond.

Par ce temps-là, la chambre avait perdu toute sa belle luminosité ; elle était devenue sombre, grise, morne, comme le ciel dehors.

Ambre se redressa, se frottant les yeux, se massant le dos.

Plusieurs nuits de suite au sol, ça faisait mal…

Eh, mais ils sont où ?

Ambre se rendit compte que la couche voisine était vide, et que les rideaux du baldaquin étaient ouverts, et le lit, déjà fait.

Alarmée, Ambre passa tout de même la tête dans le lit pour voir s’il était vraiment vide, mais c’était bien le cas.

Oh… ils sont passés où ?…

Elle traversa la vaste chambre d’un pas rapide, sans oublier de passer par la case « miroir », où elle se recoiffa d’un geste vif et stressé.

Son cœur commençait à accélérer la cadence, quand elle vit qu’il n’y avait toujours personne dans le couloir.

La première pensée qui traversa l’esprit d’Ambre était « ils se sont fait prendre ».

Mme de Sous-Bois avait du finir par savoir que sa fille Alice cachait des inconnus dans sa chambre depuis plusieurs jours maintenant, et, verte de rage, elle aurait…

… Qu’aurait-elle fait ?

Ambre n’osa même pas imaginer, rien que l’idée lui faisait peur.

Pour elle, cette femme était le diable en personne, dissimulé sous de riches jupons.

Après une vague inspection des lieux du regard, cherchant un quelconque De Sous-Bois, elle traversa le corridor, à la recherche d’Alice et de René.

Margaret, se dit-elle immédiatement. Je dois aller chercher Margaret.

Où pouvait bien se trouver la bonne à tout faire de la maison ?

Ambre pensa immédiatement à la cuisine. Bien que cette idée lui paraissait un peu sexiste, il était vrai que, dans les contes de fées, la gentille servante était toujours affairée autour des fourneaux.

Même si on n’est pas dans un conte.

Et où se trouvent les cuisines, en général ?

Au rez-de-chaussée.

Sans hésiter, elle s’élança dans l’escalier, prenant tout de même garde à ne pas faire grincer trop fort ses marches.

Guidée par une délicieuse odeur de brioche, elle fonça à travers divers couloirs et pièces, oubliant toute prudence.

Et enfin, elle déboucha dans une grande salle, au sol couvert de dalles cuivre, et aux murs rougeâtres de par la lumière qui émanait du feu, crépitant dans le grand fourneau.

Margaret suspendit son couteau en l’air, surprise.

« M-Mais, que se passe t-il ? Demanda t-elle, reposant son ustensile près de la planche à découper, où elle tranchait des navets. Y a t-il un problème, mon enfant ? »

Ambre allait ouvrir la bouche pour lui répondre, quand elle entendit soudain une voix nasillarde s’élever derrière elle :

« Tiens donc, ça sent bon, par ici ! »

Albertine, pensa aussitôt Ambre.

Elle échangea un regard paniqué avec Margaret, qui ne semblait plus savoir que faire. Alors, elle tenta de plonger sous la grande table de bois, mais elle n’eut même pas le temps de se baisser qu’Albertine fit irruption dans la cuisine.

« Ah, Margaret, vous voil…? »

Elle dévisagea Ambre.

Ambre en fit de même.

C’était la première fois qu’elle voyait le visage d’Albertine. Un petit nez en trompette, des yeux en amande et pourtant grands ouverts, elle avait un fort joli visage, il fallait se l’avouer.

Ambre manqua de rougir, sous le regard inquisiteur d’Albertine.

Cette dernière s’approcha d’elle avec grâce, faisant délicatement bruisser ses jupons.

« Qui est-ce ? » Interrogea t-elle d’un ton acerbe, se tournant vers Margaret, pointant du doigt Ambre comme si ce ne fut qu’un vulgaire objet.

La vieille femme potelée n’eut qu’un demi-instant de réflexion :

« Une domestique employée pour la journée. »

Elle rajouta :

« Elle devait commencer son service. »

Qui aurait pu suspecter cette bonne vieille Margaret d’un quelconque mensonge ?

Pas Albertine, en tout cas. Elle se tourna vers Ambre à nouveau, et claqua :

« Margaret, cessez d’embaucher les premiers venus ! En plus… Oh, Sainte Marie mère de Dieu, cette jeune fille-là porte t-elle des bas ? »

Elle porta un regard horrifié sur le jean de la jeune femme.

Ambre l’épousseta d’une main nerveuse, comme si ce futile geste le rendait plus élégant et plus chic.

Albertine porta une main à son cœur, d’un air tragique.

Cette jeune fille devrait faire du théâtre, pensa un instant la jeune femme.

« Et j’imagine qu’elle n’est pas mariée, ni fiancée, conclut Albertine. Quelle chance j’ai, moi, d’avoir réussi à être désirée ! »

Ses phrases étaient pleines de sens et de vérité : mais venant de sa bouche insolente, Ambre aurait voulu lui mettre une claque.

Albertine dévisagea une dernière fois Ambre, puis finit par s’éclipser dans le corridor :

« N’oubliez pas d’en parler à ma mère, Margaret ! Si elle en venait à la découvrir par elle-même, elle en serait verte de rage ! »

Et elle quitta la cuisine, en claquant la porte.

Ambre s’autorisa enfin à soupirer, soulagée.

« Merci beaucoup, Margaret.

— Pas de quoi, mon enfant. Que se passe t-il ?

— Les enfants… René et Alice… je ne sais pas où ils sont, et ça m’inquiète. »

Margaret lui adressa un regard amusé, reprenant son découpage de navet.

« Tu sais, Alice et René ne sont plus si petits pour se faire appeler ‘les enfants’… »

Ambre sentit ses joues se colorer de rouge, un court instant, mais Margaret ne parut pas en tenir compte.

« Savez-vous où ils sont ? S’enquit la jeune femme.

— Ils sont passés dans la cour tout à l’heure ; demoiselle Alice a son professeur de danse absent, aujourd’hui. Mais je ne les ai pas revus depuis. »

Elle posa une main compatissante sur l’épaule d’Ambre :

« Ne te tracasse pas, va !… Ils sont grands. »

Elle termina son navet, et fit tomber les rondelles dans un large saladier, puis s’écarta de la table pour ouvrir un grand placard, dont elle sortit un tablier, qu’elle brandit à Ambre.

La jeune blonde s’étonna :

« C’est pour moi ?

— Eh bien oui ! Si l’on veut faire croire à Mme De Sous-Bois que vous travaillez bel et bien ici pour une journée… »

Ambre détailla le tablier qu’elle lui tendait. D’un beau coton blanc un peu sale, il semblait un peu petit pour elle…

« Vous n’en avez pas un plus grand ? » Demanda Ambre.

Margaret secoua la tête :

« Tu es bien grande, ma petite… Je n’ai que ceci à te proposer. À moins que tu ne veuilles travailler sans ? »

Ambre se résigna, et s’habilla du tablier.

« Bon. Je commence par quoi ? »

                                                                       ***

Ambre resta dans les cuisines durant deux bonnes heures, si ce n’était plus. Peler, couper, faire revenir, saler, enfourner, mélanger, battre, il y avait longtemps qu’elle n’avait pas fait ça.

Elle avait l’impression de cuisiner pour au moins dix familles. Qui allait manger tout ça ?

C’est ainsi qu’elle fit un rôti, un pot-au-feu, une compote, une salade, une soupe, un potage (qui n’était pas la même chose !), du pain, des massepains, des macarons, des gâteaux dont elle avait oublié les noms…

« Mme De Sous-Bois est très gourmande », avait expliqué Margaret, voyant l’air exorbité d’Ambre lorsqu’elle déversait un saladier entier de crème anglaise sur un flan.

Et ce fut vers midi et quelques qu’Ambre sortit enfin de la cuisine, imprégnée de l’odeur de tout les repas.

Là, elle n’avait plus faim du tout, et ça, pour le restant de la journée.

Elle ôta son tablier, qu’elle rendit à Margaret, la remercia encore, puis retourna dans la chambre d’Alice, exténuée.

Faire à manger, c’est physique.

Elle se laissa tomber dans le fauteuil, devant la cheminée, dont le feu était éteint. C’était bon, il n’y avait plus aucun nuage dans le ciel derrière les fenêtres ; la pluie était bel et bien partie.

Elle soupira.

Quel début de journée fatiguant !

Sans qu’elle ne puit s’en empêcher, son regard scruta la forêt par-dessus la fenêtre. Elle se souvint du puits, qui était quelque part, entre les arbres de cette touffue forêt.

Il était peut-être temps de révéler à Alice ce moyen de remonter le temps…

Elle entendit soudain le parquet du couloir grincer.

Alarmée, Ambre rassembla ses dernières forces et sa motivation, puis se jeta derrière le fauteuil, espérant qu’elle y soit totalement dissimulée.

Mais quand la porte s’ouvrit, elle découvrit avec soulagement qu’il ne s’agissait que d’Alice et de René.

« Oh mon dieu, vous êtes là ! S’exclama t-elle, se relevant. Je vous ai cherchés partout !… Mais… René, tu es trempé ! »

Alice éclata de rire.

« Il est tombé dans la rivière. En voulant pêcher du poisson !

— Te moque pas, grommela t-il, d’un air faussement boudeur, tu semblais plutôt effrayée, de m’avoir vu disparaître au fin fond de la rivière.

— J’avais peur pour le repas de ce midi, moi. »

Ils rigolèrent, et Ambre se sentit immédiatement de trop.

Elle baissa le regard sur ses mains, encore saupoudrée de farine.

« Vous venez de vous réveiller ? Questionna Alice.

— Oui, mentit Ambre, cachant ses mains blanches dans son dos. Tout juste.

— Vous avez pourtant l’air crevée ! Remarqua René. Mauvaise nuit ?

— Non non… »

Ambre retint un soupir.

« Tout va bien. »

© Grisoubook ,
книга «Mamie».
Chapitre 15 - Jeux de dames
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Perdix
Chapitre 14 - Sans elle
Bon elle pourrait leur dire Ambre !? J'ai envie de la secouer là...
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2020-10-17 10:41:39
1
J'ai Pas D'idées :)
Chapitre 14 - Sans elle
arghhhh! mais pourquoi elle veut rien dire ??
Відповісти
2020-10-17 15:37:28
1