Chapitre 1 - Début d'un long voyage
Chapitre 2 - Retrouvailles
Chapitre 3 - Dure réalité
Chapitre 4 - Fragments du passé
Chapitre 5 - Discussion hors du commun
Chapitre 6 - Départ interrompu
Chapitre 7 - Dans cette fameuse forêt
Chapitre 8 - Dure vie...
Chapitre 9 - 1914
Chapitre 10 - Chez les De Sous-Bois
Chapitre 11 - Madame de Sous-Bois mère
Chapitre 12 - Margaret
Chapitre 13 - Tourments et pâquerettes
Chapitre 14 - Sans elle
Chapitre 15 - Jeux de dames
Chapitre 16 - Arnold
Chapitre 17 - Procrastination
Chapitre 18 - Invitation avec le potentiel futur
Chapitre 19 - À l'écoute d'une planche de bois
Chapitre 20 - La véritable rencontre d'une arrière-grand-mère tyrannique (et la dernière)
Chapitre 21 - T
Chapitre 22 - À plus tard
Chapitre 23 - Retrouvailles bis
Chapitre 9 - 1914

Alice opéra sans contredire, et Ambre sentit sa main se raidir dans la sienne.

La jeune femme ne savait même plus quoi faire. Son cœur tambourinant à exploser, elle se demandait s’il y avait une seconde vie après la mort.

Les branches du buisson s’écartèrent.

Les deux firent quelques pas en arrière, terrorisées.

Une grande silhouette se déploya, dans l’obscurité.

Et lorsqu’Ambre découvrit de quoi il s’agissait, elle en resta bouche bée.

Alice étouffa un petit cri, et se réfugia dans le dos d’Ambre, brûlante de peur.

« Alice, calme-toi… lui chuchota la jeune femme. Ce n’est qu’un jeune homme… »

C’était bien un jeune homme qui venait de sortir des fourrés.

Il ne devait pas être bien vieux, ni très offensif, puisque quand il entendit Alice crier, il fit un bond en arrière, et cria à son tour.

« Un… un jeune homme ? » Balbutia la jeune fille.

Elle semblait mille fois plus stupéfaite qu’Ambre.

Elle fixait le nouveau venu avec des yeux exorbités, et aucun son ne sortait de sa bouche entrouverte.

« … Mais qu’est-ce qu’il fait là ? Murmura t-elle à l’intention d’Ambre. Chez moi ? »

Ambre haussa les épaules.

Le jeune homme détaillait à présent la longue robe d’Alice, surpris.

Malgré l’obscurité, on lui devinait une silhouette grande et maigre, et une paire de lunettes, posée sur son nez, scintillait sous les rayons de la Lune.

Un grand silence s’installa dans la forêt, lorsque soudain, l’inconnu demanda à voix basse :

« Est-ce que… est-ce que vous êtes une princesse ? »

Ambre éclata de rire, tandis qu’Alice le regardait, consternée.

« Une princesse, répéta t-elle, sarcastique. Mais bien sûr. En plein milieu de la forêt.

— Nan mais je ne sais pas, bougonna l’inconnu, remontant ses lunettes. Je n’ai jamais vu personne s’habiller comme ça, à part dans les tableaux… de princesses et de reines. Vous… vous êtes qui, alors ?

— Alice Joséphine Pascale Marie De Sous-Bois », récita t-elle d’une voix encore tremblante d’émotions.

Elle eut un instant de réflexion, puis finit par ajouter :

« … Mais… vous pouvez m’appeler Alice.

— Alice. »

Alice acquiesça.

Le jeune homme s’approcha d’elle, et lui tendit une main :

« En tout cas, Alice, vous ne devriez pas rester ici… C’est une mauvaise idée. Mon village s’est fait incendié il y a à peine quelques heures, les Allemands sont de sortie avec leurs avions…

— Des avions ? » s’exclamèrent Ambre et Alice en même temps.

L’une parce qu’elle ne savait pas ce que c’était, et l’autre parce qu’elle commençait réellement à se poser des questions sur l’époque où elle se trouvait.

Le jeune homme hocha la tête.

« Et… hum… disons que j’ai faussé compagnie à la dame qui… qui m’accompagnait, et je me suis perdu dans cette forêt…

— Mais pourquoi ? S’étonna Ambre. Avec elle, tu aurais pu être en sécurité ! »

L’inconnu secoua la tête.

« Elle m’emmenait à l’orphelinat. C’est que… de… dans…avec l’incendie… je… »

Sa voix vola en éclats. Il poursuivit d’une voix déraillante :

« … J’y ai perdu mon grand-père… »

Oh…

Ambre ne put s’empêcher de revoir le cadre à moitié cassé entre ses mains, dans la salle de bain, représentant son propre grand-père.

Cela faisait tellement longtemps qu’elle ne l’avait pas vu…

Si seulement Alice savait qu’il s’agissait de son futur mari… pensa Ambre, jetant un coup d’œil à sa grand-mère.

Cette dernière continuait de détailler le jeune homme. Elle inspira un coup, puis souffla :

« Moi aussi, j’ai perdu mon cousin… »

Elle baissa les yeux, vers ses mocassins tâchés et troués par sa marche dans la forêt.

« Mais tu n’as pas d’autre famille ? Demanda Ambre en direction du jeune homme.

— Pas connue. Enfin… mes parents sont bien loin… mon père a été engagé dans l’armée, pour se battre, en tant que poilu. Dieu seul sait s’il est encore vivant…

— Une armée ? S’étonna Alice, relevant la tête. Se battre ? Mais de quelle guerre parles-tu ? Avec les Allemands ??

— Mais où vivez-vous, enfin, pour ignorer ce qui se passe ?! S’exclama le jeune homme. Les villages sont incendiés, les familles déchirées… La misère grouille dans les rues, et c’est avec la peur aux joues que l’on tente vainement de rester en vie, nous et nos proches… »

Il fit une pause, puis reprit :

« On ferait mieux de s’en aller… »

Alice envoya un regard interrogatif à Ambre, auquel Ambre répondit par un haussement d’épaules.

La jeune femme était un peu plus perdue à chaque minute qui passait.

Dans quelle période se trouvaient-ils ? Alice devait avoir dix-sept ans, donc la logique voudrait qu’ils soient en… En 1954…

Et ce jeune homme qui disait que son village venait de se faire incendier par les Allemands…

J’aurais vraiment dû apprendre ces fichues leçons d’histoires au collège, marmonna t-elle intérieurement. Peut-être que j’aurais compris quelque chose à tout ça…

« S’en aller où ? Demanda Alice. Loin ? »

Elle semblait tout d’un coup enjouée et pleine d’espoirs. Certainement à l’idée de quitter sa famille.

L’inconnu secoua la tête.

« Non… On ne tiendrait pas bien longtemps…

— Il faudrait qu’on rentre chez toi, Alice », remarqua Ambre.

La jeune fille la dévisagea, offensée.

« Hors de question ! Je ne retourne pas là-bas. Que vont-ils dire, en plus ? Me voir revenir avec deux… deux misérables comme vous, ma chevelure décoiffée, ma robe déchirée, mes mocassins usés à la corde ?

— Je ne suis pas une misérable, protesta Ambre.

— Alors pourquoi ne portez-vous donc pas une robe, comme tout le monde ?

— Et toi, riposta la jeune blonde, pourquoi ne trouves-tu pas de fiancé, comme tout le monde ? »

La phrase fit mouche, et Ambre s’en voulu immédiatement.

Pourquoi parlait-elle si mal à sa grand-mère, qu’elle ait dix-sept ou quatre-vingt ans?

Alice baissa le nez, et Ambre vit ses mains se fermer en poing contre sa robe.

Le jeune homme les observa, sans comprendre, puis secoua la tête, comme s’il décidait que tout cela était sans importance.

Ambre s’apprêtait à s’excuser, lorsque Alice redressa le buste, et se dirigea d’un pas raide entre les arbres de la forêt.

« Venez. Rentrons à la maison. »

© Grisoubook ,
книга «Mamie».
Chapitre 10 - Chez les De Sous-Bois
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Perdix
Chapitre 9 - 1914
Ambre a vraiment un caractère explosif dis donc...
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2020-10-17 10:23:13
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