Chapitre 1 - Début d'un long voyage
Chapitre 2 - Retrouvailles
Chapitre 3 - Dure réalité
Chapitre 4 - Fragments du passé
Chapitre 5 - Discussion hors du commun
Chapitre 6 - Départ interrompu
Chapitre 7 - Dans cette fameuse forêt
Chapitre 8 - Dure vie...
Chapitre 9 - 1914
Chapitre 10 - Chez les De Sous-Bois
Chapitre 11 - Madame de Sous-Bois mère
Chapitre 12 - Margaret
Chapitre 13 - Tourments et pâquerettes
Chapitre 14 - Sans elle
Chapitre 15 - Jeux de dames
Chapitre 16 - Arnold
Chapitre 17 - Procrastination
Chapitre 18 - Invitation avec le potentiel futur
Chapitre 19 - À l'écoute d'une planche de bois
Chapitre 20 - La véritable rencontre d'une arrière-grand-mère tyrannique (et la dernière)
Chapitre 21 - T
Chapitre 22 - À plus tard
Chapitre 23 - Retrouvailles bis
Chapitre 2 - Retrouvailles

Le hall d’entrée était petit.

Et surtout, très, très sale.

Il n’y avait même plus d’ampoule au plafond, si bien qu’Ambre dû se repérer seulement grâce à la lumière qui filtrait entre la crasse des fenêtres.

Ambre se racla la gorge.

« Hum… Hum hum ? Bonjour ?… »

Personne ne vint lui répondre.

La jeune femme soupira, commençant à se défaire de son écharpe, avant de se rendre compte qu’il faisait très froid dans cette maison, et qu’il valait mieux rester couverte.

Mamie mamie mamie…

Où était donc sa grand-mère ?

Soudain, Ambre se souvint de sa pièce préférée, où elle restait vissée dans son fauteuil, toute la journée, durant des heures et des heures, sans bouger.

La pièce du dernier étage.

Elle n’avait jamais compris pourquoi sa grand-mère affectionnait tout particulièrement cette pièce. De mémoire, elle n’avait rien de plus que les autres, c’était une espèce de salon-bureau, au plafond mansardé…

Ambre déboucha sur le premier étage, et s’étonna du nombre de meubles au carré dans le couloir : ils étaient là, entassés comme dans une vieille brocante étroite, ensevelis sous une bonne couche de poussière grise.

Quelques cartons décoraient le tout.

Elle gravit les marches vers le dernier étage, puis, remontant un couloir sur la gauche, elle s’arrêta face à une porte, pas fermée, simplement poussée.

Tout d’un coup, Ambre se rendit compte que son cœur battait la chamade.

Elle y posa une main, sentant sa peau tressauter à chaque battement.

Elle inspira un grand coup, puis fit trois petits coups à la porte :

« Mamie ? »

Elle poussa le battant.

Une vieille femme, assise dans son fauteuil aux motifs rapiécés, au fond contre le mur refait de la pièce, releva la tête, un léger filet de bave traversant la commissure de ses lèvres, brillant sous les derniers rayons de soleil de la journée.

Ambre s’avança.

La pièce était dans un désordre incroyable, comme le reste de la maison, en vérité. Là aussi, des meubles poussiéreux s’entassaient, des piles de livres de brocantes, des poteries en tout genre, et encore des cartons.

Pourquoi des cartons ? Ambre n’en savait rien, mais il y en avait partout ; des centaines et des centaines, et Ambre pouvait en mettre sa main à couper que le nombre de cartons caressait mille.

Sa grand-mère lui adressa un sourire édenté et simplet, qu’Ambre lui rendit immédiatement.

« Comment vas-tu ? » poursuivit la jeune femme.

Sa grand-mère ne répondait pas.

Ambre fronça les sourcils, étonnée, puis força la voix :

« Mamie ? Ça va ? »

La vieille femme ne réagit toujours pas. Elle continuait d’observer sa petite-fille niaisement, puis l’ignora totalement, laissant courir son regard sur les murs de la pièce, comme si elle la redécouvrait pour la première fois.

Ambre s’arrêta, surprise.

Puis se souvint.

Sa grand-mère était malade.

« J’ai mangé des fraises des bois aujourd’hui. »

Ambre soupira.

Des fraises des bois.

Elle n’avait même pas le courage de lui expliquer que ce n’était plus du tout la saison des fraises des bois.

« N’est-ce pas, Chloé, que j’ai mangé des fraises ? » Insista sa grand-mère, regardant Ambre par-dessus ses verres de lunettes. 

Ambre secoua la tête, navrée.

Sa mamie semblait tellement sûre d’elle qu’elle n’avait pas envie de la contredire, mais elle se devait de la résonner :

« Mamie, je ne m’appelle pas Chloé. Je suis Ambre. Ta petite-fille. Chloé, c’est ta fille. »

Alice resta un instant interdite, puis détourna la tête vers l’antiquité qui lui servait de télévision, éteinte.

Ambre était persuadée qu’elle avait déjà oublié son prénom.

Mais elle poursuivit tout de même :

« En plus, mamie, les fraises des bois, il n’y en a pas, en cette saison… »

Sa grand-mère ne l’écoutait plus (si elle l’avait écoutée avant.) Elle semblait captivée par le téléviseur, comme s’il diffusait l’émission la plus passionnante au monde.

Alors qu’il était éteint.

Peut-être ai-je une grand-mère qui peut voir une deuxième dimension, qui n’est pas la nôtre ?… pensa Ambre.

Mais elle se résonna bien vite : la seule dimension qu’elle pouvait voir, malheureusement, c’était celle de la folie.

Elle abandonna. Elle lui fit un gentil petit salut de la main, puis quitta la pièce, manquant de faire tomber une lampe de chevet, qui était posée en équilibre sur une pile de vieux romans policiers.

Ça doit être dur, tout de même, d’être fou.

Comment devait-on se sentir ?

Attristée et dépitée, Ambre parcourait d’un pas rapide les couloirs du manoir, à la recherche d’une chambre où loger.

Rien que cette première rencontre avec sa grand-mère l’avait peinée. Alors rester une semaine avec elle ?

Ambre poussa une porte : la salle de bain.

Toujours pas de chambre.

La salle de bain semblait totalement abandonnée, comme le restant de la maison : les carreaux aux murs s’encrassaient de poussière, les vitres étaient sales, des toiles d’araignées sommeillaient dans le lustre penché, et même la baignoire était condamnée : on l’avait remplie de cartons (encore !).

Ambre grimaça, puis s’apprêtait à refermer la porte, lorsqu’elle aperçu une prise électrique murale, certes un peu endommagée, mais qui semblait tout de même en état de marche.

Elle y brancha son téléphone. Comme ça, elle pourrait rappeler Dylan, qui avait tenté de l’appeler, une heure plus tôt.

Ce qu’Ambre remarqua immédiatement, dans les couloirs encombrés, c’était les tableaux, aux murs.

Ces tableaux-là impressionnaient imperceptiblement la jeune femme ; on passait d’une peinture ancienne à de l’art moderne, sans oublier les dessins enfantins, représentant des personnages aux traits grossiers et colorés.

Et, bien entendu, avec une grosse couche de poussière.

C’était captivant.

Ambre finit par tomber sur une chambre bien vite : alors que les autres pièces de la maison grouillaient en cartons inutiles, là il n’y en avait que quelques uns, empilés contre le mur. Il y avait une penderie, un bureau vide, et un lit, dépourvu de draps.

Draps ou non, elle sentait ses os s’affaiblirent, et son cerveau s’endormir : la fatigue était en train de lui ronger le corps.

Alors elle se laissa tomber sur le lit, espérant s’endormir d’un sommeil éternel, ou se réveiller de ce cauchemar.

© Grisoubook ,
книга «Mamie».
Chapitre 3 - Dure réalité
Коментарі
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Perdix
Chapitre 2 - Retrouvailles
J'adore la grand-mère 🙂 je suis sur qu'au fond elle est super sympa
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2020-10-14 07:57:42
2
J'ai Pas D'idées :)
Chapitre 2 - Retrouvailles
ha oui sa grand mère est spéciale ! d'un côté elle me fait pas mal de peine :( sinon c'est toujours sympa et tu écris bien :)
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2020-10-17 07:40:29
2
Mémé Paradoxx
Chapitre 2 - Retrouvailles
Toujours des descriptions topissimes 👍🏻
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2020-10-24 12:57:37
1