Chapitre 1 - Début d'un long voyage
Chapitre 2 - Retrouvailles
Chapitre 3 - Dure réalité
Chapitre 4 - Fragments du passé
Chapitre 5 - Discussion hors du commun
Chapitre 6 - Départ interrompu
Chapitre 7 - Dans cette fameuse forêt
Chapitre 8 - Dure vie...
Chapitre 9 - 1914
Chapitre 10 - Chez les De Sous-Bois
Chapitre 11 - Madame de Sous-Bois mère
Chapitre 12 - Margaret
Chapitre 13 - Tourments et pâquerettes
Chapitre 14 - Sans elle
Chapitre 15 - Jeux de dames
Chapitre 16 - Arnold
Chapitre 17 - Procrastination
Chapitre 18 - Invitation avec le potentiel futur
Chapitre 19 - À l'écoute d'une planche de bois
Chapitre 20 - La véritable rencontre d'une arrière-grand-mère tyrannique (et la dernière)
Chapitre 21 - T
Chapitre 22 - À plus tard
Chapitre 23 - Retrouvailles bis
Chapitre 6 - Départ interrompu

    Ambre s’était enfermée dans la salle de bain. Durant quelques minutes, elle avait senti la présence de Mme Petit derrière la porte, mais elle avait certainement trouvé que ce n’était pas le moment de la déranger, puisqu’elle était partie ; le portail du jardin avait grincé, signalant son départ.

   Ambre n’avait même plus la force d’écouter de la musique, thérapie qui avait semblé la soigner durant quelques heures.

    Seulement, elle n’avait pas prévu autant de crises de larmes durant son voyage, et elle n’avait glissé qu’un seul malheureux petit paquet de mouchoirs dans sa valise. Elle était à court de munition, et elle devait se moucher dans des mouchoirs déjà usagés.

Et le pire, c’est que demain, je vais revoir Mme Fève…

Rien que cette idée la fit pleurer davantage.

    D’ailleurs, l’assistante avait raison depuis le début : on ne pouvait plus rien faire pour le cas de sa grand-mère.

Irrécupérable.

Comme pour distraire son attention de sa tristesse, Ambre passa en revue tout les objets trouvés dans la boîte métallique. Elle faisait tourner entre ses doigts les produits et les morceaux de verre, et étrangement, cela l’apaisa un peu.

Dehors, le jour tombait déjà ; et Ambre remarqua qu’elle venait de gâcher deux bonnes journées.

Il était encore temps de partir…

Était-ce réellement une bonne idée ? Ambre en doutait. Mais elle en avait tellement envie…

Désolée maman, désolée Mme Petit, désolée mamie, j’ai tenté de vous faire plaisir, mais là c’est au-dessus de mes forces.

Elle voulait regagner la région parisienne, retrouver son appartement et sa vie d’étudiante, son entourage, et, bercée par son train-train quotidien, oublier tout ce qui lui était arrivé.

  Après dix bonnes minutes d’hésitation, Ambre se décida : elle rangea précipitamment sa valise, débrancha son téléphone de la prise murale, remit les différents objets et produits dans la boîte métallique (elle se demanda d’ailleurs si elle pouvait en emprunter un, mais finalement elle ne le fit pas), referma les tiroirs ouverts de la commode, arrangea un peu ses cheveux, puis, bagage au poing, quitta une bonne fois pour toutes la salle de bain.

Rien que de penser à une bonne douche chaude dans sa salle de bain à elle, elle pressa l’allure dans les escaliers.

Il devait bien lui rester assez dans son porte-monnaie pour se payer un voyage de retour…

Elle passa par la vieille cuisine, et trouva le tableau d’ardoise des corvées, où Mme Petit — ou Mme Fève ?— avait noté : ne pas oublier médicaments.

Ça devait être un pense-bête, pour sa grand-mère.

Alors, en-dessous, elle nota à la craie :

Mme Petit,

Je pars plus tôt que prévu, pour diverses raisons personnelles.

Je vous remercie de votre accueil et de votre bonne personne.

     Ambre.

     Peut-être n’allait-elle jamais voir ce message. Mais au moins, Ambre aurait tenté de la prévenir.

Elle reposa la craie dans la corbeille près de l’ardoise, et découvrit avec dégoût un cadavre de plante qui n’avait pas été jeté.

Elle quitta la cuisine à toute vitesse, remonta l’étroit couloir, sa valise toujours sur ses talons, et ouvrit la porte d’entrée.

La nuit était déjà là.

Elle traversa la cour d’un pas rapide, enfouissant son visage dans son écharpe de laine, espérant ne pas faire de mauvaise rencontre.

Dans son écouteur résonnait une lointaine petite mélodie.

Agacée, Ambre arracha son écouteur de son oreille… avant de se rendre compte qu’elle n’en avait pas.

Elle se stoppa net dans sa marche, les oreilles aux aguets.

Là. Dans le jardin. Le jardin de derrière. C’était de là-bas que s’envolait la délicate musique, presque imperceptible.

Mais qui pouvait bien jouer de la flûte à cette heure-là ?

Elle n’avait que de très vagues souvenirs du jardin, mais elle se souvenait d’un énorme terrain de jeu, utopique pour l’enfant qu’elle était, il y a dix ans.

Des bribes de parfum lui remontèrent aux narines, et son ventre s’ébroua, comme si elle en tombait amoureuse à nouveau.

Juste voir le jardin.

Elle n’eut même pas à réfléchir plus longtemps : ses pieds la portèrent d’elle-même. Elle commença à faire le tour de la demeure ; le volume du son augmentait.

Le jardin semblait avoir pris mille ans : les herbes avaient pris au moins quinze centimètres, les arbres semblaient avoir triplé de nombre — et l’obscurité nocturne les rendait plus nombreux encore.

Seule, une petite flamme dans sa lanterne accrochée au mur de la maison rougeoyait, dispensant une lumière chaleureuse.

La vibration se faisait plus nette, plus aiguë peut-être, et semblait osciller entre deux notes.

La mélodie coulait dans l’air, lui caressait ses oreilles, lui léchait la peau, câlinait son cœur.

La petite musique était là, quelque part, nichée entre deux arbres de cet immense jardin. Elle n’était pas très loin, Ambre en était persuadée.

Quelques instants plus tard, elle était là, l’herbe jusqu’aux genoux, levant haut les pieds afin de ne pas tomber.

La mélodie s’éloignait, puis se rapprochait, comme si elle était elle-même en mouvement. Parfois, elle devenait si faible qu’Ambre en coupait sa respiration, pour ne pas la perdre d’oreille.

Elle enjambait des buissons.

Contournait des arbres.

Se battait contre les branches pendantes dépourvues de feuilles.

Lorsque la mélodie disparu.

Ambre se figea, le pied sur une vieille racine. Ses poumons s’immobilisèrent, et ses narines devinrent muettes.

Elle cru l’entendre durant quelques instants, mais elle se rendit compte qu’elle l’avait confondue avec les bruissements de végétaux sous le vent.

Elle s’était enfuie…

Ambre se détourna, et se rendit compte que la petite lanterne était bien loin.

© Grisoubook ,
книга «Mamie».
Chapitre 7 - Dans cette fameuse forêt
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J'ai Pas D'idées :)
Chapitre 6 - Départ interrompu
y aurait de la magie de ton histoire ? en tout, c'est très intriguant !
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2020-10-17 07:52:13
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