Chapitre 1 - Début d'un long voyage
Chapitre 2 - Retrouvailles
Chapitre 3 - Dure réalité
Chapitre 4 - Fragments du passé
Chapitre 5 - Discussion hors du commun
Chapitre 6 - Départ interrompu
Chapitre 7 - Dans cette fameuse forêt
Chapitre 8 - Dure vie...
Chapitre 9 - 1914
Chapitre 10 - Chez les De Sous-Bois
Chapitre 11 - Madame de Sous-Bois mère
Chapitre 12 - Margaret
Chapitre 13 - Tourments et pâquerettes
Chapitre 14 - Sans elle
Chapitre 15 - Jeux de dames
Chapitre 16 - Arnold
Chapitre 17 - Procrastination
Chapitre 18 - Invitation avec le potentiel futur
Chapitre 19 - À l'écoute d'une planche de bois
Chapitre 20 - La véritable rencontre d'une arrière-grand-mère tyrannique (et la dernière)
Chapitre 21 - T
Chapitre 22 - À plus tard
Chapitre 23 - Retrouvailles bis
Chapitre 5 - Discussion hors du commun
Finalement, Ambre termina sa nuit dans la salle de bain, tantôt à dormir, tantôt à contempler la photo de son papi.

Pourquoi ne l’avait-elle pas reconnu tout de suite ? Peut-être était-ce la fatigue, la tristesse, la colère… Ou peut-être était-ce le fait qu’elle ne l’avait pas revu depuis très, très longtemps.

En fait, depuis que ma grand-mère est tombée dans sa maladie.

Et c’était cela le plus troublant : Ambre était dorénavant persuadée que la mort de son grand-père et la maladie de sa grand-mère étaient deux évènements très proches l’un de l’autre dans le temps — tellement qu’Ambre crut qu’ils étaient liés.

Non pas qu’Alice était devenue totalement folle dès qu’elle avait su que le cœur de son mari ne battait plus —et ne battrait plus—, mais Ambre ne se souvenait pas l’avoir vue saine d’esprit et veuve.

Cependant, un dur réveil l’attendait.

Dormir sur des tommettes n’avait jamais été une bonne idée…

Ambre remua son épaule ankylosée, et tenta de débloquer sa nuque par des mouvements circulaires de la tête, mais sans aucun effet.

Ses yeux brûlaient dans leur orbite, signe que passer plusieurs heures sur son portable avec des yeux exténués n’étaient pas non plus une bonne idée.

Rien n’avait bougé dans la petite salle de bain, mis à part qu’il faisait jour, malgré le ciel chargé de nuages : la valise d’Ambre était toujours éventrée à terre, des vêtements éparpillés un peu partout.

N’ayant pas trouvé de salle de bain adéquate, Ambre se contentait de changer de vêtements plus régulièrement que de coutume, et espérait que le déodorant masquerait le tout…

La jeune femme se convainc qu’il était enfin temps de grignoter quelque chose. Même si son nuage était encore lourd dans son cœur, elle réussit à se lever, et sortit dans le couloir — encombré, qui n’avait pas changé.

« Bonjour ! »

Oh non, pas elle.

Ambre se détourna lentement, plaquant un sourire forcé sur ses lèvres, mais ce même sourire dégringola en dévisageant la personne qui lui faisait face, qui n’était pas du tout Mme Fève.

Une grande femme d’une trentaine d’années se tenait là, grande, une peau brune, des cheveux ondulés autour d’un souriant visage.

Bref, le grand contraire de Mme Fève.

En revanche, elle portait sa même blouse, quoique un peu plus grande, Mme Fève étant plutôt petite de taille.

« Que… qu’est… Qui êtes-vous ? Balbutia Ambre, frottant ses paupières sèches.

— Mme Petit », répondit-elle chaleureusement.

Elle lui tendit une main pourvue de longs et fins doigts.

« Ravie de vous rencontrer ! » Rajouta t-elle.

Le « moi de même » se perdit quelque part entre le palais et la gorge d’Ambre, et c’était d’une main morte qu’elle serra celle de Mme Petit.

« Et… euh… vous faites-quoi ici, au juste ? » Lâcha Ambre, d’un air un peu trop sec selon elle.

Mme Petit n’en paru même pas offensée. Elle eut même un petit rire.

« Eh bien, nous sommes deux à travailler pour Alice Nerri, qui est votre grand-mère, c’est cela ? Comme c’est gentil de passer la voir ! »

Ambre eut une petite grimace, que Mme Petit ne sembla (heureusement) pas voir.

Tout est relatif.

« Bon, je vais rejoindre votre grand-mère. Ambre, c’est cela ?

— Oui.

— Parfait. Appelez-moi Nathalie. »

Nathalie Petit, mémorisa Ambre.

« Si vous avez besoin de quoi que ce soit, eh bien je suis en haut, avec votre grand-mère. Un autre renseignement ? »

La jeune blonde se souvint ce pourquoi elle était sortie de la salle de bain, et, portant une main à son ventre, elle demanda :

« Savez-vous où je pourrais me trouver de quoi manger, ici ? »

Nathalie réfléchit quelques secondes.

« Il y a bien une vieille épicerie, en ville, bien que je n’y sois jamais entrée. Mais je ne sais pas s’ils ont grand-chose… Mais vous pouvez tout de même aller voir. »

Nathalie lui adressa un dernier sourire, puis s’éloigna vers les escaliers du dernier étage.

                              ***

Quelle étrange ville tout de même…

En effet, la ville semblait avoir oublié de faire la mise à jour actuelle ; elle restait bloquée quelque part dans le temps.

Endormie dans une période antérieure.

Les rares passants étaient pour la plupart des vieux, qui se promenaient, et, regardant les façades des demeures, se demandaient à voix haute qui pouvait bien habiter là, parce que c’était fort joli.

Des touristes, donc.

Et l’épicerie… Il y avait à peine cinq étagères, et encore, ces dernières n’étaient pas toutes remplies.

L’épicière, quant à elle, depuis son comptoir, avait dévisagé Ambre d’un œil étonné et curieux les premières secondes, certainement surprise de voir quelqu’un — et, qui plus est, avait en-dessous de cinquante ans !— dans sa boutique. Puis elle s’était désintéressée, et s’était mise à tapoter d’un air vide les vieilles touches de sa caisse enregistreuse, dans un cliquetis répétitif.

D’ailleurs, il en manquait le tiers, des touches.

Et, une fois retournée au manoir, Ambre s’était forcée à manger ses raviolis achetés, à moitié froids, malheureusement.

Et là, elle venait de retrouver une vieille paire d’écouteurs dans sa valise, celle qu’elle utilisait, cinq ans plus tôt, lors de ses trajets en bus pour aller au collège.

Depuis lors, elle ne faisait qu’écouter de la musique (autant que le permettait sa connexion), d’anciennes playlists, qu’elle avait retrouvées en même temps que les écouteurs.

Pas de nouvelles de Dylan.

Évidemment, fourbes comme ils étaient, ses doigts s’amusaient à ouvrir les albums sur son téléphone, et à lui montrer des photos d’elle et lui, rayonnante de bonheur, ignorant que d’ici quelques mois, elle allait se retrouver là, assise contre le mur de la salle de bain de sa grand-mère, les joues humides, écoutant de la musique.

D’ailleurs, les larmes recommençaient à mouiller ses yeux.

« Ambre ? »

Elle tourna la tête vers la porte, et vit Nathalie, debout dans l’embrasure de la porte.

Malgré la gentillesse dont elle faisait preuve, Ambre ne put s’empêcher de la maudire intérieurement, de la déranger dans un moment de vulnérabilité.

Elle n’avait qu’une envie : pleurer sur ses souvenirs heureux.

« Oui ? » répondit-elle, clignant rapidement des paupières pour chasser les pleurs qui remontaient.

Nathalie devait se sentir indésirable, car elle fit d’une voix un peu honteuse et gênée :

« Excusez-moi si je vous dérange… mais… En fait, Alice souhaite vous parler.

Mamie ? »

                              ***

Encore sous le choc, Ambre montait les escaliers, derrière la blouse blanche professionnelle de Mme Petit.

Alice, sa grand-mère demandait à lui parler.

C’est-à-dire ? Comment aurait-elle pu se souvenir du prénom de sa petite-fille ? Déjà qu’elle la confondait avec sa propre fille…

Et puis, Mme Fève avait pourtant été claire là-dessus : son cas était irrécupérable.

Alors, peut-être y avait-il de l’espoir ? Peut-être que Mme Fève s’est trompée ?…

Ambre et Mme Petit entrèrent dans la salle de séjour, et la jeune femme blonde découvrit sa grand-mère, qui n’avait guère bougé depuis sa dernière visite, et continuait de fixer le téléviseur éteint.

Nathalie Petit toussota :

« Madame Nerri, voici votre petite-fille, Ambre.

— Bonjour, mamie. »

Mamie mit quelques secondes avant de cligner des yeux, et de tourner son cou croulant sous les rides vers elles.

Elle détailla la jeune femme blonde, d’un air tellement étrange qu’on aurait dit qu’elle la fusillait du regard.

« Tu voulais me voir ? » Poursuivit Ambre, pleine d’espoirs.

La vieille femme de répondit rien.

Lorsque soudain, elle hurla à plein poumons :

« CETTE FILLE EST UN IMPOSTEUR! »

Mme Petit afficha un regard horrifié, mais ce n’était rien par rapport à celui d’Ambre.

Imposteur.

Elle s’attendait à tout, sauf à ça.

Nathalie lui lança un regard plein d’excuse, puis gronda la vieille Alice :

« Mme Nerri, il s’agit de votre petite-fille, Ambre, la fille de votre fille, Chloé. Elle n’est pas un imposteur.

— C’est ce que je me disais, aussi. »

Les sourcils d’Ambre s’élevèrent, tandis que sa grand-mère replongeait dans la contemplation de son téléviseur.

L’assistante l’encouragea :

« Allez, n’avez-vous pas un petit mot à dire pour Ambre ?

— Tu avais quelque chose à me dire, rappela cette dernière. Mamie ? »

À présent, un sourire gai naissait sur ses lèvres, et elle commença à fredonner une petite chanson aux paroles baveuses.

Subitement, la colère remonta ; déchirant son torse, brûlant sa gorge, enflammant ses poings, qu’elle serra par peur qu’ils ne partent.

Le nuage qu’elle transportait depuis la veille se matérialisa en un claquement de doigt en un ouragan.

Tout revenait, tout ressortait, tout se mélangeait : c’était le volcan.

« Mamie, tu n’as pas quelque chose d’autre à foutre que de chanter des chansons de gosses ?! »

Ambre sentit Mme Petit écarquiller les yeux vers sa direction, mais il lui en fallait bien plus pour la calmer :

« À présent, tu vas arrêter. On a une vie, derrière, Mme Petit, Mme Fève et moi. Et le pire, c’est quoi ? »

Une larme dévala sa pommette.

« Le pire, c’est qu’on est en train de la gâcher, par ta faute ! Mais toi, tu n’as jamais eu de vie, alors c’est compliqué de juger, hein ?! »

Stop.

Ambre se coupa, reprit son souffle, et se rendit compte qu’elle était partie beaucoup, beaucoup trop loin.

Il suffisait de voir le visage de Nathalie.

Elle essuya sa joue, et renifla bruyamment.

Sa grand-mère parut interdite.

Un quart de seconde.

Puis, un large et guilleret sourire s’ouvrit sur son visage, comme si sa petite-fille n’avait que lui raconter une bonne petite histoire.

La frustration pressa les poumons d’Ambre.

Si même après sa colère elle restait de marbre, alors… tout était fichu.

Elle avait l’impression de parler à un mur, un mur qu’elle aimerait frapper, harceler, lui crier de comprendre ce qui se passe.

Mais c’est un mur, et il ne comprendra jamais…

« Tu sais… Ça fait longtemps que je te connais. »

Ambre dévisagea à son tour sa grand-mère.

C’était la goutte de trop.

Elle étouffa un sanglot, et en un battement de cils, ses yeux redevinrent humides.

Elle s’enfuit de la salle de séjour, dévastée.

© Grisoubook ,
книга «Mamie».
Chapitre 6 - Départ interrompu
Коментарі
Упорядкувати
  • За популярністю
  • Спочатку нові
  • По порядку
Показати всі коментарі (2)
J'ai Pas D'idées :)
Chapitre 5 - Discussion hors du commun
oh non ! moi aussi j'avais un peu d'espoir mais ce qu'elle a dit était quand même... très violent. j'espère malgré tout que leur relation va s'améliorer ^^
Відповісти
2020-10-17 07:50:35
1
Perdix
Chapitre 5 - Discussion hors du commun
Cette grand mère est... Possédée !? Bon, j'irai pas jusque là, mais on dirait qu'il y a plusieurs personnes dans sa tête...
Відповісти
2020-10-17 10:10:29
1