Chapitre 1 - Début d'un long voyage
Chapitre 2 - Retrouvailles
Chapitre 3 - Dure réalité
Chapitre 4 - Fragments du passé
Chapitre 5 - Discussion hors du commun
Chapitre 6 - Départ interrompu
Chapitre 7 - Dans cette fameuse forêt
Chapitre 8 - Dure vie...
Chapitre 9 - 1914
Chapitre 10 - Chez les De Sous-Bois
Chapitre 11 - Madame de Sous-Bois mère
Chapitre 12 - Margaret
Chapitre 13 - Tourments et pâquerettes
Chapitre 14 - Sans elle
Chapitre 15 - Jeux de dames
Chapitre 16 - Arnold
Chapitre 17 - Procrastination
Chapitre 18 - Invitation avec le potentiel futur
Chapitre 19 - À l'écoute d'une planche de bois
Chapitre 20 - La véritable rencontre d'une arrière-grand-mère tyrannique (et la dernière)
Chapitre 21 - T
Chapitre 22 - À plus tard
Chapitre 23 - Retrouvailles bis
Chapitre 11 - Madame de Sous-Bois mère

Ambre ouvrit les yeux sur un feu de cheminée éteint.

Depuis quand j’ai une cheminée dans mon appartement ???

Elle se redressa, hagarde, laissant courir son regard dans la pièce, faiblement éclairée par le soleil qui se levait derrière les vitres, puis se souvint qu’elle n’était plus à Paris.

Finalement, dormir sur de simples draps n’avait pas été la meilleure des idées : son épaule était bloquée.

La couche à côté de celle d’Ambre était vide. Elle leva le regard, et vit René et Alice, assis sur une élégante banquette près de la fenêtre, discutant à voix basse.

Ambre sourit, amusée, puis se leva pour de bon.

« Bonjour, vous deux, dit-elle.

— Ah, vous êtes réveillée ! Chuchota Alice. Vous avez bien dormi ?

— Ma foi… »

Elle décida de ne pas parler de sa douleur d’épaule.

« Vous parliez de quoi ? Demanda t-elle.

— Un peu de tout, répondit René. En fait, je crois que j’ai remonté le temps. »

Ah ! Enfin !

« Moi aussi, renchérit Ambre. Moi, je viens de 2017.

— 2017 ?! » S’exclamèrent-ils en chœur.

Elle posa un doigt sur sa bouche, incitant le silence.

« Oui.

— Est-ce que c’est encore la guerre mondiale, à cette époque ? S’enquit immédiatement René.

— Non, bien sûr que non ! Elle est terminée depuis belle lurette, et heureusement… Non, il n’y a aucun conflit notable, ces temps-ci. »

Et c’était vrai, maintenant qu’Ambre y pensait : elle qui s’horrifiait lors de ses lectures d’actualité, il était clair que tout ceci était à un autre niveau que la Guerre Mondiale.

« Elle se finit en 1918, révéla t-elle. C’est bientôt fini, ne t’inquiète pas…

— Quatre ans, ça reste long… » soupira t-il.

Un silence plana dans la chambre, lorsque René déclara fermement :

« En fait, je n’ai aucune envie de retourner chez moi. »

Ah bah moi, je n’attends que ça…

« Je suis même plutôt bien ici, poursuivit-il. Enfin… ça fait moins d’une journée que je suis là… mais ça me semble pas mal.

— Tu vas vite désenchanter, intervint Alice, lissant d’une main machinale sa robe. Non, moi, je n’ai qu’une envie : quitter cette ère. Plus rien ne me rattache ici…

— Tu oublies Margaret », fit Ambre.

En effet, elle était persuadée que la vieille servante prenait Alice comme pour sa propre fille. Il fallait la voir, hier, comment elle s’était adressé à la jeune fille ; on aurait réellement dit une maman réprimandant son enfant.

Alice se rembrunit, silencieuse.

Sentant que l’atmosphère devenait lourde, René eut la bonne idée de changer de sujet :

« Et vous, Ambre ?

— … Moi, je vous avoue, j’aimerais bien retourner chez moi. J’y ai un peu réfléchi, hier soir. Moi aussi, au premier abord, j’aurais bien voulu rester ici… Mais finalement, je suis très bien dans mon époque à moi. »

Alice et René hochèrent la tête en même temps.

Soudain, on toqua à la porte.

Alice écarquilla les yeux, effarée, puis bondit sur ses pieds.

« CACHEZ-VOUS !! » s’exclama t-elle à voix basse.

Ambre ne se le fit pas dire deux fois : professionnelle au cache-cache depuis sa plus tendre enfance, elle se jeta sous le lit à baldaquin. Elle eut quelques difficultés à passer, mais elle finit par réussir à s’y dissimuler entièrement.

Seul, René demeurait au beau milieu de la pièce, décontenancé.

Finalement, Ambre le vit sauter dans l’armoire d’Alice, et refermer le battant en bois sur lui.

De là où elle se trouvait, la jeune femme ne pouvait voir au plus haut que le début des mollets d’Alice. Elle la vit prendre une grande inspiration, puis elle se déplaça jusqu’à sa porte, avant de l’ouvrir.

« Bonjour, Alice ! »

Rien qu’au son de cette voix nasillarde qu’Ambre sut que celle qui entrait allait être insupportable.

Dans son champ de vision s’ajouta une robe d’une belle couleur mirabelle, et des mocassins vernis.

« Vous parliez toute seule, sœurette ? Poursuivit-elle aussi angéliquement qu’innocemment.

— Je ne parlais pas, surtout, répondit froidement Alice. Que me voulez-vous ?

— Oh, vous avez l’air de mauvaise humeur, très chère ! »

L’épaule endolorie d’Ambre la lança, mais elle se contenta de serrer les dents, encaissant la douleur.

Alice n’avait pas besoin de ça en plus, actuellement.

Pourvu, pourvu qu’elle n’ait pas l’idée de jeter un œil sous le baldaquin…

« Alors ? Que voulez-vous ? Répéta la jeune fille, légèrement agacée. C’est que, voyez-vous, j’ai du travail…

— Bien sûr, c’était pour vous prévenir de l’arrivée de la couturière.

— Quand ça ?

— Maintenant.

— Pardon ?! »

Robe-Mirabelle étouffa un petit « oups » :

« J’ai dû oublier de vous prévenir… Ah oui, c’est vrai, on m’avait dit hier de vous le dire… Quelle maladroite ! »

Elle eut un petit rire faux, et Ambre comprit pourquoi Alice voulait à tout prix quitter cette famille.

Un écho de pas se fit entendre, et on toqua à nouveau à la porte.

Alice s’en alla ouvrir, et cette fois, c’était une robe bleue qui entrait, accompagnée d’une robe brune.

« Bonjour Alice, bonjour Albertine, salua droitement Robe-Bleue. Vous êtes prête, Alice ?

— Tout à fait ! » Répondit la prénommée Albertine à sa place.

Ambre était persuadée qu’Alice avait fusillé sa sœur du regard.

Robe-brune s’activa. Ambre devina aux valises qu’elle posait au sol qu’il s’agissait de la couturière. Elle commença à passer des mètres autour de la taille d’Alice, et marmonna :

« 2 cm de plus que la dernière fois… ce n’est pas sérieux, mademoiselle…

— La dernière fois, c’était il y a deux ans, répliqua Alice. Et puis, j’ai grandi depuis.

Alice ! » Réprimanda sévèrement Robe-Bleue.

Ambre aventura dangereusement un œil en dehors de sa cachette, tentant d’apercevoir le visage de Robe-Bleue, mais elle ne parvint à voir qu’au plus loin sa taille, ficelée dans un maigre corset.

La couturière s’affaira autour d’Alice, comme un papillon autour d’une fleur. Elle piquait des étoffes, redressait des rubans, s’arrêtait noter quelques mots sur son carnet, puis répétait la cadence.

Lorsqu’Ambre sentit une crampe naître dans son avant-bras, elle se dit que ça faisait peut-être un peu longtemps qu’elles étaient là.

Elle aurait tant voulu savoir l’heure… Mais l’horloge était hors de portée de vue. Et puis, elle ne portait jamais de montre : son téléphone lui indiquait l’heure, d’habitude.

Téléphone qu’elle avait laissé sur sa valise, en 2017…

Quant à Robe-Bleue et Albertine, elles meublaient le silence avec les remarques de leurs propres opinions sur la robe :

« Non, la dentelle ne va décidément pas à Alice… quel dommage ! »

« Oh ! J’aime beaucoup ce motif de manche, ça lui irait à merveille ! »

« Cette couleur lui donne un teint désastreux… »

Jamais on n’entendit Alice sur ce plan-là.

Et enfin, après ce qui semblait être une heure pour Ambre, la couturière lâcha :

« Bien ! Je pense que c’est suffisant. Je repasserai avec les modèles commandés d’ici la fin de la semaine au plus vite, dans quinze jours au plus tard. Cela vous convient-il ?

— Absolument.

— Parfait. Ah ! Et au fait ! Qu’en est-il des autres robes que je vous avais confectionnées ? Dois-je les raccommoder, les retoucher ? »

Elle commença à s’approcher dangereusement de l’armoire, où René était toujours caché.

Ambre se mordit la lèvre, effarée.

Non non non… n’ouvrez pas ! N’ouvrez pas !

« Vous pouvez y jeter un coup d’œil si ça vous fait plaisir », répondit Madame De Sous-Bois.

Alice tressaillit sous ses épaisses étoffes.

« Euuuh… laissa t-elle échapper. Ce n’est pas nécessaire…

— Bien sûr que si, coupa Albertine De Sous-Bois, je ne veux pas voir ma sœur habillée comme une épave !

— Une épave, ça ne s’habille pas. Et puis… Non non non ! »

Elle s’interposa subitement entre la couturière et l’armoire.

Ambre retint son souffle.

« Alice, susurra sa mère, ne jouez pas l’enfant, ou je me verrais dans l’obligation de vous punir.

— Mais je… 

— Tu as quelque chose à nous cacher, Alice ? Demanda Albertine d’une voix toujours aussi innocente.

Alice ne vit pas d’autres choix que de se décaler. La couturière posa une main sur la poignée.

Ambre pria de toutes ses forces pour que René se soit volatilisé de l’armoire, pour X ou Y raisons.

Elle ferma les yeux.

« … Mais qu’est-ce que ?? »

La jeune femme rouvrit les yeux, et vit que René était assis dans le fond de l’armoire, le nez dans les jupons.

« Euh… bonjour, fit-il, levant une main bienveillante. Comment allez-vous, mesdemoiselles ? Je… Je regardais la… la… »

Un silence de mort s’abattit dans la chambre.

René, gêné, tentait de se dégager de sa cachette, mais il semblait avoir du mal, d’autant plus qu’il cherchait toujours quelle excuse donner pour justifier sa présence dans l’armoire d’une dame.

« La ? Encouragea Albertine d’une voix grinçante.

— La… la plomberie ! »

Ambre voulu se taper le front.

Évidemment, Albertine et sa mère se dévisageaient, surprises, tandis qu’Alice fixait le sol, certainement rouge de honte.

« Non non, pas la plomberie, se rattrapa René, je voulais dire le bois ! Le bois de l’armoire !… »

Ambre fronça le nez pour ne pas éclater de rire. René était aussi maladroit que comique à voir.

« En fait, il y a une maladie qui se transmet au contact du bois, expliqua t-il, sortant enfin de l’armoire. Quand on touche du bois infecté de cette maladie, bah… on tombe malade, tout simplement. »

Ambre devina qu’Alice travaillait autant qu’elle sur elle-même pour ne pas exploser de rire.

« On tombe malade ? Répéta Albertine d’une voix blanche.

— Oh que oui, bien malade, même ! Des boutons, des peaux suantes, de la bave sortant des narines… Et le pire…

— Le pire ?

— … Un sixième orteil vous pousse du pied. »

Ambre gloussa, ne pouvant plus tenir, mais heureusement son rire fut dissimulé par la voix nasillarde d’Albertine.

« Quoi ?! Mais je viens de me faire livrer un nouveau secrétaire, en bois ! S’écria t-elle, catastrophée. Monsieur ! Il faut que vous alliez vérifier si ce bois n’est pas contaminé !

— Calmez-vous, Albertine, ordonna Madame De Sous-Bois. Ce petit homme ne vous raconte peut-être que des sottises pour gagner son pain. Je ne vous ai jamais embauché ici, jeune homme.

— C’est normal, c’est… une certaine Margaret qui a fait appel à moi — et elle a bien fait.

— Mère ! Implora Albertine, larmoyante. Je ne veux pas tomber malade ! Je ne veux pas avoir des boutons partout, de la sueur, de la bave qui…

— C’est bon ! Maugréa Mme De Sous-Bois. Albertine, accompagnez ce jeune homme jusqu’à votre secrétaire. Puis je ne veux plus le revoir dans cette demeure. J’en parlerai personnellement à Margaret. »

© Grisoubook ,
книга «Mamie».
Chapitre 12 - Margaret
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Perdix
Chapitre 11 - Madame de Sous-Bois mère
Le pire mensonge de l'univers marche 😂😂😂😂😂😂😂😂
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2020-10-17 10:31:02
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