Mémé Paradoxx
@Paradoxx
Maître-mots : humour, passion, partage
Вірші
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Je t'aimais plus loin Que tes craintes ; Plus loin que mes craintes, Je t'aimais.
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Sans regret
Le crépuscule effleurait encore les cieux, Si(x) décembre j’ai croisé ton sourire Et nos ombres se sont entrelacées. Les ruelles éclairées, mystérieuses, Écho de nos conversations silencieuses. Quand la nuit caressait nos secrets, J’ai compris doucement, sans regret. Les jours ont filé comme des éphémères, Les saisons ont dansé, sincères, Les mots sont restés en suspens : Des pensées murmurées au firmament. Dans la pluie fine de nos souvenirs, Les gouttes chuchotent l’avenir. Tu es libre comme une brise légère, Laisse-moi être le calme de l’univers. Ai-je changé, me cherches-tu encore ? Les réponses se perdent, dans l’éclat de l’aurore. Nos regards évités, énigme qui ondule, Entre nous un silence qui parle, Un nouveau jour qui se lève. Mémé
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ac
je veux m'envoler partir vers le large vers l'infini du ciel qui embrasse la mer, inséparables. je suis sans regret dans le silence de la nuit la lune toujours accrochée j'attends seulement le moment présent le sable chaud comme oreiller mes rêves sont tous de toi je ne suis pas seule ton souvenir se reflète sur les vagues bleues comme tes yeux l'odeur boisée du vent me rappelle le santal de ton cou j'attends seulement le moment présent l'espoir de te revoir me donne des ailes et je m'envole Mémé
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Les choses que j'ai manquées
J'ai manqué ta peau Couleur biscuit Prête à être croquée J'ai manqué ton sourire Et l'odeur que tu laisses Quand tu cours devant moi J'ai manqué tes cheveux Épis de blés Ébouriffés à ta façon J'ai manqué ton rire La plus douce Des mélodies J'ai manqué l'orange Des couchers de soleil À tes côtés J'ai manqué ton sourire Tes lèvres, tes bras J'ai manqué De toi Tout simplement Mémé
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you'll be the first to get tired
you changed everything in my life you spoke to me like no one has ever spoken to me you made me feel whole you told me you loved me why do I feel abandoned when you don't reply to my messages? why am I so afraid that you are leaving? are you tired of me? I know you know that that you don't know what to say that you can't change anything you can make me happy you can break me what do you think will happen? what do I have of you? you'll be the first to get tired but suddenly I remember your smile when you say my name that you take care of me of all the memories we have the days go by without hearing your voice but even i don't know what to say I don't care if it hurts you'll be the first to get tired what's going to happen ? will you broke me? maybe it's just a dream maybe i should hang up now but there's a reason I stay I won't get tired. Mémé
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Histoire triste
Où t'enfuis-tu ? Je t'ai envoyé des mots, Dans le vent ils se sont perdus. Qu'en as-tu fait ? Trop proches pour être si loin, Ton souvenir s'étiole. Reste un peu, Attendons ensemble Que les beaux jours reviennent. Il n'y a pas de fin, pas d'au revoir, Essuie tes larmes. Notre temps est compté, Pas notre amour. Mémé
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Remords pour plus tard
Un soir d'été Je t'ai rencontrée Ton corps et le mien se sont bousculés Dans cette vaste obscurité. Puis les secondes se sont écoulées Et les mois ont passé Avant que je ne puisse me l'avouer. Morphée me l'a arraché. Les Champs à moitié éclairés, Sous la brume matinale de novembre enchaîné Lorsqu'encore Artémis nous observait. Doux baisers sous la pluie, À demi-mots je te le dis : Tu es partie. a.c.b. (pas Mémé)
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Aveugle
Longtemps, j'ai été privée de vous, mes larmes, Qui symbolisez sensibilité et vie. C'est pourtant la mort, qu'en moi vous avez créée, Dans mon âme redevenue si sombre et si froide. Je regrette ce doux temps passé, où mon cœur Enchaîné d'indifférence à la glace, Et ne battait pas, et ne vous connaissait pas. Votre présence obsédante empêche l'oubli De la douleur brûlante d'un amour bafoué. Mémé
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Darling
Quand la lune pose Ses rayons sur ton sourire Si tu pouvais m'emporter Avec toi Si seulement Santal et lavande Dessinés dans mon cœur Ne me rappelaient Sans cesse Le temps qui s'étire Combien tu me manques Intrigante Fascinante Nos âmes semblent Fondues d'un même éclair Mais j'ai peur Que ce ne soit qu'un rêve De me réveiller un matin Brusquement L'impression tenace Que c'est un malentendu Une allumette Que j'ai frottée Sans savoir Que le feu brûle Mais si tu pars Reviens Je ne veux rien effacer Je ne veux pas t'effacer Mémé
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Hug
Viens dans mes bras Tiens ma main Montre-moi ton visage Peux-tu entendre mon cœur ? Serre-moi bien fort Je serai avec toi Toujours Et quand les étoiles tomberont Que le soleil se lèvera Pour la dernière fois Je serai là Tu seras là Dans mes bras. Mémé
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Tomber
Tomber Lentement Sans voir le fond Les yeux fermés Se laisser aller Mais avoir peur Du noir Comme un enfant Tomber Lentement Sans respirer S'abandonner Dans le gouffre A venir Temps qui s'échappe Des doigts Et file si vite Pourtant tomber Lentement Si lentement Encore Et toujours Tomber Mémé
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Un trou dans mon cœur
Le temps passe Et s'écoule indéfiniment D'une lenteur épuisante Le monde s'est effondré Pour un seul mot Toutes les étoiles du ciel Sont tombées dans l'océan De ma douleur Ombres qui s'étendent dans mon cœur Et coulent à travers le trou béant Mes larmes seront inutiles Ma colère et mon deuil vains Plus de nuances ni d'éclats Amère sensation d'inachevé D'une lueur évanouie D'une lueur qui n'a jamais existée Que dans les yeux de celle qui admirait Je me meurs d'attendre Quelque chose qui n'existe pas Alors je t'adresse des mots invisibles Tu réponds Sans me reconnaître Le temps d'un instant J'oublie mes larmes Puis je retourne tristement Tirer le temps qui recule Incapable de combler Le trou abyssal que tu as fait Mémé
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Adieux
Robes écarlates dansent et tournoient Au rythme des violons pleurants Rires et murmures s'entremêlent, Dans un fouillis de valse endiablée. Lèvres carmin et costumes Brillant sous les luxueux lustres, Des couples, yeux dans les yeux Tourbillonent, ne formant qu'un. Tout à la musique, à la danse, Ils ne les voient pas, seuls, au centre, Coupés du monde, dans le leur, Ils s'a(n)iment en accordant leur pas. Nulle superficialité, nulle hypocrisie Dans leur regard, leurs mouvements, Ils s'oublient dans l'autre, se cherchent, Et parmi tous, ils resplendissent. La belle pleure dans ses bras C'est la dernière fois qu'elle le voit. Pleurant sur son habit noir nuit, C'est à la guerre qu'il part. Mémé
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Abandon
Cruelle mélodie du vent sauvage, Qui, arrachant mes feuilles dans sa rage, Les fait s'envoler loin, pourpres et sans vie, Doute horrible, est-ce moi qu'elles fuient ainsi ? × Mes branches nues se tendent, décharnées, Ombres si noires sur ce ciel grisé. Ma sève, sang abandonné, s'écoule Pour chaque perte, toute cette foule. × Tenaces comme une vieille rengaine, Des souvenirs d'été me reviennent : N'est plus, le renard aux yeux bleus qui rient, N'est plus, avec les feuilles aimées a fui. × Aucune promesse murmurée, Pas de chaînes à vos pieds attachées, Seulement un regard échangé, Et tant de jours joyeux partagés. × Des feuilles, Telles des liens Le vent, Tel la distance du temps, Le renard, Tel l'égoïste idiot, Et l'arbre, Comme moi. Mémé
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Chaînes de rêve
Je vis dans un rêve, la réalité molle, Toutes ces images difformes m'obsèdent, Leurs courbes hésitantes m'ensorcellent, Contre leurs couleurs, mon esprit est sans aide. * Cette double vie, de mes désirs a bâti, Un monde, des faits, ma propre réalité. Mes rêves, je ne veux m'en défaire à aucun prix. Prisonnière, je ne veux être délivrée. * De plus en plus, je m'endors, mes yeux se ferment, Dans les bras de Morphée, entière je me jette, Dans ses bras si apaisants, je ne ressens rien, Les larmes, le deuil, ici n'ont plus leur place. * Je vis ma vie les deux yeux fermés, chaque nuit Un nouvel univers m'ouvre ses portes dorées, Alors j'y cours, je m'y absorbe, j'y fuis, Et dans ces mondes volés, ces cages dorées, * Mon esprit aveuglement S'emprisonne De chaînes de rêve, Si légères à porter. Mémé
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Loin
Comme si on l'avait arraché Un morceau de mon cœur Est parti avec toi Et je me souviens, Des tes yeux De ton sourire De toi Ton absence me pèse Attendre Tant de temps ? Tant de douleur ? Aimer autant ? J'avais ce rêve d'exister À travers ces yeux Ce sourire Loin Aucun moyen Sans toi Impossible Sans larme Avant nous avions tant Partagé De moments Esprits liés Tu devinais mes paroles Tu riais et Tes yeux bleus Ouvraient un monde Un jour seulement S'est écoulé Déjà Mal de toi Te laisser partir Te dire au revoir Je ne peux L'étincelle De mon cœur A disparu Dans tes yeux Mémé à PP
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Humeurs
L'attente était paisible, Dans ce cadre printanier. Les oiseaux chantaient, le soleil brillait, Rien ne venait troubler ma veille. Je coulais tranquillement Contre la roche grise, Et me prélassais à la chaleur douce En attendant d'atteindre la mer. Mon ventre me chatouillait, Certainement des sirènes coquines, Ou des narvals qui se poursuivaient De leur grand nez pointu. Les frêles barques des pêcheurs, Glissaient sur mes joues, Plongeant dans l'onde claire, Leurs filets alambiqués. × Ces jours sont si loin Maintenant que l'hiver est là. Plus de bruit, plus de vie, Rien que l'éternelle glace, Qui m'emprisonne, Et lentement, Fait mourir en moi, Tout espoir, tout souffle. Jamais La mer Je n'atteindrai. Mémé
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Petite annonce
Nuit cherche ses étoiles étincelantes, Dans tes yeux oubliées. Sirènes cherchent leur voix envoûtante, Dans ta gorge disparues. Mer cherche l'onde glissante de ses vagues, Sur tes cheveux posée. * Ma raison de vivre je cherche sans relâche, Dans ton cœur je l'ai perdue, Et depuis les étoiles, les sirènes et la mer Avec toi ont disparu, Ne me laissant que mes larmes, Pour baigner mes sanglots. * Je cherche, je cherche Sans relâche, * Â m e c h e r c h e â m e *
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Le silence de la nuit
Un bruissement, des brindilles Qui craquent. Un hululement lointain. La nuit, la forêt est reine. La brise légère souffle Entre les hautes branches, La lune peine à glisser Ses rayons pâles Dans ce complexe enchevêtrement. Soudain, un fauve bondit, De sa gueule aux dents acérées, Il saisit le lapin imprudent et Le tue sans pitié. À la sombre obscurité se mêlent Rouge et blanc, sang et pelage. Seuls demeurent, Deux yeux jaunes dans la pénombre. Mémé
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Confiance
C'est quoi la confiance ? C'est dur. × C'est croire que son amour subsistera quand il te connaîtra, quand il saura. C'est ne pas penser à lui comme un étranger C'est accepter lui donner une place dans son coeur C'est ne pas avoir peur de son regard sur soi C'est donner aussi quelque chose de soi-même C'est se rendre faible et fort C'est rencontrer réellement l'autre C'est prendre appui sur lui C'est livrer ses peines et ses angoisses C'est être vrai avec soi pour lui C'est avoir cette espérance inextinguible et ce sentiment de sécurité × C'est la douleur aussi, douleur abyssale, Car plus la confiance est grande et plus la trahison déchire et blesse.
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Elle
Me brûle, Toute entière Flamme Ténébreuse Mangeant Joie Confiance Paix Amour De son obscure lumière × Me tue Le cœur Lentement Violemment Vicieuse Se régalant De mon amertume Et de mes souvenirs × M'abime Les yeux, Les larmes Qui en coulent Encore Et encore N'éteignent Même pas Les flammes Qui me rongent Les flammes Terribles De la Jalousie
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Panthère
Elle marche, les muscles roulant sous sa peau noire, Aux aguets, ses yeux brillent d'une lueur terrible, C'est le crépuscule, aux panthères est le pouvoir, Grondant, crocs sortis, elle se hâte lentement. Flegmatique en apparence, un prédateur Se cache derrière cette lourdeur feinte, Cruel, assoiffé, impitoyable, tueur, La mort semble se mêler à ses sombres pattes. Tant crainte tant admirée, elle rôde sans cesse, Dans la savane sur les plus hautes branches, Autour de vos fragiles cases de tresses. Dans la nuit, au-dessus des enfants elle se penche. Mémé
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Mad'moiselle
Piquons, piquons le chignon, vous serez belle Votre coiffure montera jusqu’au firmament Les étoiles vous jalouseront, Mad’moiselle. Posons ce brillant diadème sur votre front blanc. La salle de fête de Versailles, vous verrez, Et ses peintures, et ses colonnes, et ses dorures, Son plancher si ciré que vous vous y mirerez Et les hauts lustres pendus, au cristal si pur. Serrons ce corset pour une taille irréelle, Et cette robe à la lourde traîne brodée, Ornée de nœuds, rubans et d’un flot de dentelles. L’éclat d’un rubis sur votre gorge posé. Attention, Ma’zelle, aux prétendants affolés, Attention, ces hommes galants n’ont rien de bon Tout est paraître, hypocrisie, magnificence. Vous êtes une p’tite fille au milieu des loups. Dansez, Tournoyez, Mais ne vous perdez point Dans l’ivresse Des grandeurs.
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Échappée
Tu voles, caressant le vent de mille façons, Tant de ce côté, tant de l'autre, versatile, Délicate et fragile, aux doux frémissements, Tu sembles ne jamais te poser autre part Que sur une blanche épaule ou une eau claire. × La pluie est ta seule ennemie, elle t'alourdit, Te bat, te frappe, te gifle, t'écrase à terre, Petite plume, si bas que le ciel n'est plus Qu'un lointain souvenir tâché de sang carmin. Oh ma petite plume sèche tes larmes, × Que faisais-tu, petite échappée, loin de mes ailes ? Mémé [alexandrins]
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Souvenirs étoilés
Cliquetis des rouages anciens, La blanche ballerine tourne, Tourne encore, tant qu'elle le peut, Avant que le temps ne la stoppe. La vieille dame soupire. La mélodie fait resurgir En elle de doux souvenirs. Elle se souvient quand elle dansait Tard la nuit, seule sur la scène, Sous la lumière de la lune, Rêvant de devenir étoile. La berceuse ralentit Peu à peu, et meurt lentement. Larme sur sa joue coulant. Elle se souvient quand elle dansait, Et que le lustre sur ses yeux Est tombé, tant d'éclats de verre Anéantissant une étoile. Cette nuit-là Elle est morte Une première fois.
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Tableau
Sur le petit bureau d'ébène, Une chandelle s'est éteinte. La fine fumée grise monte, Tournoyante, et virevoltante Elle emplit la petite pièce De son odeur de rose fanée. Crâne sur la table posé À côté d'un long sablier Immobile et indifférent, Au temps qui s'écoule toujours. Aucune âme qui vive n'est Là Rien que l'absence et la mort. Seuls demeurent les doux souvenirs D'une vie que l'on découvre Après sa fin. Mémé
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Fuite essoufflée
Je cours, Le vent Soulève Mes courts Cheveux Couleur De nuit. L'orage Gronde Au loin, La pluie Depose Ses fines Gouttes froides Sur moi. La route De jais Défile Sous ma Hâte. Des éclairs Zèbrent Le ciel Si triste, Caché Par ces Nuages Grouillants. L'âme En peine, Brisée, Je vais, Je pars, Je fuis, Je cours. Mémé
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Oublié
Il fait nuit noire. Je viens de me réveiller en sursaut. Encore un rêve dont je ne me souviens pas. La fenêtre est ouverte. La faible lueur de la lune illumine une petite fleur échouée sur la pierre du balcon. Je souris tristement. Elle est comme moi, cette petite fleur. Elle agonise lentement, arrachée à ses racines et à ses compagnes. Sur la dure pierre blanche elle a perdu quelques pétales, comme autant de souvenirs oubliés. Je sens couler une larme sur ma joue. L'analogie est bien charmante par rapport à la réalité. Petite fleur, voici de l'eau. Respire. Et revis. Mémé
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Trou noir
Je ferme les paupières. L'obscurité envahit mes yeux, mon corps. Une douleur sidérale me traverse les tempes. J'ai chaud. Mon cou me brûle. Tout mon être s'embrase. Je me touche le front. Il est glacé. Je n'ai plus conscience, du temps qui passe, du monde qui m'entoure. J'ai du mal à respirer. Je suffoque. Trou noir. Mémé (Éveil dans Selena Les Lunes Jumelles)
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Inlassablement
Il pleut dans mon coeur comme il pleut dans la nuit Mélodie des gouttes monotones De l'Univers. Les étoiles noires sombrent dans les flaques Que laisse mon mal Je suis folle, stone, le monde est brouillé, J'espère en vain oublier. Je m'abandonne au ciel, à la lueur Carmin du levant. Boule de feu, de sang, aussi brûlante Que mon âme. Mémé
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Le temps d'un instant
Le temps d’un instant, Je l’ai vu, je l’ai admiré, Le grand papillon mordoré, Qui de ses ailes en sang, Faisait briller le soleil. Le temps d’un instant, Ses couleurs éclatantes Juraient avec le printemps, Si terne à côté De cet être élégant. Le temps d’un instant, Sa beauté éclipsa La violence du temps, Et la vie recula, Ne restait que le moment. Le temps d’un instant, La mort s’attardait, Un dernier battement, Et elle l’emporterait, L’arracherait au présent. Le temps d’un instant, Moment éphémère, Où le papillon mourant, Dans le temps se perd, Oublié. Le temps d’un instant, Effacé. Mémé [Pour le concours de @MotsenVrac dans la catégorie #éphémère]
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Indifférence
Mon âme est vide. Aucune pensée ne trouble La surface tranquille De mon esprit. Rien ni personne Ne me touche. Leurs pensées Glissent sur mon cœur Et tombent dans un trou Sans fond. Infini de mon indifférence, De ma froideur ni triste, Ni joyeuse. Les émotions, Les sentiments, Sont des mots Sans sens Pour moi. Je ne connais ni Les abîmes du chagrin, L'allégresse lumineuse, La jalousie brûlante, La haine dévastatrice, Ou les passions dévorantes. Ce monde, Le vôtre, M'est inconnu. Et je n'ai qu'une volonté, Dans cet esprit vide, C'est de vous comprendre. Mémé
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Colère désespérée
Je sentais la souffrance, la tristesse et le désespoir arriver sourdement. Assise, bouleversée, sur le lit, tenant encore la main d'oncle Kern, j'hurlais dans ma tête. Il était mort. Mort ! C'est bon, elle arrivait, elle était là, la douleur, le vide au cœur qui suit toujours la mort. L'impression que tout s'est effondré, tout l'univers. Papa, maman, oncle Kern... Qui encore ? Quelle est la prochaine personne que j'aimais qui mourra ? Je fis donc ce que j'avais déjà fait lors du décès de mes parents : me protéger. Je ne pleurais pas. Mémé (Éveil dans Selena Les Lunes Jumelles)
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Gouttes D'Amort
La jeune fille marche sur les froides dalles, Lèvres exsangues, chevelure abandonnée, Les larmes coulent sur son visage fané. Elle les essuie d’une main machinale. Clop Eternellement perdue, les yeux dans le vide, Chantant l’amour, chantant la mort, vagabonde Son fantôme errant et sa triste mélopée, Coupable d’une bonté d’âme candide. Clop Elle est là. Elle s’approche et touche le verre. Son image apparaît, tremblante, diaphane. Ses traits fins reflètent une peine inhumaine. Elle se languit d’un bonheur trop éphémère. Clop Elle se retourne, sa robe couleur fumée Vole. Elle voit la dague dans son dos plantée, Le sang s’échappe, gouttes d’amour, gouttes de mort. Elle l’a sauvé, l’homme tant aimé. Mémé
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Mi
La touche effleurée, un doigt seulement posé, Et pourtant, le charme d'un son, d'une note soudain éclate. Mi. Mi brise le silence et résonne doucement dans la salle si sombre. Il n'y a personne. Personne n'est là pour écouter cette mélodie qui commence. Le pianiste inconnu soupire et tire silencieusement le tabouret. Le mi se fait de nouveau entendre, mais cette fois brodés d'arpèges, qui semblent s'élancer vers le mi sans jamais l'atteindre. L'artiste ferme les yeux et se livre tout entier à son œuvre. Ses émotions descendent dans ses mains, les guidant de leur puissance refoulée, donnant vie à des notes passionnées. La musique, vibrante, s'élève, et remplit peu à peu la salle, chargeant l'atmosphère d'une tristesse et d'une nostalgie infinies. Mi, la, mi, mi, fa... Telles des larmes, elles glissent et s'évanouissent dans les airs. Mais soudain, comme pris de folie, le musicien se met à plaquer avec une rage désespérée des accords aux consonances bouleversées, qui déchirent la salle de leurs désespoir lancinant. Et tout aussi soudainement, interrompant le chef d'œuvre, il retire ses doigts, comme brûlé et claque avec colère le couvercle sur le clavier. Le siège est renversé et le pianiste s'enfuit, abandonnant son cœur brisé sur les touches blanches et noires.
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Brouillard mélancolique
Le brouillard glisse sur l'herbe mouillée, La nimbant de sa trouble vapeur. Les montagnes et ses pentes boisés, En le voyant frissonnent de peur. Il dissimule les dangers, Derrière sa fumée grisâtre, Et les loups auront beau hurler, Et le feu brûler dans l'âtre, Personne ne peut rien contre lui, Et sa visqueuse matière flottante. Personne ne peut le chasser, Les griffes et les crocs le traverseraient. En vain on le poursuivrait, on l'attraperait, on l'enchaînerait, Ce brouillard n'est qu'un nuage triste, gorgé de larmes de plomb. Mémé
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Chut
Écoutez le silence des mots, Qui pénétrent l'âme sans bruit, Et la bercent de leur saveur. Écoutez ce calme doux, Qui rassure doucement l'esprit. Et le fait frémir lentement. Écoutez cette absence pleine, Qui vous entoure, vous embrasse, Qui vous appelle et vous connaît. Écoutez cette voix muette, Absente si l'on ne tend pas l'oreille, Indiscernable si l'on ne la cherche pas. Mémé
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Rêve de lune
La lune coule ses rayons laiteux par la fenêtre, baignant la pièce d'une lueur irréelle. L'enfant se retourne dans le berceau, et soupire de satisfaction. La lune, interloquée, s'approche du petit et le regarde. Petite bouille aussi ronde qu'elle, teint blanc des nouveaux-nés, abandon propre à l'enfance, il la conquit. C'est décidé elle l'emporte. L'astre de la nuit déploie deux traits de lumière et le saisit délicatement contre sa face circulaire. Elle s'apprête à partir, mais le plancher sous le berceau craque soudain, dans un fracas qui lui semble épouvantable. Elle retient son souffle, de peur que le rêve ne se brise. Mais c'est trop tard, l'enfant ouvre ses yeux lourds de sommeil, et dans l'ignorante innocence juvénile, rit. Ce doux son de grelots réveille quelqu'un. Une voix rocailleuse se fait entendre, grondante, méchante. Le petit pleure. Alors la lune, essuyant une larme, s'échappe par la fenêtre, tel un voleur, abandonnant le rêve d'une nuit. Mémé
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Le lac tranquille de tes yeux
Epris depuis longtemps de Dame Beauté, J'ai vu d'immenses forêts Couvrant des montagnes entières,. J'ai traversé des plaines Si arides qu'on les nomme déserts, J'ai franchi des mers noires, Aux eaux troubles et bouillonnantes. J'ai approché un rouge volcan, Ronflant et vomissant de lave brûlante. Je suis allé sur le plus haut des plus Grands des monts de la terre. J'ai traversé un ravin dangereux, Aux piques acérées, où l'on s'y perd. J'ai admiré les paysages glacés du Nord, Dans la neige éternellement emprisonnés, J'ai marché dans des grottes, Labyrinthes aux pièges par milliers. Je suis passé sous des chutes Dont on ne voyait ni la source, ni la fin. Je suis entré dans des palais, Tout de verdure construits. J'ai couru dans une savane impénétrable, Grouillante de lianes et d'insectes luisants. J'ai parcouru monts et collines, Pour regarder un chêne d'antan. Je croyais avoir enfin saisis de mes sens, Toute la beauté de l'univers. Mais je n'avais pas encore contemplé, Ce que je n'aurais pu imaginer, Le lac tranquille de tes yeux. La grâce innée de tes mains, Le charme de ton sourire, La douceur de ta chevelure. Mémé
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Sage Chêne
Trônant, majestueux, au milieu de la forêt, Sage chêne, protégeant sous ton lourd feuillage, Des fleurs, aussi fragiles que tu es ancré, Dressant leur si frêle tige dans ce village. * Ton large tronc, recouvert d'un vieille mousse, Que ni les siècles, ni les violentes tempêtes, N'ont entamé la noblesse, car toujours poussent Tes bourgeons, tes glands dans leur cupule secrète. * Ainsi es-tu, tes racines courant la terre, Depuis longtemps dans le sol enfouies profondément, Bravant le feu, la glace, tous les éléments. * Mais c'est lorsque tes feuilles, mêlant pourpre et or, Tel des larmes, glissent, portées par le vent cruel, Que ta beauté, tout à fait, à moi se révèle. Mémé
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