« Mamie Madeleine ? Demande Mumu. C’est qui ?

- C’est une vielle dame que je connais depuis très longtemps, répond Simon. Elle est voyante et très accès à tout ce qui est paranormal. Elle est adorable, vous verrez. »

Simon toque à la porte avec une certaine intensité pour s’assurer qu’elle entende. La porte s’ouvre sur une petite dame d’un âge assez avancé tenant dans ses bras un chat noir, jaune et bleu, à deux queues. Rien que ce chat intrigue Kévin, Molty, Jimmy et Mumu, qui le regardent avec une certaine curiosité. Le félin a des couleurs particulières.

Quand le regard de la dame atterrit sur Simon elle lâche le félin, qui se réceptionne très gracieusement sur ses pattes, et tend les bras vers lui.

« Te revoila, murmure-t-elle avant de l’étreindre, tu m’as manqué mon petit ! »

Simon rit nerveusement, il ne s’attendait pas vraiment à une réaction comme ça. Il rend le câlin de la séniore.

« Y’a quelque chose qui m’échappe, intervient Molty, enfin Simon est censé être mort ! Cela ne vous...

-Simon ne venait pas de dire que je suis voyante ? J’ai eu l’occasion de voir l’avenir de Simon jusqu’à maintenant. Donc non je ne suis pas surprise, j’attendais même avec impatience qu’il revienne me revoir. Bon venez ! Rester debout n’est pas de tout repos. »

Elle les invite dans son salon, mais n’ayant pas de place pour que tous puissent s’asseoir sur le canapé Kévin et Hearesed restent debout. Le serpent aux yeux bleu prend place sur l’épaule de Simon, tandis que le deuxième serpent aux yeux verts se met sur les jambes de Mumu profitant que cette dernière lui apporte beaucoup d’attention en la caressant.

Mamie Madeleine s’assoit sur son bon vieux fauteuil. Elle détaille du regard les compagnons de Simon, dont un attire tout de suite sa méfiance.

« Toi là, dit-elle d’un coup en regardant Hearesed, tu me sembles suspect ! »

Le concerné soupire, il n’a clairement plus envie de parler. Il a surtout ce qu’on appelle : la flemme. Il se contente du soupir d’avant comme réponse.

Simon intervient en précisant qu’il est leur ami. Madeleine se détend tout de suite, arborant un grand sourire à nouveau. La dame en profite pour demander si quelqu’un veut une collation. Elle prend note de ce qu’ils souhaitent puis part dans la cuisine pour tout préparer, Molty part la rejoindre afin de l’aider.

Kévin s’approche du mur qui est se trouve en face du canapé. Ce mur est recouvert de photos d’enfant encadrées allant environ de 10 à 16 ans, parfois seul ou accompagnés d’autres enfants. Tous sont souriants et respirent la joie de vivre. Leurs yeux sont pétillants de bonheurs.

Simon arrive à côté de Kévin et lui montre une photo arquant un sourire nostalgique.

« C’est moi, en janvier 2002. On ne dirait pas, n’est-ce pas ? J’ai beaucoup changé. »

Kévin le compare avec la photo, la différence n’est que trop voyante. C’est dingue on dirait vraiment une autre personne. Sur la photo il porte un instrument de musique sur le dos, une guitare pour être plus précis.

« Tu jouais d’un instrument de musique, remarque Kévin, mais c’est super !

-Ouai, j’aimais beaucoup y jouer. Je crois que j’aime toujours, je ne sais pas. Ça fait longtemps que je n’ai plus toucher un instrument. Je ne sais même pas si je sais encore y jouer. »

C’était le bon vieux temps, se disait-il dans sa tête. Un temps où aucuns soucis ne venaient le hanter, le pourchasser partout où il va.

Mumu finit par venir, prise d’une curiosité en voyant Kévin et Simon contempler les photos. Puis vient au tour de Jimmy et Hearesed d’arriver. Simon montre à ses trois compagnons arrivés, la photo sur laquelle il se trouve.

« Rah putain, s’étonne Jimmy, t’as vraiment changé de gueule dis donc. En toute honnêteté je te préfère à avant.

-Je suppose que merci ? Je ne sais pas trop comment le prendre. »

Kévin tue du regard Jimmy, mais ça semble faire ni chaud ni froid à l’enfant. Mamie Madeleine et Molty arrivent avec les boissons. La séniore sourit en les voyant regarder les photos sur le mur, elle a une petite idée de quelle photo ils regardent en particuliers.

Elle et Molty posent les boissons sur une petite table qui se trouve près du canapé, et du fauteuil, puis les rejoignent.

« Comme cette photo est ancienne, soupire Madeleine, quinze déjà qu’elle a été prise…

-Quel mignon garçon tu étais, commente Molty avant de se rattraper, enfin tu l’es toujours. Enfin veux dire que tu n’es pas horrible ! »

Simon pouffe de rire, amusé par le comportement de son ami. Jimmy donne un coup de coude à Molty, l’enquiquinant légèrement. Ce dernier devient tout rouge et regarde ailleurs.

« Il y’a rien de mal à trouver quelqu’un mignon, rajoute Simon en voyant qu’il est gêné, mais pour te rassurer c’est le fait que tu te sois corrigé qui m’a fait rire. »

Molty lui fait un signe de tête, accompagné d’un léger sourire en guise de réponse.

La vieille dame les invite à s’assoir à nouveau étant donné que les boissons sont servies sur la table basse. Tout le monde est posé, sauf Kévin et Hearesed qui reste encore debout sirotant tranquillement leur boisson.

Molty est encore assez gêné. Mumu qui est assise à côté de lui remarque bien qu’il est encore mal à l’aise.

« Ça ne va pas ? »

Molty la regarde, son regard croise le sien faisant encore plus rougir le jeune homme. Il se tourne tout de suite, sentant une vague de chaleur envahir ses joues, son corps est aussi parcouru de frisson.

Il lui répond, bégayant.

« Ça va très bien.

-Moh tu es trop mignon ! Tu es tout rouge ! »

Simon qui allait commencer à parler a été très surpris par ce qu’a dit Mumu qui est assise à côté de lui. Quand il tourne la tête pour la voir, il se statufie. Mumu fait un câlin à Molty. Ce dernier tourne la tête vers le côté commençant à tousser, il a été surpris par le geste de Mumu et a donc avalé de travers sa propre salive. Heureusement qu’il n’avait pas le verre dans sa main.

« Mumu lâche le, intervient Simon, il va s’étouffer sinon ! »

La concernée le lâche et baisse la tête en faisant la moue. Molty se retrouve affalé sur l’accoudoir toussant, son visage aussi rouge qu’une pomme ! Il n’oubliera pas cette scène de sitôt, surtout que ce câlin ne lui a pas tant déplu que ça.

Reprenant son sérieux, Simon commence la phrase qu’il voulait dire avant.

« Madeleine…

-Appelle moi mamie ou mamie Madeleine mon petit.

-D’accord. Donc mamie Madeleine, nous avons un léger problème.

-Crache le morceau Simon, tu peux tout me dire tu sais ? »

Le jeune homme est assez stressé. Bien que Mamie Madeleine aime tout ce qui est paranormal, il ne sait pas si elle est familière avec tout ce qu’il compte lui dire bien qu’il sait qu’elle a vu son avenir jusqu’au moment où il toque chez elle. Il prend une grande inspiration, puis déballe tout.

Il lui explique tout ce qu’il sait, l’accident, les serpents et le lien, le dangereux prisonnier et ce qu’ils croient être ses desseins, sa rencontre avec un des soldats, et enfin ce qui s’est passé dans le jardin de Wupfla. Il vient enfin à lui demander de l’aide.

« Ça parait incroyable n’est-ce pas, termine le jeune homme, pourtant…

-Je pourrais vous apporter de l’aide, répond Madeleine en le coupant, enfin en tout cas sur le lien entre Fumigène et vous deux. En revanche je ne sais pas si mes ouvrages pourraient servir à autre choses, il faudra voir. Je vous préviens tout de suite je ne me bats pas.

-On n’a jamais dit qu’on allait vous faire combattre, intervient Kévin, nous ne sommes…

-Si j’avais encore cent ans ou moins je n’aurais pas dit non. Mais à cent trente ans on commence légèrement à rouiller.

-Vous êtes vraiment bien conservé pour votre âge, complimente Molty remit de sa quinte de toux

-Concentre toi petit, ce n’est pas l’heure pour ça »

Jimmy rigole, mais il se fait recadrer par Hearesed avec une petite claque à l’arrière de la tête, méthode que l’adulte n’approuve pas totalement, pourtant c’est bien lui qui a tiré les oreilles de l’enfant une fois. C’est assez paradoxal. Le chat de Madeleine arrive et saute sur le canapé pour se coucher sur les jambes de Molty, une manière pour le consoler.

La dame tient à rappeler qu’elle est voyante, qu’elle a vu l’avenir de Simon juste ici, qu’elle a vu les images de sa vie jusqu’à maintenant, donc qu’elle a vu des choses surnaturelles.

« Et puis ça fait longtemps que je vois des anges, ajoute-t-elle, des démons et j’ai même rencontré des êtres légendaires de l’au-delà. J’ai d’ailleurs déjà travaillé avec eux. »

Les serpents regardent la femme. En réalité elle leur dit quelque chose, mais ils n’arrivent pas à se souvenir qui. Après tout, ils voyaient un nombre incroyable de personnes différentes par jour qu’il leur est impossible de toujours se souvenir de chaque personne qu’ils rencontrent. À force de réfléchir le tilt finit par venir. Ils gardent ça pour eux, il est trop tôt de le dévoiler, ça ferait trop de chose à avaler en si peu de temps, et puis ça pourrait toujours faire office d’histoire à raconter. Très bientôt ils le pourraient, en guise d’histoire à raconter, bien qu’ils doivent déjà en raconter une.

« Stylé la mamie, sort Jimmy, ça fait du bien de ne pas être les seuls au courant

-J’ai un livre, informe Madeleine en ne tenant pas compte que ce qu’a dit Jimmy, qui pourrait contenir la potion qui annulerait cet effet de lien. Il doit certainement y avoir une trace quelque part. Restez sagement ici, d’accord ? »

Après lui avoir tous, ou presque, dit oui, mamie Madeleine part dans sa bibliothèque chercher ce fameux bouquin dont elle fait mention laissant ainsi le petit groupe seul.

Dehors un ange étranger de ce monde les a espionnés. Il a entendu toute leur petite discussion. Une grande peur l’envahit, celle de devoir annoncer à son nouveau Maitre l’opportunité qu’il peut louper.

« Oh non, murmure-t-il à lui-même, ce n’est pas bon du tout. Il ne va pas du tout apprécier ça…

-Et toi, interpelle une voix, qu’est-ce que tu fais ici ?»

L’ange lève la tête et son regard croise celui de Xanto puis celui de Siflora, bien que les yeux de cette dernière soient cachés par la capuche. En revanche les deux cercles jaunes sur la capuche pourraient faire office de yeux. Les deux individus sont bien posés sur le toit. Ils sont assez étonnés de voir cet ange ici, ce n’est pas du tout courant surtout que l’être céleste n’est qu’un civil. Ce dernier tremble rien qu’en les voyant. Ils sont là, juste au-dessus de lui, tout proche. N’est-ce pas incroyable ? Même pour les anges les esprits restent des êtres légendaires qu’ils ne croisent que très peu, voire jamais.

Les rencontrer reste toujours un évènement à savourer et à graver dans sa mémoire.

« Je euh, bégaie l’être aux plumes blanches, euh…

-Il y’a des humains à l’intérieur, informe sévèrement Siflora, tu ne dois pas être ici au risque qu’ils te voient s’ils s’approchent trop de la fenêtre ! »

Il est surpris par ce ton et recule légèrement. Il sait déjà cela, mais ne rajoute rien ne voulant pas aggraver sa situation. Pour lui là où il était, il ne risquait rien. Il aurait pu lui dire, mais répondre à un être ayant des millions d’années d’expériences, c’est risqué et très mal vu. Il reprend un peu d’assurance, pour dire

« Si je suis ici, bégaie à nouveau l’ange, c’est pour voir Madeleine. »

Siflora trouve cela suspect tous ces bégaiements. Xanto, lui, s’en fou honnêtement. Il se contente de laisser Siflora gérer, son petit doigt lui dit de ne pas intervenir. L’ange, quant à lui, commence à stresser de plus en plus.

Surtout qu’il n’est pas venu seul et que ses compagnons sont ultra excités dans leur coin, rien qu’en voyait les deux esprits perchés sur le toit.

« Viens, ordonne Siflora, rejoint nous sur le toit »

L’ange se hâte d’aller les rejoindre sur le toit, son sourire grandissant à vue d’œil. C’est comme un rêve devenu réalité ! Pouvoir se tenir proche des membres du quintuple des esprits, d’échanger avec eux quelques mots d’une manière tout à fait normale ! C’est quelque chose qu’il rêvait depuis petit. Il a toujours été fasciné par leur rôle, leurs capacités et même leur passé se demandant bien ce qu’ils ont vécu !

Il ne manquait plus que ces deux-là, c’est les deux seuls qu’il n’avait jamais vu de ses propres yeux ! En revanche, il espérait que ça se passe dans d’autres circonstances.

Il sue, luttant pour bien faire comprendre à ses camarades, par un moyen bien à lui, de ne pas intervenir. Un plan lui vient en tête, il décide d’abandonner la quête du cristal, pour quelque chose d’autre…

Quelque chose qui devrait lui être profitable, bien que le risque soit élevé… Il met en jeu sa liberté et quelque chose de plus encore.

Siflora remarque bien que quelque chose cloche avec cet ange mais elle ne s’y attarde pas vraiment trouvant cela normal. Bon nombre de personne qu’ils ont rencontré se comportaient bizarrement avec eux, donc à force il vaut mieux ne plus s’y attarder.

Elle préfère d’abord installer un climat de confiance pour qu’il se mette à l’aise, afin qu’elle puisse l’interroger sans grands soucis.

« Comment tu t’appelles, demande-t-elle, et quel est ta spécialité en tant qu’ange ?

-Je m’appelle Luphiot, et je suis un ange scientifique. »