Il atterrit dans un environnement hostile, totalement mort. Aucune végétation ne s’y trouve, le paysage est d’un vide désertique. Aucune forme de vie n’est censé pouvoir survivre dans de telles conditions.
Des campements de fortunes sont installés pas loin de là où il se trouve. Une personne tenant un bloc note dans ses mains s’approche de lui, elle le scrute attentivement de ses yeux verts.
« Tu es revenu tout seul ? Demande-t-elle. Ça s’est mal passé ?
-Et comment ! Peste-t-il faiblement. Tu ne veux pas me ramener à manger ? J’ai la flemme de bouger.
-Vu ton état je n’ai pas trop le choix de te servir. En revanche, il serait mieux que tu viennes au campement. Aller un dernier effort. »
Le dragon grogne et se force pour se lever sur ses deux pattes arrière. Il suit sa camarade le dos courbé, trainant volontairement. Ils rentrent au campement dans le silence.
Une fois arrivé, plusieurs créatures les regardent, un plat devant eux. Le dragon se laisse tomber à côté d’un autre dragon, qui est nettement plus impressionnant. La personne avec qui il a marché lui ramène de quoi manger.
« Speecosing, il est où Luphiot ? Demande-t-elle en s’asseyant devant lui
-Seulement maintenant que tu me le demandes ?! Il nous a trahi. Il a pris peur où je ne sais pas quoi, et quelqu’un a réussi à l’éloigner de moi ! Et si ce Xanto ne m’avait pas eu… Punaise !
-Cela ne me surprend pas, sort la personne bleue et magenta, qu’il a pris peur.
-Pareil pour moi, dit une autre voix »
L’imposant dragon les regarde, posant ses yeux rose sur ses deux compagnons. D’un regard tueur, Speecosing les fusillent. Le deuxième dragon et la personne ont la certitude qu’il ne les a pas compris, ils vont prendre la peine de lui expliquer.
« Les anges sont des êtres très sensibles, explique en premier le dragon, ils ressentent beaucoup plus facilement et plus intensément tout ce qui est humeur et sentiment. Il allait craquer un jour ou l’autre.
-De plus il n’a pas arrêté d’utiliser son pouvoir télépathique, continue la personne en remontant ses lunettes, et à faire des recherches sans pause. Cela a accentué son mal être, il était vraiment à bout même s’il ne voulait pas le laisser paraître. Et puis vu qu’il y’avait Xanto, il l’a certainement pris comme une issue de secours.
-Il y’avait aussi Siflora ! J’aurais pu les avoir si… Tiens en parlant de ça ! Devinez qui j’ai croisé et qui avait tiré Luphiot quand je l’avais malencontreusement lâché.
-Sans sa pierre tu n’aurais pas eu Siflora, précise l’imposant dragon, c’est sûr et certain. Et c’est qui ?
-Hearesed, répond-il, Hearesed le traître. »
Personne ne parle à la suite de ce nom. Même ceux qui mangeaient à côté d’eux, s’arrêtent et porte leur attention à la discussion. Personne ne s’attendait à ce que ce prénom soit prononcé. Leur doute est levé. Tous pensaient qu’il était mort ou du moins piégé dans un état végétatif, jusqu’à récemment où le corps d’un de leur coéquipier a été retrouvé vachement amoché. Ce dernier a même rapporté que c’était bien lui ! Et dire que personne ne l’a cru et le pensait fou.
Puis il a fallu que Speecosing parle. Le doute s’évapore sur l’état du « traître ». Certains sont indifférents à cette nouvelle, d’autres commencent à avoir peur ou à se mettre en colère.
« C’est vraiment vrai, demande la personne à lunette, vraiment ?
-Oui Anasthasia, soupire Speecosing, c’est vraiment vrai. Tu es contente n’est-ce pas ? Toi qui l’apprécies énormément, même s’il nous a trahi ! »
Elle le dévisage, Hearesed et elle étaient certes amis et s’entendaient bien. Mais quand il a fait sa tentative de coup d’état, elle n’avait plus envie de lui parler. Elle ne voulait plus avoir de ses nouvelles. Etant donné qu’elle est, ou plutôt était pour l’instant, la secrétaire de leur maitre, la tentative du coup d’état de son ancien ami l’a beaucoup perturbée.
Anasthasia ne s’attendait pas à ça de sa part, elle ne comprend pas son geste et ça la tourmente. Le fait que Hearesed a tiré Luphiot des griffes de Speecosing reste incompréhensible.
Travail-t-il désormais pour les anges ? Depuis le début il en était un ? Jouait-il les espions ?
Non, il ne peut pas être un ange. Sinon leur Maitre l’aurait déjà su ! L’hypothèse de l’espion lui semble pourtant la plus probable, mais une autre question vient s’y ajouter.
Son ancienne amitié n’était que pur mensonge pour son profit à lui ? Ou était-ce sincère ? Mais qu’il a pris sa décision au risque de tout perdre ?
« Calme tes hormones, sort l’imposant reptile, laisse-la en paix ! C’est dur pour elle !
-Tais-toi Dalakar, grogne Speecosing, je me calmerai quand j’en aurais envie. »
Ayant repris quelques forces il se lève et part vers une tente, laissant Dalakar et Anasthasia seuls ainsi que son maigre plat à peine touché. Une fois rentré, il ouvre la trappe qui se trouve au milieu. Il se trouve en face d’une espèce de portail sautant à l’intérieur, sans peur, et se retrouve dans une sorte de laboratoire avec cinq cuves, dont trois renferment des personnes.
Les cuves sont fabriquées de sorte que les personnes enfermées dedans soient soumises à leur principale faiblesse, les affaiblissant au point où elles ne peuvent plus s’échapper.
Sur une table, se trouve trois pierres précieuses. Ces dernières sont ternes, leur éclat d’antan si magnifique s’est éteint remplacé par des taches violettes et noir.
Difficile de ne pas comprendre que ce sont trois des cinq esprits capturés, enfermés dans ces cuves transparentes, affaiblis. L’une d’elles lève la tête et observe le dragon fouiller le laboratoire, sa cuve contient beaucoup de buée et d’humidité qui lui masque un peu la visibilité. Elle soupire et baisse à nouveau sa tête.
Speecosing finit par trouver une feuille, une carte plus précisément. Sur cette carte un endroit est entouré au marqueur rouge, avec un point d’interrogation à côté.
« Les catacombes étoilées, parle-t-il tout seul, mais pourquoi je n’y avais pas pensé ! Cela parait tellement logique ! »
Il prend le papier puis sort du laboratoire, par un autre passage, sans prêter la moindre attention aux esprits prisonniers. Il tient dans ses mains un objet qui en même pas une seconde a pris une énorme importance.
Une fois en dehors de la tente, il tend la carte vers le ciel et hurle pour attirer ses camarades.
« Mes amis, venez ! J’ai quelque chose d’important à vous dire ! »
Tous arrivent, curieux de ce que pourrais dire le dragon. Dalakar et Anasthasia se mettent au premier rang. Tous remarquent la carte que tient Speecosing, leurs oreilles sont grandes ouvertes.
« Je me suis permis de fouiller dans le laboratoire qu’occupait Luphiot, j’y ai trouvé une feuille qui pourrait bien nous intéresser. »
Il leur montre convenablement la carte qu’il a trouvé. Certains ne comprennent pas pourquoi y’a un gros rond rouge avec un point d’interrogation, d’autres semblent avoir des soupçons sur sa définition, une lueur d’espoir anime leurs yeux.
Anasthasia et Dalakar se regardent l’espace d’un instant avant de contempler la carte, parcourus aussi par cet espoir.
« Tu penses qu’il est là-bas ? Demande Anasthasia la voix presque absente. Mais…
-Autant y aller et fouiller, crie Speecosing à tous, on ne perdra rien ! Notre Maitre nous attend depuis des années !
-Oui ! Hurlent les soldats
-Allons le délivrer ! continue le dragon. Ainsi que Shadehowl notre commandant et nos autres frères et sœurs !
-Oui ! Hurlent jusqu’à la mort les soldats »
Sur ce dernier mot, tous commencent à s’organiser. Les créatures terrestres, ou tout simplement ceux ne pouvant voler s’arrangent avec ceux qui en sont capable. En revanche, avant de partir il faut réfléchir à comment amener les prisonnières et leur pierre respectif. Pour les pierres, une sacoche suffit, mais pour transporter des êtres dans des cuves ça risque d’être compliqué.
Ils ne veulent pas prendre le risque de les sortir de leur prison, elles pourraient rapidement reprendre leur force et tout tenter pour récupérer les pierres et s’enfuir. Tant d’efforts fournit pour finalement rien. Ce serait dommage.
Dalakar décide de se porter volontaire pour porter une des cuves, en plus de deux personnes qui sont Anasthasia et Speecosing. D’autres se portent volontaires pour s’aider à porter les deux cuves restantes. Anasthasia prend la sacoche avec les pierres car c’est la plus responsable, et elle sait bien prendre soin de ses affaires contrairement à certains.
« Tu as des ailes toi, dit Speecosing à Anasthasia, vole donc de tes propres ailes !
-Non, répond vivement Dalakar, elle transporte de précieux objets. Je préfère l’avoir sur mon dos pour plus de sécurité si jamais nous viendrons à être attaqué !
-Ça va ça va, lâche le petit dragon, du calme. »
Anastasia sourit au dragon ailé, se sentant libéré d’un poids. Elle grimpe sur le dos de Dalakar, suivit de Speecosing qui se place devant elle. Des soldats chargent une des cuves sur le grand dragon, derrière Anastasia, accrochant la cuve avec des liens magiques.
Tous prêt, le trio ouvre la marche décollant à une grande vitesse, traversant très vite l’atmosphère du monde où ils ont établi leur campement durant tant de temps.
Arrivés dans l’espace leur apparence change plus ou moins, ils scintillent tous. L’on pourrait croire qu’ils sont recouverts de paillettes. Ils ont de l’éclats, voire parfois des reflets métalliques. La plupart ont vu leur couleur s’éclaircir ou s’assombrir davantage.
Speecosing possède la carte, il guide Dalakar par sa voix. À droite à gauche, en haut en bas, il est très précis. Il ne veut pas commettre d’erreur, il ne se le pardonnerait pas et les autres non plus. Même avec une carte, il est facile de se perdre dans les tréfonds de l’univers, parfois fréquenter par des êtres qui ne sont pas digne de confiance…
Plus ils s’approchent de leur destination, plus ils deviennent impatients. Ils ont hâte de libérer leur Maitre bien aimé. Rien que la voix de ce dernier leur manque beaucoup. La plupart ont un doute de comment elle était, ils ne se souviennent plus réellement de l’intonation qu’elle a. Certains assument même d’avoir oublié la sonorité qu’elle provoquait.