Le soleil ne tarde pas à se lever, ses lueurs ne se déteignent pas sur les jeunes endormis se trouvant dans une pièce close. Ils se réveillent donc bien après cet astre, les visages sont décomposées preuves d’un manque assez sérieux de sommeil.
La solitude est maître dans cette grande pièce, ils paraissent seuls au monde si l’on ne compte pas les statues présentent comme de véritable personne. Après s’être correctement réveillés, ils se lèvent du banc puis sortent du sanctuaire sans se douter qu’ils sont sous la surveillance de deux êtres, assez spéciaux.
La ville est plutôt calme le jour, tout comme la nuit, peu de voitures circulent, aucuns passants se promènent dans les rues. Ils marchent côte à côte en espérant ne pas croiser de policiers en service, mais rien n’indique leur présence ici ce qui, en quelque sorte, les rassure. La jeune fille colle d’assez près le garçon par peur de le perdre de vue l’espace d’un instant, tout peut arriver très vite malgré la tranquillité régnante. Elle vient même à serrer le bras gauche du jeune homme. Ce dernier la regarde assez surpris de ces contacts si soudain
« Tu n’es pas obligé de serrer mon bras, dit ce dernier en rigolant légèrement, je ne vais pas m’envoler d’un coup.
-Oui mais je ne veux pas me perdre, couine la fille, me retrouver seule. Je veux rester près de toi ! »
Le jeune garçon rit doucement arborant un grand sourire, attendri par les paroles de la jeune fille. Il la laisse donc serrer son bras si cela peut la rassurer.
Le calme se réinstalle entre les deux personnages. C’est un peu gênant et malaisant au goût du garçon qui réfléchit pour trouver n’importe quel moyen de discussion.
« Je te propose, parle-t-il après un moment sans rien dire, que nous refassions les présentations. Nous nous sommes déjà présentés mais jamais tu ne m’as appelé par mon prénom, j’ai l’impression que tu l’as oublié.
-Oui. Répond-elle »
Au moins maintenant il a la raison pour laquelle elle n’a jamais prononcé son nom. Cela le dérange dans la sens où elle aurait pu lui demander à nouveau, mais peut-être n’osait-elle pas ? C’est assez gênant pour certain de poser cette question à une personne alors que cette dernière a retenu le vôtre.
« Tu aurais pu me le dire, préviens le garçon, ça ne m’aurait pas dérangé de te le redire. Je ne vais pas te manger après tout.
-Oh, on ne sait jamais »
Il pouffe de rire secouant légèrement la tête. Sur le coup pour lui c’était drôle, mais la fille ne semble pas du même avis. Elle semble avoir pris les mots de son camarade au premier degré et se retrouve à le regarder, perturbée. Le garçon la regarde et s’arrête de rire, il se racle la gorge puis continue.
« Je m’appelle Simon, se présente le garçon
-Et moi c’est Mumu ! »
L’adolescent réfléchit
« C’est un prénom assez rare, et inattendu. Je n’avais pas réfléchi à propos de ça, avant.
-Simon aussi c’est rare, ajoute Mumu, je ne connais personne qui s’appelle aussi Simon !
-Ce n’est pas vraiment un prénom rare, et puis j’ai envie de dire que c’est normal que tu ne connaisses personne d’autre qui s’appelle comme moi. »
Ils continuent leur discussion au fur et à mesure de leur marche. L’entente entre les deux commence à se former, à se solidifier, doucement mais sûrement. Après cette discussion, Simon revient aux choses sérieuses en faisant un point sur leur situation.
« Nous sommes sans défense. Si jamais quelqu’un veut attenter à notre vie il nous faudra quelque chose pour nous protéger.
-Dans ma maison il y’avait une hache, informe Mumu, ça suffit ?
-Il risque d’y avoir à nouveau les policiers. Aller chez toi serait risqué. De plus ils l’ont certainement pris !
-Si on ne tente pas, on ne saura pas ! »
L’adolescente fait demi-tour et marche à l’opposé de Simon. Le garçon se retourne et la rattrape, il voulait la stopper mais elle zigzag entre les voitures stationnée, à côté des trottoirs, pour en quelque sorte lui échapper. Elle la taquine en rigolant alors qu’il lui ordonne de s’arrêter, ce qu’elle ne fait pas.
Se rendant compte que Mumu suit un certain rythme, il se contente donc de suivre ses pas. Non pas une première fois près d’elle pour éviter d’être surpris, par un éventuel changement, mais avec une certaine distance pour avoir le temps de réagir à chacun de ses changements.
Il se rapproche de plus en plus, sans réellement se presser. Une fois assez près d’elle, et près de la fin de la file de voiture, sur un trajet droit il sprint et attraper son poignet droit, il la tire vers lui puis l’étreint pour éviter qu’elle s’enfuie.
Se rendant compte qu’il se trouve sur la route, il dirige Mumu, toujours piégée dans ses bras, sur le trottoir le plus proche. L’adolescente se débat, mais Simon resserre sa prise et force un peu plus pour rejoindre ce fameux trottoir.
« C’est inconscient de ta part, gronde Simon, nous devons rester ensemble ! Si des policiers ne se trouvaient pas loin, on aurait été dans la mouise ! Clairement !
-Mais les policiers arrêtent les vilains, rechigne Mumu en se libérant de la prise, nous ne sommes pas des méchants.
-Ils ne veulent pas t’attraper parce que tu es méchante, explique Simon, ils veulent t’attraper parce que légalement tu es censée être seule, absolument toute seule, sans personne pour t’occuper de toi. En revanche je suis là et tant que tu m’écouteras tu seras en sécurité »
Il a un peu menti, enfin pas vraiment il n’a juste pas tout clairement dit. C’était pour ne pas plonger Mumu dans une situation qui la tracasserait. Elle est totalement innocente dans cette histoire, lui aussi en quelque sorte, il est hors de question qu’elle se fasse juger à tort étant donné qu’elle n’a pas fait d’acte impardonnable.
Plus aucune preuve ne reste à part leurs paroles, enfin la parole de Mumu. Comment Simon pourrait-il dire quoi que ce soit ? Alors qu’il a passé des années en tant qu’âme errante, sans but précis, avide à des prédateurs qui aurait pu assimiler tout ce qu’il lui reste, et le réduire à tout jamais au silence.
Il est l’intrus dans toute cette histoire. Il ne fait pas du tout parti de sa famille.
« On peut quand même voir, demande Mumu, s’il y’a vraiment les policiers ou pas ? Pour au moins avoir une chance de pouvoir se défendre s’il n’y en a pas. »
Elle marque un point. Aucune preuve certifie que les policiers sont toujours à la maison de Mumu, et puis si la hache s’y trouve bel et bien il vaut mieux qu’ils l’aient qu’une personne mal attentionnée. Il n’est pas complètement convaincu, mais décide de quand même l’écouter. Les deux retracent leur anciens pas direction la fameuse demeure.
La chance semble leur sourire, une fois arrivé ils ne constatent aucune présence policière, semblant être partis aussi vite qu’ils sont venus. Cependant des banderoles « Crime Scene Do Not Cross/ Ne Pas Franchir Scène De Crime » sont disposées un peu partout, à tout moment ils pourraient donc revenir, il faut donc faire vite. En franchissant minutieusement les banderoles, faisant attention à ce qu’elle ne se décroche pas, ils se faufilent à l’intérieur de la grande maison.
L’ambiance régnante à l’intérieur est pesante. Rien qu’en arrivant dans le grand hall, la présence de deux bâches noire étalées sur d’énormes tâches de sang, il est possible de le savoir car ça dépasse à quelques endroits, donnant pleins d’indices sur ce qui a bien pu se passer. Le jeune homme ne peut s’empêcher de regarder l’une des bâches avec un regard sévère.
Mumu appelle Simon pour attirer son attention, elle se trouve dans les escaliers et les monte. Il s’y dirige aussi et la rejoint.
Arrivé au deuxième étage, elle tourne dans la partie droite du couloir. Simon s’arrête un instant, en haut des marches, et tourne la tête vers la partie gauche du couloir. Dans cette partie se trouve qu’une seule pièce, il s’agit de l’ancienne chambre de Mumu où dans l’encadrement de la porte se trouve une autre bâche noire, la même qu’en bas. Des éclaboussures de sang sur l’encadrement de la porte et le sol sont visible.
Au fond de la chambre, se trouve une petite fenêtre ronde. Une faible lueur traversant les verres de cette fenêtre vient éclairer un objet posé sur le sol. Trop loin cependant, il ne peut affirmer la nature de cet objet, s’il s’agit d’une boite tout à fait normale ou de quelque chose de plus spéciale. Curieusement, il ne se souvient pas d’avoir vu d’objet comme cela récemment…
Il reprend le contact avec la réalité, tournant à droite. Mumu le regarde, elle l’attend devant une porte. Il se presse pour la rejoindre alors qu’elle ouvre la porte de l’ancienne chambre parentale. Au milieu de la pièce se trouve une hache, dont la peinture rouge s’écaille, avec une règle jaune à côté. Simon prend l’arme reconnaissant, malgré tout, le type de cette dernière : une hache d’abordage.
Il existe un marché d’arme de toute âge dans cette ville, l’on y retrouve plutôt des armes anciennes ce qui pourrait expliquer sa présence ici. Cette hache est principalement utilisée sur les bateaux, malgré une taille pouvant aller de soixante à quatre-vingt-dix centimètres, elle est assez aiguisée pour couper une corde aussi épaisse qu’un bras, sa pointe peut aisément percer une coque de bateau en bois. Ce n’est pas un jouet, loin de là. La lame de cette hache semble à vue d’œil pas aiguisée, mais n’enlevant pas son caractère dangereux pour autant, mais la pointe à l’arrière semble intacte.
La peinture a été rajouté, il est sûr de lui. La raison lui échappe cependant.
Il sait que la mère de Mumu, une survivante de ce massacre, l’avait entre ses mains pour se défendre. Cette arme ne semble pas avoir servi, il n’y a aucune trace de sang et de casse dans la chambre.
Ce qui le surprend c’est de retrouver cette arme ici, pourquoi l’aurait-elle laissé en plein milieu de la chambre ? Et puis, pourquoi les policiers ne l’ont pas emporté avec eux ? C’est censé être une pièce à conviction ! Après tout, il est compliqué de savoir pourquoi en ces temps la police semble se dégrader.
C’est étrange…
« Maintenant que nous avons la hache, on va faire quoi ? demande Mumu
-Sortir et s’éloigner au plus vite ! Après on verra. »
Ils sortent de la pièce puis rejoignent les escaliers, dans un silence de mort. Ils ne s’échangent aucun regard, aucun mot. Ils descendent quelques marches avant de se statufier en voyant un intru en plein milieu du hall d’entrée. Pendant les quelques petites secondes où l’inconnu ne les avait pas remarqués car il à toute son attention sur les bâches, Simon tient fermement la hache, prêt à s’en servir si besoin.
Il n’a pas fallu longtemps à l’étranger avant de les regarder, un sourire sur son visage, alors que l’adrénaline des deux jeunes grimpent à une vitesse fulgurante. Il ne semble pas être effrayé ou impressionné par la hache.
Qui peut-il bien être ? Un policier revenu ? Un délinquant ? Portant une longue veste brune, il ressemble beaucoup à un détective, peut être en est-il un ? Finalement, ce retour ne semble pas être une bonne idée…