Ils ont atterri doucement, les serpents ainsi que Kévin et Jimmy sont à leurs côtés.
Madeleine se relève tout de suite et remercie les serpents, Simon et Molty sous l'effet du choc se sont évanouis. Ils sont doucement secoués, mais pour l'instant la reprise de leurs esprits est un peu compliquée.
Le corps de Molty tremble alors que ce dernier ouvre doucement les yeux se rend compte qu'il est toujours en vie
"Par tous les ..."
Kévin l'aide a se lever en faisant bien attention, tandis que Madeleine lui rend sa canne avec un grand sourire. Il la remercie.
C'est au tour de Simon de se réveiller, en sursaut par rapport à son camarade. Lui aussi se rend compte qu'il a l'air de s'être sorti indemne. Mais pour en être sûr, il palpe le sol. Sentant qu'il touche bel et bien une matière, qu'il ressent la fraîcheur du sol, il se relève en etant rassuré. Mais c'est là qu'une autre question lui vient: Quand on meurt, notre esprit garde le sens du toucher? Si oui, est-ce la même sensation que nous ressentons de notre vivant?
Il regarde Mamie Madeleine, puis Molty, les serpents, Kévin et enfin Jimmy. Tous le fixent.
«Pourquoi vous me regardez comme ça?
-Tu as une tête à hurler de rire, répond Jimmy, c'est pour ça que ... "
Kévin lui tire les oreilles, l'empêchant de terminer sa phrase, en le remettant en place tandis que Simon se lève et roule des yeux. Il se sent un peu ... étrange.
« Comment on a atterri sans se faire mal ? demande l’adolescent à un œil.
-Grâce à nous, répond le serpent bavard en regardant sa sœur avant de les regarder à nouveau, mais trêve de bavardage. Comment ça s’est passé dans votre étage ?
-Nous devions fuir une créature, répond Molty, mais nous avons fini par atterrir devant un énorme fossé. Mais la créature nous ayant retrouvé, Mamie Madeleine nous a fait sauter de force dans le trou. »
La Mamie fantastique rigole quand il précise qu’elle les a fait sauter de force. C’est vrai mais la dame ne peut s’empêcher de trouver ça amusant. Après tout ils sont encore vivants et c’est grâce à se forçage.
Le serpent regarde vers le haut
« Normalement cet endroit est censé être un labyrinthe avec dans chaque étage un défi différent à traverser pour pouvoir sortir. Si en haut vous aviez eu une créature, dans cet étage il devrait y avoir autre chose…
-Quelque chose de plus effrayant ? demande Jimmy
-Il peut tout y avoir. »
Le reptile se tourne vers sa moitié et ensemble ils regardent vers une direction
« Mais il faut espérer que chez les autres la situation est meilleure… »
La pièce est sombre, elle est allongée sur une table, solidement attachée. Elle bouge légèrement la tête ouvrant légèrement la bouche. Elle baille, peut-être ?
Voulant bouger ses bras et ses jambes, elle remarque que ses chevilles ainsi que sa taille et ses poignées sont immobilisés.
Elle tourne la tête voyant les menottes recouvrir ses poignées, elle tente de se libérer en se débattant mais en vain.
La prisonnière se concentre donc pour pouvoir passer à travers ce qui la retiens prisonnière mais une voix l’interrompt dans le processus
« Je ne ferais pas ça si j’étais toi. »
Elle regarde difficilement devant elle, là où la voix semblait provenir, puis aperçoit une silhouette s’approcher d’elle.
« Qui es-tu ? demande-t-elle d’une voix autoritaire. Et que veux-tu de moi ?! »
La silhouette continue de s’approcher d’elle, arquant un malicieux sourire.
« Je ne suis que le médecin en chef du clan des Spectre, répond-t-il imitant un air innocent, cela me surprend que tu ne me connaisses pas, Siflora. »
L’esprit réfléchit un instant puis le souvenir de ce fameux personnage lui revient.
« Docteur Popiolot, chuchote Siflora avant d’hausser la voix, si je vous connais ! J’ai lu beaucoup de vos articles.
-Ai-je donc l’honneur d’être en présence d’une fan ?
-En quelque sorte. J’apprécie énormément vos arguments, vos théories, mais la mise en page reste à revoir. »
Le médecin semble réfléchir, lui qui était si content d’entendre des compliments la critique sur sa mise en page est un petit peu mal passé.
« Pour moi la mise en page n’est pas importante…
-Pour vous certes, mais une belle mise en page avec des choses fausses sera mieux appréciée et pour les personnes non spécialisées cela paraîtra juste contrairement à une mise en page médiocre mais pourtant avec de bonnes informations. Les personnes aiment quand c’est beau et la mise en page est la première chose qu’ils remarquent.
-Il est vrai… Mais pourtant vous lisez bien mes articles, non ?
-Oui car je me demande bien à chaque fois ce que vous allez dire. Je dois quand même avouer que j’ai vraiment hésité lorsque je suis tombé sur votre premier article, mais en voyant le mot ‘’volonté’’ je me suis bien demandé pourquoi il y’avait ce mot. »
Il soupire lourdement
« Quelle discussion forte intéressante. Je regrette presque de devoir vous disséquer, ou en tout cas vous étudier.
-Pardon ?! »
Il pose sa main sur la table où se trouve attaché Siflora. Il frotte la surface de la paume de sa main, la dirigeant près de son visage. Il caresse délicatement sa joue, tandis qu’il rapproche son visage du sien.
L’esprit reste impassible, ce ne sont pas ces petits gestes qui vont lui faire peur maintenant.
« Vous êtes une divinité, chuchote-t-il, nous savons que vous existez, mais dans le fond nous ne connaissons que peu de chose sur vous, tandis que vous, vous connaissez tant de choses sur nous tous, anges, démons ou spectrales. »
Il marque une pause et tout en enlevant doucement la capuche du visage de Siflora tout en le scrutant. La gardienne des rêves a les paupières fermées et grogne alors que le docteur Popiolot l’étudie du regard.
« Remettez-moi ma capuche de suite !
-Vous êtes mal placé pour me donner des ordres ! »
Il rapproche son visage de son oreille et lui susurre tout doucement
« Il est temps de dévoiler vos secrets. »
Silfora se débat comme elle le peut, sans grand étonnement les menottes ne cèdent pas. Le médecin recule vivement et commence à sourire, puis à rire.
« Vous ne pouvez pas vous échapper ! Laissez-vous faire et tout se passera bien
-Ne rêvez pas trop !
-Quel jolie jeu de mots pour la gardienne des rêves ! »
Silfora tente une nouvelle fois de s’enfuir en traversant les menottes, sous le sourire du docteur Popiolot. C’est alors qu’une décharge électrique se déverse sur elle. Elle lâche un cri du fait que le courant la traverse, elle ressent de la douleur mais qui s’amenuise rapidement.
À son tour à présent, elle libère une puissante charge électrique contre les liens. Mais le coup qu’elle donne lui est renvoyé avec une intensité plus élevée. Difficilement, elle assimile l’électricité qui lui est envoyé ne pouvant retenir le mal que cela lui procure.
Contrairement à la première décharge Siflora se retrouve épuisée. Elle n’a aucune marque apparente mais n’a plus de force pour continuer à lutter.
« Résistante à l’électricité basique et faible à un certain type d’électricité, observe le médecin, mais cela ne me surprend pas. Après tout vous êtes affilié à l’électricité, la neige ou la glace, la lumière et le psychique.
-Si vous connaissez mes affiliations, murmure la prisonnière, qu’est-ce que vous voulez savoir ? »
Popiolot fait les cents pas autour de la table en lui répondant.
« Vos origines, si votre constitution est la même que la mienne par exemple. Comment vous faites pour voir avec les paupières fermées ? Et en parlant de cela, la magnifique couleur que pourrait avoir vos yeux… »
Elle tourne la tête vers lui de manière abasourdie. Il vient de dire quoi juste avant ? Siflora croit mal entendre.
Il s’amuse de sa réaction puis continue.
« Et puis comment se forme votre lien avec les rêves, et pouvoir aussi en apprendre davantage sur votre monde…
-En me disséquant ?
-Peut être. »
Il se tourne et se dirige vers un tiroir, sortant plusieurs outils.
« Si vous ne décidez de coopérer, je devrais utiliser la manière forte. Je ne veux pas les utiliser contre vous, après tout vous lisiez ce que j’écrivais… Mais les ordres sont les ordres. »
Il arrive et pose les outils sur une table adjacente. Alors que le docteur s’occupe de ses outils, Siflora ouvre légèrement l’un de ses yeux observant ce qu’il a posé sur la table. Une fois après avoir identifié les outils, dont un particulièrement, elle referme son œil juste avant que le docteur ne la remarque puis s’exclame.
« Mais c’est un extracteur d’énergie ! Il est interdit d’en posséder un et bien sûr de l’utiliser !
-Exactement, mais rappelez-vous que nous sommes un clan isolé… Pas comme celui des Lumières et des Ténèbres, nous avons nos propres règles. »
Il pose l’extracteur d’énergie sur la taille de Siflora et commence à le régler.
« Vous ne savez pas ce que vous faites, essaie de résonner l’esprit, s’il vous plait ne commettez pas d’erreur que vous pourriez regretter
-Vous connaissez le prix que veut cette machine en cas d’erreur. Mais ne vous inquiétez pas, je sais bien m’en utiliser. »
Elle soupire, et place la tête en sorte qu’on pourrait croire qu’elle regarde le médecin régler la machine.
Siflora est sensible au moindre des mouvements, qui fait bouger la machine de telle manière, au moindre bruit de chaque expiration et inspiration qu’il fait. Parfois elle entrouvre l’un de ses yeux pour l’observer en faisant bien attention à ce qu’il ne voit pas cet œil ouvert.
« Vous êtes fatigué, constate Siflora, vous vous forcez à vous concentrer. »
Il la regarde, alors qu’elle referme son œil, soupçonnant quelque chose. Il a bien vu que ses paupières vacillent, se doutant qu’il a loupé quelque chose qui l’intéresse. Le docteur reste sur ses gardes en lui parlant.
« Où voulez-vous en venir ?
-Vous avez mal fixé la machine. »
Le docteur regarde la machine puis se rend compte que cela est vrai. Il sort un juron en enlevant l’extracteur d’énergie le jetant violemment sur la table. La prisonnière le suit de la tête, ses paupières toujours fermées.
« Vous êtes…
-Ecoutez, coupe-t-il sèchement, votre petit manège ne marchera pas avec moi. Je ne suis pas quelqu’un qui se laisse facilement manipuler ! »
Il étouffe un bâillement en un grognement. Elle n’a pas tort sur un point, il est fatigué. Travailler quasiment non-stop est usant sur un long terme. Pourtant la prisonnière que lui a offerte Madène devrait le tenir réveiller un bon moment. Enfin c’est ce qu’il pensait, il essaie toujours de s’en convaincre. Mais la fatigue touche même les être comme lui.
« Vous devriez quand même faire une pause.
-Vous essayez de gagner du temps n’est-ce pas ? Dommage mais je ne cède pas aussi facilement…
-Il serait juste dommage que…
-Ecoutez moi bien ! J’ai passé des années à m’occuper de personne se laissant dépérir, se laissant souffrir de faim, pour laisser de la nourriture à des gosses qui se retrouvent dans un état végétatif, à cause de cette situation et d’imbéciles qui ont cru bon d’emprisonner notre Maitre ! Notre monde mourrait petit à petit jusqu’à s’éteindre complétement un an suivant son emprisonnement. J’ai su tenir bon car je suis le seul médecin avec toutes les compétences requises de ce monde ! Et que je me devais surveiller l’état de tout le monde. À aucun moment vous vous êtes dit qu’il serait dangereux de couper tout lien de notre Maitre avec notre monde. Pourtant Asthan et Rizine devraient le savoir, ils sont là depuis toujours ! »
Siflora ne sait pas quoi dire. Leur monde a subi ce que les mondes de ses sœurs sont en train actuellement de faire les frais. Un anéantissement temporaire, mais fatal. Mais sans l’évasion de Qwantro cela aurait plutôt un anéantissement permanent. Cela explique des choses.
Elle ne trouve pas les mots pour exprimer ce qu’elle souhaite, et le médecin remarque bien qu’elle a du mal.
« Ne faites pas celle qui ne le savait pas. J’avais de l’estime pour vous mais il est tombé au plus bas. »
Il est vrai qu’elle non plus n’a pas cherché à comprendre si cela aurait une répercussion sur leur monde. Elle n’aurait jamais cru qu’une telle chose pouvait être possible, mais n’est-elle pas l’être du savoir ? Si mais elle n’a pas la réponse à toutes les questions, malgré des millions d’années d’existence. Avoir toutes les connaissances du monde n’est pas une simple affaire. Tous savoir gâcherait le mystère qu’est la vie.
Elle est surtout celle qui a insufflé la soif de connaissance à tous les êtres vivants en voulant rechercher sa propre identité.
L’être du savoir se sent d’une part trahit par son père et Rizine. N’ont-ils vraiment rien fait ?
« Honnêtement je ne pensais vraiment pas qu’une telle chose pouvait arriver, intervient-elle après un long silence, il est vrai pour quelqu’un comme moi cela parait impossible. Les êtres parfaits n’existent pas, il y’a des questions auxquelles je n’ai pas de réponse comme vous aussi. Il est vrai que j’aurai dû me questionner sur une possible répercussion, moi-même j’aurai voulu que mes ennemis se questionnent si j’étais dans votre clan. »
Le médecin se contente de la regarder, d’un air pensif. Il fronce les arcades sourcilières, pas très convaincu par les paroles de l’esprit.
« Docteur, nous voulions venir ici pour vous aider
-Ou nous détruire ? Coupe le médecin. Ou plutôt sauver votre amie l’humaine !
-Oui certes nous sommes aussi venus pour l’humaine, mais nous ne voulons réellement pas vous détruire. Nous voulons vous aider à vous libérer… »
Elle est coupée par le médecin qui lui met un bout de tissus blanc dans la bouche. Siflora se retrouve dans l’incapacité de parler. Le docteur Popiolot soupire
« Comme dit j’aurai préféré que vous coopérez. »
Siflora fronce les sourcils alors que le médecin prend un autre instrument qui était sur la table dans un silence pensant. Il regarde attentivement l’esprit et semble intrigué. Se rapprochant doucement de la table, sans faire aucun bruit, il passe l’instrument au-dessus d’elle et remarque que la tête ne suit pas le mouvement de sa main. La tête de la prisonnière est toujours orientée vers le haut. Il tapote à côté et le constat est sans appel : la tête de Siflora se tourne vers la source de bruit.
Il soupire puis aperçoit la tête de Siflora se tourner vivement vers lui alors que des mots qu’elle essaie d’exprimer se retrouvent étouffés.
« Vous êtes aveugle ? Emet le médecin comme hypothèse. En tout cas si vous avez les yeux fermés même sous votre capuche soit vos sens sont plus affinés, que vous avez comme un système d’ultrasons qui vous guide, soit c’est autre chose… »
Il réfléchit d’avantage alors que Siflora se débat et essaie toujours d’articuler des mots. Le regard du médecin se pose sur la capuche de Siflora. Il observe attentivement la capuche et notamment les deux ovales de couleurs jaunes.
« A moins que la capuche soit vos yeux, murmure le médecin en la fixant, mais tout d’abord… »
Il rapproche son instrument du visage de Siflora, tentant de le poser sur l’un de ces yeux.
« J’ai bien envie de savoir de quel couleur sont vos yeux. Serait-il jaune comme les deux formes de votre capuche ? »
Mais l’esprit féminin bouge beaucoup trop pour qu’il puisse poser correctement l’instrument sur ses yeux. Il attrape sa mâchoire pour l’immobiliser, puis la relâche immédiatement alors que cette dernière se fait une nouvelle fois électrocuté
« Ne vous ai-je donc pas dit que cela ne sert à rien de vouloir s’échapper ? Ou d’utiliser vos pouvoirs ?! »
Siflora tourne la tête vers lui, le visage déterminé. Elle continue de vouloir utiliser ses pouvoirs pour se libérer, et à encaisser des décharges électriques. Le médecin est abasourdi par tant de volonté à vouloir se délivrer de ces liens. Ces cris sont toujours autant étouffés par le torchon, mais on sent bien qu’elle peut ressentir de la douleur à force. Toutes les charges électriques qu’ils se sont échangés finit par dérégler les menottes qui se retrouvent en surchauffe. Il a fallu encore de longues secondes avant que les menottes se désactivent pour de bon.
Ayant accumulé une trop grande énergie instable, elle fait d’immense geste pour dissiper dans l’espace se surplus d’énergie. Le docteur Popiolot se retrouve projeter contre le mur et tombe lourdement sur le sol. Il tente de se relever, mais se retrouve affaibli par cette vague d’énergie.
Se reprenant vite en main, elle traverse les menottes et enlève ce qui lui bloque la mâchoire avant de remettre sa capuche. Des mèches de cheveux tombent devant son visage, elle remet les rebelles brun et violet à leur place. S’avançant vers le médecin, divaguant de gauche à droite sans tomber, l’esprit fait face à un médecin tétanisé.
Elle tend son bras vers lui, le pointant avec deux doigts.
« Je n’ai pas dit mon dernier mot… »