Siflora parcourt le ciel en direction du Royaume des Anges, mais sur le chemin elle retrouve Xanto et Luphiot arrêtés sur un nuage assez dense à l’apparence animale. Elle les rejoint pour voir s’ils ont besoin d’aide.
« Toi aussi tu as ce bourdonnement dans les oreilles ? demande Xanto, parce que je me sens bien seul...
-Oui, mais c’est à cause de la cloche de la prison ! Ce qui ne veut dire qu’une chose.
-Il a réussi à s’enfuir, murmure Luphiot, ce n’est pas vrai. »
Dans un élan de colère Xanto soulève Luphiot par le col. L’ange panique gigotant dans tous les sens pour qu’il le lâche. Il agrippe les poignets de l’esprit, ses mains commencent à trembler. Xanto les sent mais s’en fiche de cela, il est toujours en colère contre Luphiot.
« Tu les a aidés, tu mérites la pire sentence qui existe !
-Pitié ! ils m’avaient retrouvé. Ils m’ont forcé à les aider sinon…
-Tu as trahi ton propre clan ! Tu devrais avoir honte !
-Calme toi Xanto, intervient Siflora, je doute qu’il a fait tout ça avec plaisir. N’as-tu pas remarqué son comportement avant que Speecosing et ses compagnons nous sautent dessus ? On voyait que ça n’allait pas… »
Xanto lâche Luphiot, laissant tomber le scientifique par terre puis croise les bras. Heureusement il atterrit d’abord sur son fessier. Siflora aide avant tout l’être aux plumes blanches se relever, puis se tourne vers son équipier comme si elle le regarde droit dans les yeux.
« Du regret, continue Siflora, de la panique. Ses yeux l’avaient trahi, mais qui aurait pu imaginer que c’était à cause de ça ? »
Elle se tourne vers Luphiot pour lui parler à lui.
« Comment ont-ils pu te retrouver ? »
-On m’avait assuré que j’étais à présent en sécurité ! On ne m’a jamais préparé à ça ! Je… J’ai pour habitude d’aller au café de Frieprich, près du Royaume des Anges, tous les matins avant d’aller à mon laboratoire. Enfin on m’a attribué un autre laboratoire dans le Royaume des Anges. Et depuis peu je discutais avec une démone que j’ai rencontré dans ce même café, mais…
-Une démone, s’interroge Xanto semblant prendre à cœur ce mot, comment s’appelle-t-elle ?
-Anasthasia. Mais elle fait partie du clan des Spectres ! Et ça je ne le savais pas ! On ne le croirait même pas ! Et puis un jour, des soldats m’ont attendu à la sortie, cachés. J’ai voulu reculer mais elle était derrière moi ! Et… enfin… Voilà. »
Siflora essaie de rassurer Luphiot, ça été dur pour lui d’y revenir. Une promesse lui a été faite, elle n’a pas été tenue. Comment faire confiance aux personnes qui lui ont fait cette promesse à présent ? Comment faire confiance au Maitre ? Mais est-ce que les autres anges vont toujours lui faire confiance ? Il se demande même s’ils ont remarqué leur absence.
Xanto est inquiet et cela se remarque facilement. Il connait cette démone dont Luphiot faisait référence, pas personnellement mais il en déjà entendu parler. Mais pourquoi a-t-elle rejoins le clan des Spectre surtout en sachant le métier qu’exerce son père ? Cela semble inconcevable !
« Ça va Xanto ? demande Siflora en remarquant son état, tu parais ailleurs.
-Cette démone, Anasthasia. Elle est portée disparue depuis trois ans environ, quelques jours après que le nouveau Maitre des Spectres a fait son apparition. Etrange… Luphiot, tu es sûr de ne pas te tromper ?
-Sûr très sûr !
-Une traitresse alors, si je la trouve je vais lui donner une bonne leçon !
-Il y’a certainement une raison à cela, essaie de calmer Siflora, mais là nous devons aller au Royaume des Anges. Et de toute urgence.
-Il y’a toujours une raison avec toi ! Mais c’est vrai que nous devons y aller ! »
Xanto attrape le poignet de Luphiot et s’envole avec lui en compagnie de Siflora. Elle s’amuse en les regardant et les compare avec un père en colère contre son fils, ce qui rend Luphiot particulièrement gêné mais Xanto reste impassible.
Une puissante lumière finit par les éblouir leur indiquant qu’ils sont arrivés au Royaume des Anges. Traversant la ville par les airs, les civils angéliques regardent avec curiosités les esprits voler dans leur ciel alors que l’un d’entre eux et avec eux. Il n’est pas commun de les voir se promener dans leur ce ciel. Surtout qu’en sachant que des soldats seraient revenus avec le reste du quintuple, les civils se doutent que quelque chose d’important se passe. Oui, les rumeurs se propagent très vite.
Luphiot se sent particulièrement mal. S’ils savaient pourquoi il est obligé de les suivre, tout le monde le renierait selon lui. Il soupire en fermant les yeux se laissant diriger par Xanto qui le tient fermement. Sa dernière heure de liberté lui semble si proche. Il est prêt à assumer toutes les sanctions possibles.
Ils se dirigent vers la tour la plus haute du royaume, là où leur père habite.
Mais à l’entrée on leur refuse l’accès.
« Pourquoi donc ? Demande Siflora
-Il a demandé que personne ne rentre, répond un garde, les ordres sont les ordres.
-Sauf que nous, insiste Xanto, nous ne sommes pas ‘’personne’’ »
Il lâche Luphiot le temps d’écarter le garde de la porte, qui résiste assez bien. L’ange scientifique tente bien de le raisonner mais rien n’y fait, il ne l’écoute pas. Siflora essaie de s’interposer entre les deux pour éviter qu’ils ne partent en combat. Cependant le premier coup part et c’est Siflora qui se le prend, et qui tombe en arrière sous l’effet de surprise. L’auteur du coup, le garde, remarque très bien qu’il a fait une grosse bêtise. Il joint ses mains devant sa bouche et répète en boucle « C’est pas vrai ». Xanto se penche vers elle, rapprochant son visage du sien, enfin de ce qu’il peut voir car la capuche cache toujours les yeux et les alentours.
Un deuxième coup part, et cette fois-ci c’est un coup de poing de Siflora sur Xanto qui se le prend en pleine figure
« Eloigne toi. »
Xanto recule vivement en se tenant le visage, lâchant un petit rire
« Bien joué, mais ne t’inquiète pas c’était pour savoir si tu étais consciente. »
Elle se relève, soupirant lourdement. Luphiot l’aide à se relever alors que le garde est tétanisé du coup qu’il a fait. Elle remercie l’ange de l’aide et vient tapoter l’épaule du garde
« Calme toi, je ne vais pas te martyriser parce que tu m’as frappé. Je ne m’appelle pas Xanto et tu ne l’as pas fait exprès après tout. »
Xanto la regarde surprise. Ah, elle veut jouer au plus malin ? C’est décidé, il ne va pas se laisser faire aussi facilement. Il compte bien lui renvoyer la balle.
Le garde est encore sous le choc de ce qu’il a fait qu’il ne parvient pas à articuler quoique ce soit. C’est limite s’il ne va pas faire un malaise. Tout le chahut général finit par attirer le Maitre des Anges. Ce dernier regarde la situation actuelle, se demandant bien ce qui a pu se passer ici.
« J’ai voulu passer, explique Xanto, pour vous ramener un traitre, mais monsieur le garde n’a pas voulu parce que voilà. J’ai voulu le bastonner mais Siflora est intervenue et s’est pris un coup du garde. Et après je me suis pris un coup de poing de sa part parce que j’ai voulu savoir si elle était consciente ou pas. »
Le Maitre des Anges les regarde d’un air sévère, mettant mal à l’aise le garde et le scientifique. Puis il rit doucement, son visage s’adoucit. Cela détend l’atmosphère et fait un certain bien au Maitre dans cette situation sérieuse où il était, il y’a quelques minutes à peine.
« Je vois, dit le Maitre avec un sourire avant de le perdre en posant son regard sur le scientifique. Luphiot un traitre ?
-Il travaillait avec le clan des Spectres, explique Xanto, ils ont essayé de nous coincer sur le toit de Mamie Madeleine ! Et en plus il y’avait les humains et Fumigène… »
En entendant ces paroles il reprend un air sérieux et regarde l’ange concerné attendant qu’il s’explique sur son cas. Normalement il était sous une surveillance accrue, il n’a même pas été mis au courant de son enlèvement. Il y’a un sérieux problème quelque part et il compte bien aussi régler ce cas.
« Ils m’avaient retrouvé ! Vous m’aviez promis que plus rien ne pouvait m’arriver ! »
Il médite sur les paroles de l’ange scientifique, il hoche la tête confirmant qu’il a bien dit cela.
Siflora et Xanto se regardent puis reculent de quelques pas. Ils préfèrent se tenir à l’écart car ils ne font pas partis de la discussion.
Asthan sait qu’avec cet enlèvement il a échoué en tant que Maitre des Anges. Comment peut-il être leur Maitre s’il ne sait pas prendre soin d’eux.
On dirait que même les anciens ne sont pas infaillibles.
« Tu as travaillé sur quoi quand tu étais avec eux ?
-L’emplacement des topazes, la position de la prison de Fumigène et je devais garder un œil sur les prisonnières. »
Xanto le fusille du regard, tandis que Siflora se sent mal à l’aise. Le Maitre ne peut retenir un grognement. L’ange attend des paroles de leur part, n’importes lesquelle ! Son cœur se resserre, sa respiration s’accélère et il tremblote. Ce grognement ne le rassure pas du tout. Mais il se l’était dit, il serait prêt à accepter n’importe quelle punition même celle d’être emprisonné dans la prison de Fumigène. Ou même pire…
Le garde pose sa main sur son épaule, non pas pour le réconforter, en serrant légèrement sa prise pour éviter qu’il s’enfuie.
Le Maitre se calme et regarde Luphiot.
« Tu as un talent inouï, je ne peux pas le nier et il pourrait nous être utile. Les Spectrales n’ont jamais eu de vraies relations avec les Anges et les Démons, restant toujours en retrait et limitant leurs interactions. Un clan fermé. L’emplacement de leur monde est flou, et pas précis… »
Luphiot voit ce que veut dire son supérieur, il chuchote en bégayant.
« Vous voulez que je localise le monde des Spectres ?
-C’est exact. Cela n’effacera pas les conséquences de ton travail de leur côté, mais au moins ton talent servira pour la bonne cause. Tu travailleras dans la tour, où tu seras en sécurité. Nous ne pouvons plus prendre le risque que tu quittes le royaume. Phléïo, emmène le dans une salle où il pourra travailler. »
Le garde emmène Luphiot dans les profondeurs de la tour laissant le père et ses enfants seuls. Siflora commence une nouvelle discussion
« Père, nous avons tous les deux entendu des bourdonnements, des échos de cloche. C’était la cloche de la prison de Fumigène, il n’y a qu’elle qui peut nous faire tant d’effets indésirable ! Il a donc réussi à s’échapper. Et nos sœurs ? Vous avez des nouvelles ? Comment vont-elles ? »
Il craignait cette discussion, mais il ne peut leur cacher la vérité. Ce serait leur mentir et il ne peut pas se le permettre. Asthan réfléchit aux mots qu’il va employer, il les observe avec un doux regard avant de fermer ses yeux.
« Je ne peux pas vous cacher que ça ne va pas du tout. Vos sœurs sont souffrantes tout comme leur monde respectif. Elles sont encore inconscientes mais les médecins prennent soin d’elles. »
Siflora baisse la tête en regardant ailleurs, la mâchoire tremblante.
Xanto souffle énervé, cette nouvelle lui a aussi fait un sacré coup. Il se promet que dès qu’il serra en face du Maitre des Spectres il se chargera de venger ses sœurs.
Et dire que lui et Siflora aurait très bien pu se retrouver dans le même état, cela leur fait un peu peur.
Asthan ne peux s’empêcher de s’approcher d’eux et de les étreindre. Le père serre ses enfants comme s’il avait peur de les perdre à leur tour, tandis que Siflora et Xanto serrent leur père comme s’ils avaient peur de ne plus pouvoir le faire.
« Fumigène ne le montre peut-être pas, murmure le Maitre, mais il compte sur votre présence pour les aider. La situation est compliquée, votre aide est précieuse. Dès que nous avons la localisation de leur monde, on vous préviendra et nous les arrêterons ensemble. »
Le père les lâche doucement et leur sourit tendrement. Ils sourient à leur tour et partent pour le monde des mortels, plus précisément chez Madeleine. Le cœur assez lourd, ils traversent la frontière du Royaume des Anges redescendant sur la terre.
La maison de Madeleine est visible depuis le ciel qu’ils traversent. Ils se regardent, se donnant du courage en se dirigeant vers la destination finale, fendant le vent qui souffle à contre-sens et les nuages qui sont sur leur passage. Siflora laisse échapper quelques charges électriques et prévient.
« Un orage ne va pas tarder à éclater, il sera assez conséquent. »
Xanto hoche la tête, puis ils arrivent devant la maison de mamie Madeleine. Siflora pose sa main sur la poignée de la porte, remarquant qu’elle n’est pas fermée à clé car elle parvient à l’ouvrir. Refermant la porte derrière eux, ils se dirigent vers le salon le pas léger et décidé maintenant prêts à cette rencontre…