Les choses sérieuses commencent. Le serpent recapitule très brièvement ce qui a été dit avant qu’il ne se fasse couper par un étrange bruit dans le cimetière. Il revient au moment où ils allaient se présenter. Il regarde sa sœur reptile, puis le petit groupe d’humain.

« Nous nous appelons Fumigène. Enfin quand nous ne formons qu’un. Je ne vais pas revenir sur mon travail, notre travail. Je souhaite que Hearesed prenne la parole au sujet de l’hôte, et sur lui-même, tu le connais mieux que nous tous après tout. »

Ce dernier hoche la tête, sans peur cette fois. Il se racle la gorge en prenant un bout de son bandage, qui cache sa bouche et son cou

« Je ne vais pas passer par quatre chemins. J’ai travaillé pour lui, je ne suis pas humain malgré mon apparence, j’ai fui ici car j’ai tenté de faire un coup d’état, j’ai été recherché par les soldats qu’il a envoyé et j’ai sauvé Kevin. Il n’a pas sa mémoire effacée car j’ai comme qui dirait fait fuir l’équipe d’effaçage. Fin de l’histoire. »

Mumu, Molty, Simon et Jimmy ont les yeux braqués sur Hearesed, totalement bouche bée par son parcours. Tandis que Kévin sachant déjà la vérité, observe la réaction des jeunes avec un certain amusement.

Hearesed soupire profondément et tire le bout de son bandage qu’il tient. Les bandes se desserrent, révélant la bouche et le cou qui étaient timidement cachés. Jimmy lâche un petit cri à cette vision, Mumu surprise, parait mal à l’aise. Molty semble avoir mal pour lui. Tandis que Simon fronce les sourcils.

La zone a un mélange de plusieurs couleurs : rouge, rose, et un peu violette. Les dents, à moitié découvertes, ressemblent toutes à des canines, longues à l’apparence tranchantes. Cette vue leur fait froid dans le dos. Ils ne s’attendaient pas à ça, mais vraiment. C’est horrible !

« Une marque indélébile de ma promesse de loyaux services envers lui. Ces moments passés, bons ou mauvais, me hanteront à travers cette peau brulée. »

Il remet en place son bandage, soulageant certains. Cette vue va en hanter certains, c’est sûr.

Pendant ce laps de temps, personne ne parle. Aucun ne fait de remarque à propos de cela, ils ne préfèrent rien dire pour éviter de le blesser voire même l’énerver.

« Ce type est très puissant. Seuls face à lui, vous n’aurez clairement aucune chance. J’ai failli y passer quand j’ai foiré mon coup d’état ! Ses yeux rouges m’ont transpercé de colère. Après tout j’étais le chef des armées et une personne assez proche de lui. Je l’ai trahi. C’est normal qu’il veuille que je disparaisse complètement. C’est la première fois que j’avais peur, où j’ai cru voir ma vie défiler devant mes yeux. C’est pour cela que l’on doit demander de l’aide à d’autres personnes.

-Mais à qui on peut demander de l’aide ? Demande Jimmy avec une voix un peu absente. On est tous des faiblards dans cette ville, à part toi.

-Je n’ai jamais dit de trouver de l’aide que dans cette ville. Il faut… »

Il est coupé par un bruit suspect qui fait écho. La terre commence à trembler légèrement, des grognements et cris à glacer le sang s’élèvent dans le couloir arrivant à leur position. Certaines paroles sont hurlées mais les autres cris empêchent de comprendre exactement ce qui est dit. D’ailleurs, ils semblent se rapprocher. Impossible de le savoir exactement, ça pourrait crier juste de plus en plus fort, non ?

Hearesed peste, il a reconnu certaines des voix. Il sait qu’on les a repérés, la suite ne peut leur être que dramatique.

Les serpents grognent, ressentant une mauvaise aura, ils la reconnaissent aisément.

Mumu serre Simon par peur, il la serre en retour et caresse ses cheveux pour la rassurer en lui murmurant des mots doux. Les deux serpents rampent à leurs pieds, prêts à intervenir. Kévin se place aussi à côté de Mumu et Simon pour pouvoir les protéger. Molty sort son poignard de sa canne. Jimmy commence à s’exciter et a donc visiblement hâte de se battre malgré son jeune âge.

Le tremblement s’intensifie, des petits morceaux du plafond se détachent. La lumière du lieu est toujours autant puissante. Le bruit causé par les entités étrangères se fait plus intenses, notamment des bruits de pas.

Un étrange vent, balayant des grains de sable de la dune, se lève. Le vent devient de plus en plus fort et entoure avec les grains le groupe.

Les intrus arrivent devant le jardin, leur regard intense se pose sur le tourbillon de sable.

Sans dire quoique ce soit ils courent vers eux. Mais une silhouette apparait et leur barre la route. Cette personne porte une cape de couleur jaune et brune. Elle se retourne, posant ses yeux bleu ciel sur le groupe. Puis avec un mouvement de bras et main le tourbillon de sable s’intensifie et brouille encore plus la vue de ceux emprisonnés dedans.

Une vive couleur violette apparait, transperçant le voile de sable. Un cri féminin suivit. Enfin des paroles semblants lointaines terminent la scène. Impossible de savoir ce qui a été précisément dit, le vent a brouillé les voix.

Kévin semblait avoir reconnu la cape de couleur jaune, ressemblant beaucoup à des illustrations qu’il avait vues. De plus le cri féminin ne lui fait plus aucun doute. Il veut intervenir mais le tourbillon devient trop intense l’empêchant de le traverser. Tandis que les bruits extérieurs au tourbillon s’amenuisent jusqu’à ce que le silence perdure.

Le tourbillon finit par s’éparpiller brutalement, dévoilant au groupe qu’ils ont atterrit sur le toit plat d’un immeuble.

Ils sont tous désorientés, perdus, tout s’est passé si rapidement. Il leur a fallu un certain temps pour savoir où ils ont atterri. Ils sont de retour au quartier central, le sanctuaire de ce quartier est nettement plus visible que les autres qui se perdent dans l’obscurité du ciel de la nuit.

Jimmy demande ce qui a bien pu se passer dans le jardin, pensant que personne n’allait les trouver en ce bas lieu.

« C’était Wupfla, murmure Kévin d’un air absent, elle nous a sauvé… »

Les deux serpents se regardent puis baissent leur tête en fermant leurs yeux. Le cri qu’ils ont tous entendu, ça ne pouvait pas être n’importe qui, et hurlé n’importe quand.

« Et ce cri, fait remarquer le jeune adulte, cette lumière violette que lui est-il arrivé ? »

Personne ne lui répond. Kévin baisse la tête et fait les cent pas, anxieux. Mumu vient vers lui et lui fait un câlin pour le réconforter. Le serpent bavard essaie de le rassurer en disant qu’elle ne peut pas mourir, mais cela ne semble pas faire l’effet escompté.

Wupfla est à la merci de l’ennemi ! Elle ne les connait pas pourtant elle les a protégés, possiblement poussée par l’une de ses anciennes obligations.

En revanche cela montre bien que malgré plusieurs milliers d’années elle n’a pas oublié cette ville, mais aussi surtout que les esprits sont bels et bien réels ! Bien que Fumigène et Hearesed témoignent d’une partie de l’histoire, aucune vraie preuve venait leur confirmer que les esprits légendaires existent pour de vrai ! Maintenant qu’ils ont vu Wupfla dans le jardin, plus rien ne peut remettre en doute absolument toute la légende de cette ville.

Deux personnes observent le groupe sur un autre toit. Ce sont les mêmes personnes qui ont observés Mumu et Simon au sanctuaire où ils ont passé la nuit. Ils restent immobiles, même le vent n’arrive pas à les faire bouger. Ils ont remarqué qu’ils ont été téléporter par Wupfla.

« Elle ne me répond plus, le contact est rompu.

- Ils l’ont battu d’un coup ?! Mais c’est impossible !

-Nous ne sommes pas invincible mais ils étaient trop nombreux d’après ce qu’elle a pu me dire. Ils ont pu combiner des attaques, ce qui accroit la puissance de base. Il faut y aller, on…

-On ne peut pas ! Il faut que nous continuions de les surveiller et de prévenir nos deux autres sœurs de se tenir prêtes !

-Xanto, je ne te l’ai pas dit mais…

-Qu’est ce qui se passe ? Tu me fais un peu peur Siflora. »

Siflora préfère regarder le groupe partir vers la porte du toit de l’immeuble. Elle attend de les voir sortir par la porte d’entrée. Xanto tente bien de lui faire cracher le morceau, mais elle fait tout pour l’ignorer au mieux.

Une fois que le groupe quitte l’immeuble par la porte d’entrée, elle utilise ses pouvoirs psychiques pour flotter dans les airs et les suivre de là-haut. Xanto fait de même pour suivre le groupe ainsi que la personne qui l’ignore depuis un petit temps.

Il essaie encore de lui faire cracher ce qu’elle n’ose pas lui dire depuis avant. Après quelques instants de silence…

« Séréphina et Ziaréna, avoue Siflora, nos deux autres sœurs ont aussi disparues… »